Rechercher
Rechercher

Société - Rapport

Les Libanaises ne voyagent pas toutes avec la même facilité, estime HRW

Un rapport de Human Right Watch dresse le bilan des restrictions que subissent les femmes dans 20 pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord, dont le Liban.

Les Libanaises ne voyagent pas toutes avec la même facilité, estime HRW

Des voyageurs à l'Aéroport international de Beyrouth. Photo d'illustration AFP

Septembre 2020, aéroport du Qatar. Une mère de cinq enfants est arrêtée par les autorités. Pour s'assurer qu'elle dispose de sa permission de voyager, ils exigent de contacter son tuteur masculin : son père. La femme a 30 ans. Sa famille dénonce : "Ils l'ont traitée comme une mineure, une enfant". 

C'est sur cet événement que débute le rapport de 119 pages de Human Right Watch, qui dénonce les difficultés que rencontrent les femmes du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord, entre autres au Liban, pour se déplacer, notamment à l'étranger.

Paru le 18 juillet, ce rapport s'intitule "Comment les politiques de tutelle masculine restreignent les déplacements et la mobilité des femmes au Moyen-Orient et en Afrique du Nord" et se penche sur 20 pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord. Il dresse ainsi le bilan des restrictions que subissent les femmes pour se déplacer dans chacun de ces pays. Des dizaines de lois, de règlements et d'informations fournies par des avocats, des activistes, ainsi que par des femmes vivant dans ces pays ont été utilisés pour ce rapport.

Au Liban, le poids des communautés religieuses

Au Liban, où les communautés religieuses ont un rôle central, la législation est complexe. En l'absence d'un code civil, le statut personnel (mariage, divorce, garde des enfants) est régi par les lois de chacune des 18 communautés religieuses officielles, ce qui rend la réalisation d'un bilan global de la situation des femmes libanaises difficile à dresser. Le rapport relève tout de même que les femmes sont en droit d'obtenir des passeports sans l'accord d'un homme, ainsi que de voyager seules avec leurs enfants. Cependant, toutes les lois religieuses prévoient que les femmes peuvent être légalement jugées "désobéissantes" si elles quittent le domicile conjugal sans l'aval de leur mari. Elles peuvent être forcées à retourner habiter avec leur conjoint, ce qui les expose à de potentielles violences et oppressions.

Lire aussi

La longue lutte pour les droits de la femme libanaise

Le code de la famille sunnite datant de 2011 prévoit par exemple que la femme perd sa pension alimentaire si elle refuse de rejoindre le domicile conjugal sans "excuse légitime", ou encore si elle interdit à son mari d'entrer dans le domicile conjugal même si elle en est propriétaire.

"Des règles intrinsèquement dégradantes"

Certains des pays de la région sont des mauvais élèves en termes de droits des femmes. Voyager sans l'autorisation d'un tuteur masculin est même interdit et inscrit dans la législation de trois pays : l'Arabie saoudite, le Qatar et l'Iran. Dans les faits, ces autorisations sont aussi demandées aux jeunes femmes qui habitent au Yémen, en Algérie et en Palestine, en dehors de tout cadre légal.

L'ONG affirme que, malgré l'avancée progressive des droits des femmes dans ces régions, la permission - voire la présence - du tuteur masculin est encore exigée pour se déplacer dans plusieurs pays. Demander un passeport et voyager avec un enfant est aussi plus compliqué pour une femme que pour un homme. Human Right dénonce "ceux qui défendent de telles règles patriarcales au Moyen-Orient et en Afrique du Nord et prétendent souvent que c’est pour la protection des femmes, mais ces règles sont intrinsèquement dégradantes et les exposent à la violence domestique."

L'organisation relève que ces restrictions de voyage et de mouvements contredisent les lois et les constitutions de nombreux pays qui, sur le papier, garantissent l'égalité des femmes et la liberté de voyager hors du territoire. Elles vont aussi à l'encontre du droit international et des droits de l'homme qui garantissent la liberté de mouvement pour tous. 

Septembre 2020, aéroport du Qatar. Une mère de cinq enfants est arrêtée par les autorités. Pour s'assurer qu'elle dispose de sa permission de voyager, ils exigent de contacter son tuteur masculin : son père. La femme a 30 ans. Sa famille dénonce : "Ils l'ont traitée comme une mineure, une enfant". C'est sur cet événement que débute le rapport de 119 pages de Human Right Watch, qui...
commentaires (1)

Amusant de préciser que les femmes peuvent voyager seules "avec leurs enfants". Quel dommage que les religions ne régissent pas tout ce qui passe dans la société libanaise ça serait tellement plus marrant et puis cela permettrait d'éviter l'hypocrisie lorsque l'on aborde ce sujet non?

Georges Olivier

21 h 00, le 21 juillet 2023

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • Amusant de préciser que les femmes peuvent voyager seules "avec leurs enfants". Quel dommage que les religions ne régissent pas tout ce qui passe dans la société libanaise ça serait tellement plus marrant et puis cela permettrait d'éviter l'hypocrisie lorsque l'on aborde ce sujet non?

    Georges Olivier

    21 h 00, le 21 juillet 2023

Retour en haut