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Nos Lecteurs ont la Parole

Plaidoirie pour l’enseignement de l’empathie humaine

Le capitalisme, en tant que modèle économique fondé sur la propriété privée au sein d’un marché libre et concurrentiel, incite inévitablement les individus à rechercher des bénéfices financiers en créant des biens et des services qui apportent une valeur ajoutée aux consommateurs. Ce système de libre-échange offre à l’homme l’opportunité de s’épanouir pleinement et d’exploiter amplement son potentiel créatif et inventif, sans conditions ni limitations bureaucratiques futiles et inutiles. Ainsi, par le labeur de ses mains et la sueur de son front, l’homme peut récolter les fruits de ses efforts, contribuant ainsi à la réalisation de ses rêves les plus chers. En favorisant l’émergence et l’essor de l’entrepreneuriat et de l’entreprise, le capitalisme se révèle être une force motrice spectaculaire qui stimule le progrès scientifique et technologique. Toutefois, un capitalisme à outrance, centré exclusivement et égoïstement sur l’amour de l’argent, peut facilement engendrer une société dépourvue de passion et de compassion.

Pour illustrer concrètement et effectivement les dérives sociales d’un capitalisme à outrance, je voudrais relater une histoire dont j’ai été témoin dans un supermarché aux États-Unis. Un jour, alors que je déambulais allègrement dans les allées du magasin, j’ai remarqué une quinquagénaire pauvrement vêtue et dont le comportement était inhabituel. Elle conversait à voix haute avec les produits alimentaires du magasin tels que les fruits, les légumes, les viandes, les fromages, les boissons et ainsi de suite. Son monologue n’était ni menaçant ni dérangeant, mais plutôt émouvant et poignant. Sa voix se brisait souvent, comme si elle était sur le point de fondre en larmes. Avait-elle un problème mental ? Était-elle sous l’influence de la drogue ou de l’alcool ? Je ne pourrais le dire, mais je sentais que cette personne souffrait probablement de lassitude et de solitude. On pouvait lire le drame d’une vie sur les rides de son visage flétri.

Quelques instants plus tard, j’aperçus deux vigiles imposants qui, tels des bolides surexcités, se précipitèrent vers cette pauvre femme. Ils la saisirent par le poignet et la jetèrent sans ménagement hors de l’établissement, comme s’il s’agissait d’une vulgaire sorcière. Apparemment, le comportement insolite de cette malheureuse avait dérangé certains clients. Ils décidèrent alors d’en informer la direction qui prit alors la décision immédiate d’expulser cette pauvre femme. Cet événement me révolta profondément. Comment peut-on se permettre d’infliger une telle humiliation à une personne non seulement innocente, mais de surcroît souffrante ?

J’exigeai donc de rencontrer le directeur de l’établissement pour lui faire part de ma plus profonde indignation. Lors de notre courte discussion, j’ai tenté de transmettre le message que ce manque évident de compassion envers une pauvre âme en détresse était inacceptable et intolérable. Malheureusement, ma plaidoirie fut vaine. Le directeur se cloîtra dans l’indifférence et l’intransigeance. Il répétait de manière laconique et mécanique les mêmes paroles creuses : « L’établissement se conforme aux règlements en vigueur, qui prévoient l’expulsion de toute personne dont le comportement est gênant. Nous agissons ainsi dans l’intérêt de nos clients. » J’avais l’impression que mes paroles entraient par une oreille pour ressortir aussitôt par l’autre. Il était évident que le magasin privilégiait ses propres intérêts économiques sans se soucier outre mesure des sentiments humains.

Dans un environnement marqué par un capitalisme excessif, les professionnels sont soumis à des pressions intenses pour maximiser le rendement de leurs entreprises. Dans cette quête effrénée au profit, la dimension humaine est balayée magistralement d’un revers de main. C’est dans cette perspective qu’il est primordial de revoir notre façon de former des dirigeants, des entrepreneurs, des managers, des consommateurs et des citoyens du monde. En particulier, les écoles et les universités jouent un rôle primordial à cet égard. En dispensant un enseignement du capitalisme empreint de valeurs humanistes, les temples du savoir peuvent jouer un rôle essentiel dans la construction d’une société plus saine et sereine où l’homme peut prospérer économiquement tout en offrant simultanément la chaleur réconfortante de son cœur à ceux qui en ont grandement besoin.

Spécifiquement, l’empathie humaine est une valeur humaniste qui incarne cette merveilleuse capacité de nous mettre pleinement à la place des autres et de ressentir réellement leurs émotions. En outre, en intégrant l’empathie humaine dans notre cursus éducatif, nous rendons un grand service à notre pays. Contrairement aux ressources naturelles, telles que l’or ou le pétrole, l’empathie est immatérielle. On ne peut ni la toucher, ni la contempler, ni la flairer, ni l’acheter, ni l’échanger. Néanmoins, c’est un trésor inestimable d’une valeur incommensurable. On peut ressentir sa sublime beauté et son ultime bonté au plus profond de notre être. Comme l’a si bien dit Antoine de Saint-Exupéry dans son emblématique livre Le Petit Prince : « On ne voit bien qu’avec le cœur ; l’essentiel est invisible pour les yeux. » 

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

Le capitalisme, en tant que modèle économique fondé sur la propriété privée au sein d’un marché libre et concurrentiel, incite inévitablement les individus à rechercher des bénéfices financiers en créant des biens et des services qui apportent une valeur ajoutée aux consommateurs. Ce système de libre-échange offre à l’homme l’opportunité de s’épanouir pleinement et...
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