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Nos Lecteurs ont la Parole

Le dernier choix

Le Liban a été confronté durant toute son existence à des choix fatidiques et il les a tous surmontés grâce à une certaine providence et surtout le refus de se dissoudre soit dans des entités plus grandes, soit à se réduire dans des entités trop petites pour pouvoir subsister à long terme.

Les deux choix auxquels nous faisons face sont, soit refonder l’État sur des bases d’équité et de parité confirmées par l’accord de Taëf, soit accepter une déliquescence lente, avec ce qu’il en suit de projets fédéraux ou même partitionnistes.

Les défis auquel le Liban a fait face depuis la création de l’État d’Israël ont malmené les racines de sa construction tournée non pas vers l’histoire mais surtout vers l’avenir.

L’avenir est un choix et non pas une projection linéaire du passé. Les récentes occupations syriennes et actuellement iraniennes, par mandataires interposés, démultiplient les défis et sapent les promesses d’un avenir commun toujours voulu par la majorité des Libanais.

L’échéance à laquelle nous faisons face imminemment n’est pas celle d’une simple présidence de la République, mais surtout celle de l’existence et la perpétuation d’un édifice qui a tant coûté à tous les niveaux, surtout humains et financiers. Ce choix imminent et crucial est fatidique pour nous tous.

Les candidats actuels S. Frangié et J. Azour, indépendamment de leurs valeurs personnelles, ne peuvent constituer un point de ralliement pour la grande majorité des Libanais. L’équation optimale à poser serait de trouver non pas le candidat qui pourrait récolter le plus de voix mais surtout celui qui a le moins d’opposants. Ce candidat se doit d’être accepté autant par le Hezbollah que par le camp souverainiste. Il est clair que ces deux candidats officieux ne peuvent satisfaire à cette équation.

On se doit d’élire un président, a minima, dont la mission serait de servir de parapluie institutionnel à un nouveau gouvernement dont le chef serait en harmonie profonde avec le président et qui serait conforté par la non-obstruction de la présidence de la Chambre. Cette nouvelle architecture du pouvoir devra rechercher et publier devant toute la population les vols, manquements et obstruction de toute personne qui a contribué directement ou indirectement à mener le Liban à l’état où il se trouve. La métamorphose, mot encore plus puissant que réforme, redevabilité et impunité devront faire partie intégrante de la nouvelle culture à instituer. Seules des personnes d’exception pourront le faire. C’est une équation difficile, mais pas impossible, vu les orientations stratégiques diamétralement opposées des deux camps en présence, au vu de leurs liens avec l’extérieur.

Cela implique des choix de sociétés totalement antinomiques que seul le dialogue pourrait résoudre, à condition que les dirigeants des deux camps veuillent bien vouloir arriver à un modus operandi dans la nouvelle république.

Le Liban ne peut vivre sans se projeter dans un futur de démocratie réelle et effective, et sans une économie dynamique inscrite dans le monde avancé sans toutefois négliger les pays du monde en développement. Le Liban est un pays d’ouverture et ne peut vivre sans assurer les conditions de cette ouverture à tous, dont des liens en accord avec les institutions internationales tels que la Banque mondiale, le FMI, les caisses de développement arabes, etc.

Le candidat Frangié, connu pour son esprit chevaleresque, ne peut satisfaire aux prérequis ni du monde arabe ni occidental vu ses positions claires avec la résistance islamique-Hezbollah (HA) et ses liens avec le président syrien. Cela est manifeste sauf pour ceux qui refusent de voir ou d’accepter les réalités et les non-dits politiques. Par ailleurs, j’estime que le Hezbollah, en fin analyste, sait très bien que Frangié ne peut redémarrer ni le processus politique ni le redressement économique, dont sa base a tant besoin. Le HA ne peut à lui seul, même avec l’aide iranienne qui rétrécit, suppléer aux besoins de la communauté chiite et aurait rapidement besoin d’un levier, au pire des cas neutre, pour le sortir de cette impasse.

L’incident de Kahalé est un

game-changer, surtout pour le mood des chrétiens de tous bords. Certains ont senti pour la première fois que les armes sont un danger non pas seulement potentiel, mais omniprésent et effectif pour leur survie, et que les armes hors de l’État, sont un no-go pour un État de droit.

Le recul des positions campées par chacun est indispensable pour trouver ce lieu de partage paisible. Le HA, étant l’élément qui agit en dehors de l’État de droit, quels que soient ses prétextes de résistance, spécialement après la délimitation de la frontière maritime, se doit d’initier ce recul de façon concomitante avec la prise en charge de l’armée exclusive du pouvoir armé. Les autres se doivent d’accompagner graduellement le changement. La confiance est l’élément essentiel pour bâtir l’avenir. Le HA doit savoir que les forces souverainistes ne sont ni de près ni de loin les alliés d’Israël, et qu’elles ne peuvent, qu’au moins, douter que les attentats et assassinats soient le fait du HA.

Le chemin est très ardu, mais sans une initiative sérieuse, réfléchie et volontariste, nous nous dirigeons vers cette déliquescence et la putréfaction qui pourrait déboucher à une fin triste du Liban que nous connaissons.


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

Le Liban a été confronté durant toute son existence à des choix fatidiques et il les a tous surmontés grâce à une certaine providence et surtout le refus de se dissoudre soit dans des entités plus grandes, soit à se réduire dans des entités trop petites pour pouvoir subsister à long terme. Les deux choix auxquels nous faisons face sont, soit refonder l’État sur des bases...

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