Crèche Garderêve : acte d’accusation contre la propriétaire et la puéricultrice

A l’issue de son enquête sur les violences faites à des enfants dans la crèche Garderêve (Jdeidé-Metn), la juge d’instruction près la Cour d’appel du Mont-Liban, Rania Yahfoufi, a publié mardi son acte d’accusation à l’encontre de Tony Mehanna (38 ans) et Jenny Khoury (44 ans), respectivement propriétaire et employée de l’établissement. Elle a accusé la première de tentative de meurtre et la seconde de complicité dans ce crime.

Les deux femmes avaient fait l’objet d’une arrestation provisoire ordonnée le 18 juillet par la juge Yahfoufi, suite à des poursuites engagées contre elles par la procureure générale près la cour d'appel du Mont-Liban, Ghada Aoun.

L’auxiliaire chargée de l’entretien de la crèche, Joumana Bou Saïd (57 ans), qui avait filmé les violences en question, et n’avait divulgué les vidéos qu’après avoir quitté la garderie sur fond de litige avec la propriétaire, soit trois mois après leur enregistrement, a pour sa part été relâchée. Elle était arrêtée depuis le 25 juillet.

Pour mémoire

Arrestation de l’employée qui a filmé les violences dans la crèche Garderêve

La juge d’instruction a basé son acte d’accusation notamment sur des images montrant comment Jenny Khoury enfonce des aliments par la force dans la bouche d’un nourrisson, ou oblige un autre enfant à avaler rapidement une bouchée, le frappant sur sa tête pour l’avoir vomie, et le poussant aussitôt vers sa chaise avec brutalité. Considérant que de tels actes représentent « un grand risque pour la vie des enfants, vu leur jeune âge et l’impossibilité pour eux de résister autrement que par la peur et les pleurs », la juge Yahfoufi s’est fondée sur l’article 547 du Code pénal qui punit de prison un homicide intentionnel.

Dans son exposé des faits, la juge a affirmé que l’employée « n’a pas pu nier ce qui lui est reproché, tout en attribuant ses actes au fait qu’elle souffre de troubles mentaux et qu’elle était en charge de 20 enfants ». Elle a refusé à cet égard la demande de désignation d’un médecin légiste pour examiner la santé mentale de Jenny Khoury.

Quant à la propriétaire de Garderêve, la juge d’instruction l’accuse d’« avoir recruté une personne (Jenny Khoury) non munie d’un diplôme de puéricultrice, d’avoir compté sur cette personne pour s’occuper seule de 20 enfants, et d’avoir négligé d’installer des caméras de surveillance ».