Rechercher
Rechercher

Nos Lecteurs ont la Parole

Homophobie et cacophonie

Récemment, le ministre de l’(in)culture a voulu interdire, au grand dam des adorateurs du septième art, la mise sur le marché du film Barbie, pour une cause absurde qui n’a fait qu’exciter tout le monde à aller le voir. Transgression des mœurs, remise en cause des valeurs familiales, invitation à la dénaturation sexuelle (ou quelque chose dans le style)…

Récemment, toujours, une femme évoquait, avec horreur, au milieu d’un cercle très conservateur, le fait que le professeur particulier de sa fille chérie adorée, à l’époque où elle était à l’école (donc depuis une dizaine d’années), était lesbienne et qu’elle l’avait découvert sur le tard. Si elle savait, elle ne l’aurait jamais envoyée chez elle. Et de clore son discours devant une assemblée horrifiée : « Ce n’est pas possible ! J’ai très peur ! Ils pullulent entre nous ! » Car « ils », c’est la gangrène du monde, évidemment !

En effet, quelqu’un avait avancé, par ouï-dire, que le lobby LGBTQA+ libanais (je ne savais même pas qu’il existait) voulait introduire la théorie du genre, largement appliquée en Occident depuis quelques années, dans les manuels scolaires. Les écoles catholiques, à juste titre, se sont insurgées. C’est aller trop loin dans l’ouverture d’esprit d’un milieu où elle est assimilable, en voyant large, à un trou de serrure. Mais c’est un raisonnement tout à fait valable auquel, dans l’état actuel des choses, nous ne pouvons qu’adhérer.

Je tiens à préciser, chers lecteurs, que je n’encourage point les errements de quelque nature qu’ils soient et je ne fais en aucun cas la plaidoirie d’une catégorie sociale longtemps marginalisée dans le monde et qu’on commence tout juste à admettre et à accepter en Occident, à savoir qu’avant 2010, ils étaient considérés, à l’instar des trisomiques ou des albinos, comme malades d’une maladie génétique ou un gène qui s’est transformé ou un gène récessif. Autrement dit, si mon arrière-petit-cousin s’est marié à une Carioca qui avait déjà un gosse potentiellement homosexuel, si mon enfant le devient, ce sera à cause d’elle.

Sachant que certaines filles qui critiquent ouvertement les

LGBTQA+ ont les mêmes pratiques avec leur conjoint, pourquoi faire d’un problème une chose qui ne l’est pas ? Pourquoi, quand le partenaire est de sexe différent, nous est-il permis d’avoir des comportements déviants, alors que si c’est le même sexe, ça devient une hérésie ? Mais c’est leur problème. Ce n’est celui de personne d’autre. Que chacun se mêle de ses affaires. Si vous aimez manger de la cervelle de mouton avec du ketchup et de la moutarde américaine, on vous critiquera aussi, mais vous la mangerez quand même car vous l’aimez assaisonnée de cette façon. Et les gens se tairont avec une moue de dégoût peut-être. Est-ce que ça vous changera pour autant ? Seriez-vous moins respectable ?

Écartez-vous des préjugés ! Je ne cherche pas à les défendre. Mais, au Liban, ce sont des personnes qui ont déjà assez souffert à cause des implications d’un article sombre du code pénal. Ce sont des personnes qui, souvent, ont fait leurs preuves en société et qui ont de bons postes, normaux et bien constitués. Elles ont juste fait un choix de vie différent. Toute comparaison mise à part, pour ne pas les frustrer, certains ont choisi d’abolir la viande de leur nourriture, préférant les steaks de soja ou les hamburgers protéinés de pois chiches. Les autres ont choisi de vivre leur sexualité au grand jour, loin des a priori.

Ils sont parmi nous ! Sont-ils des extraterrestres ? Ou une maladie contagieuse ?

Sûrement pas, il y en a qui ont eu le Covid et qui en sont décédés (j’invite les plus conservateurs à ne pas penser un hargneux « bon débarras »). Ils n’obligent personne à être comme eux et ce n’est pas, jusqu’à nouvel ordre, une MST. C’est juste des gens, comme vous et moi, des personnes qui constituent un groupe à part entière qui, malheureusement, continue à être marginalisé en Orient, pour ne pas dire persécuté, voire condamné à mort dans certains pays.

Qu’on arrête les caquetages et les piaillements inutiles ! Non, vos enfants ne sont pas en danger ! Non, ils ne s’attaquent pas aux mineurs ! Oui, ils peuvent être pieux, aller à la messe ou à la mosquée ! Arrêtez de les montrer du doigt comme la peste ou comme une attraction de fête foraine ! Il faut apprendre à les accepter.

La censure a mis vingt ans presque au Liban avant d’arrêter de mettre du feutre noir sur les tétons des stars en couverture des magazines ou de déchirer les pages un peu trop osées. Maintenant, regardez nos revues. Les stars locales sont plus provocantes et frivoles que n’importe quelle autre star qui continue à choquer par ses tenues en Occident. Pourtant, on continue à les montrer du doigt. Jalousie ou extrémisme à outrance ?

Donc, il y a encore du temps avant d’accepter cette minorité sociale (qui s’agrandit au fil des ans). Les leçons de l’Occident ne sont pas à appliquer ici. C’est à nous d’arranger l’application, de l’assaisonner à la sauce locale. Il ne faut pas oublier que ce sont des gens normaux et bien constitués, même si je le répète, et s’ils sont parmi nous, c’est qu’ils savent se faire respecter sans montrer leur différence (même si certains la montrent, ce n’est pas la majorité).

Tout est une question de tolérance ! Et ils ne constituent en aucun cas un danger, ni pour la société ni, d’une façon plus restreinte, pour la famille. Ils n’ont pas de tare génétique et ne viennent pas d’une autre planète. Ils sont là, tout simplement, contents d’être vivants et d’assumer leurs choix. Et quoi qu’on en dise, ces choix-là, même s’ils sont discutables pour certains, méritent aussi le respect.

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

Récemment, le ministre de l’(in)culture a voulu interdire, au grand dam des adorateurs du septième art, la mise sur le marché du film Barbie, pour une cause absurde qui n’a fait qu’exciter tout le monde à aller le voir. Transgression des mœurs, remise en cause des valeurs familiales, invitation à la dénaturation sexuelle (ou quelque chose dans le style)…Récemment, toujours, une...
commentaires (1)

Incroyable j’ai 88 ans et jusqu’a l’âge de 25 et même plus je ne savais pas ce qu’était l’homosexualité et quand ils m’ont expliqué je n’étais pas choquée

Eleni Caridopoulou

18 h 25, le 28 août 2023

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • Incroyable j’ai 88 ans et jusqu’a l’âge de 25 et même plus je ne savais pas ce qu’était l’homosexualité et quand ils m’ont expliqué je n’étais pas choquée

    Eleni Caridopoulou

    18 h 25, le 28 août 2023

Retour en haut