Le gouverneur de la banque du Liban (BDL), Riad Salamé, a déclaré vendredi à Reuters que la banque centrale pourrait encore contenir l'effondrement financier du pays par des "initiatives monétaires" après son départ à la fin du mois.
M. Salamé, 73 ans, s'est à nouveau engagé à quitter son poste à la fin de son mandat, lundi. Ce mandat de 30 ans a été récemment terni par l'effondrement spectaculaire de l'économie et par des accusations, au Liban et à l'étranger, de détournement d'une fortune de l'argent public libanais.
Dans des commentaires écrits adressés à l'agence Reuters vendredi, M. Salamé a affirmé qu'il avait agi conformément à la loi et que ses avocats avaient déposé des objections juridiques en France et en Allemagne, pays qui l'ont inculpé.
"Au moment de mon départ et en dépit de la crise dont on s'attendait à ce qu'elle provoque un effondrement total, la banque centrale pourrait, par le biais d'initiatives monétaires, contenir cette crise", a-t-il souligné. M. Salamé a indiqué que l'économie libanaise avait connu une croissance de 2 % l'année dernière et qu'elle pourrait atteindre 4 % en 2023, mais il n'a pas fourni de chiffres plus précis.
Selon le Fonds monétaire international, l'effondrement a fait perdre à la monnaie nationale environ 98 % de sa valeur, le PIB s'est contracté de 40 % et l'inflation a atteint un taux à trois chiffres.
La classe politique a été incapable de nommer un successeur à M. Salamé, ce qui risque d'aggraver les dysfonctionnements dans un État déjà affaibli par des années de paralysie politique et de turbulences financières. Selon la loi libanaise, le premier vice-gouverneur Wassim Mansouri, un chiite, prendra le relais en l'absence de successeur. Le poste de gouverneur de la BDL est traditionnellement réservé à la communauté maronite.
M. Mansouri et trois autres vice-gouverneurs ont proposé une série de mesures, notamment une législation accélérée pour réformer le secteur bancaire et instituer un contrôle des capitaux, ainsi que la levée de l'ancrage de la livre libanaise, en vigueur depuis des décennies. Mais l'élite politique a résisté aux mesures de réforme ces dernières années, jetant une ombre d'incertitude sur les futures mesures des vice-gouverneurs.
Ce texte est une traduction d'un article paru initialement en anglais sur l'agence Reuters.
Apprenti sorcier…
23 h 12, le 30 juillet 2023