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Nos Lecteurs ont la Parole

Le rose et le noir

Quelles que soient ses conditions de vie, quelle que soit sa situation, quel que soit son désarroi, quelle est cette mère dénaturée, dénuée de toute fibre maternelle qui jette aussi trivialement et sans seconde pensée un nourrisson sans défense dans un dépotoir de la ville, sans mesurer la sauvagerie de ce passage à l’acte, l’abandonnant au fond d’un sac poubelle, noir de surcroît pour mieux travestir ce rose ingénu, pour mieux enfouir cet arrêt de mort, cet acte glauque d’étouffer presque dans son nucléon son propre rejeton ?

En outre combien est émouvant ce chien qui renifle ce nouveau-né, traîne de son museau ce sinistre berceau avec la même poésie que cette maman-cigogne qui fait voyager en son bec un poupon en couches, et ameute le quartier pour sauver cette vie qui se prononçait encore en un dernier ébat, en une peur dans les yeux...

Triste, très triste de réaliser sous un autre angle que la rudesse de la vie nous accule parfois à amputer, dans ce qu’on pourrait prendre pour un acte manqué, cette extension de soi, une progéniture qu’on a porté avec émoi dans ses tripes, à se défaire de sa propre chair, à décider à contrecœur d’une vie à peine conçue parce que l’on sait sans doute d’avance que l’existence qu’on lui offre est vouée à un enfer encore plus effroyable que la mort en soit, combien perçue comme salutaire dans ce cas !

Triste, très triste de réaliser surtout que le monde des quatre pattes est doté de bien plus de cœur, de douceur, de magnanimité à recueillir un soubresaut, animé de bien plus d’instinct à rattraper la laideur de l’homme, de bien plus d’humanité en somme que celle des humains en personne...


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

Quelles que soient ses conditions de vie, quelle que soit sa situation, quel que soit son désarroi, quelle est cette mère dénaturée, dénuée de toute fibre maternelle qui jette aussi trivialement et sans seconde pensée un nourrisson sans défense dans un dépotoir de la ville, sans mesurer la sauvagerie de ce passage à l’acte, l’abandonnant au fond d’un sac poubelle, noir de...
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