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Société - Liban

Dima Sadek condamnée à un an de prison ferme

Le verdict visant la journaliste et vedette télé est le résultat d'un procès intenté contre elle par le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil.

Dima Sadek condamnée à un an de prison ferme

La journaliste libanaise Dima Sadek devant le Palais de justice de Beyrouth en 2015. Photo d'archives AFP/Patrick Baz

La journaliste libanaise et vedette télé Dima Sadek a été condamnée lundi par la justice à un an de prison ferme, à la suite d'une plainte déposée contre elle il y a trois ans par le chef du Courant patriotique libre (CPL), Gebran Bassil, qui l'accusait de diffamation et de calomnie, selon des documents juridiques consultés par L'Orient-Le Jour.

Mme Sadek doit également verser des dommages et intérêts de 110 millions de livres libanaises au CPL.

Le procès a été intenté en février 2020.

Pour mémoire

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En 2020, Dima Sadek et le blogueur Gino Raidy avaient tous deux annoncé qu'ils avaient été convoqués par la police judiciaire pour être interrogés sur la base d'une plainte déposée le 14 février de cette année là par le CPL.

"En février 2020, tout le monde se souvient que deux jeunes hommes de Tripoli ont été agressés par le CPL. L'un a été attaqué par les gardes du corps de (l'ancien député) Ziad Assouad, et l'autre, nommé Zakaria el-Masri (...) dit dans sa déposition écrite qu'il a été battu et forcé à dire 'Aoun est votre Dieu et le Dieu de Tripoli'. Gebran Bassil me poursuit dans l'affaire Zakaria el-Masri", a déclaré Mme Sadek dans la vidéo. "Dans les deux cas, j'ai dit que ces actions étaient racistes et nazies", a-t-elle poursuivi.


Dans un autre tweet, Mme Sadek a déclaré que M. Bassil l'avait poursuivie en justice, l'accusant de "diffamation et de calomnie ainsi que d'incitation aux conflits sectaires".

En 2020, Gebran Bassil a dénoncé "la diffusion de fausses nouvelles" et "la publication d'une vidéo, faussement attribuée au CPL, incluant l'incitation à la haine et au racisme, qui pourrait donner lieu à un conflit sectaire".

"Lorsqu'ils ont battu l'homme, ce n'était pas de l'incitation aux conflits sectaires", a ironisé Dima Sadek. "Et ils n'ont pas été arrêtés ni jugés et personne ne leur a dit un mot. Mais un verdict a été prononcé pour me mettre en prison, moi qui ai condamné cet acte", regrette-t-elle.

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Mme Sadek a déclaré que la peine prononcée à son encontre - à savoir l'emprisonnement ferme dans le cadre d'un procès pour diffamation et calomnie - créait "un précédent très dangereux pour la liberté du journalisme, des médias et de l'expression au Liban". Elle a affirmé que le système judiciaire peut l'incarcérer à tout moment si elle ne fait pas appel.

L'Orient-Le Jour a tenté de joindre Dima Sadek et une porte-parole du CPL, mais aucun n'était disponible.

Réactions en série

Plusieurs partis politiques et responsables ont critiqué la condamnation de Dima Sadek et mis en garde contre toute atteinte à la liberté d'expression.

L'Ordre des rédacteurs a exprimé son "refus total des sanctions privatrices de liberté à l'encontre de tout journaliste ayant commis une infraction dans ses publications". L'Ordre a également rappelé son rejet de "toute comparution de journalistes dans des affaires d'opinion devant toute instance autre que le tribunal des imprimés".

Le ministre sortant de l'Information, Ziad Makary, a déclaré sur Twitter : "Il est important pour nous de souligner notre respect de l'indépendance du pouvoir judiciaire et d'affirmer notre foi absolue en la liberté d'expression, qui est l'essence même du Liban. En conséquence, nous renouvelons notre appel au Parlement libanais pour qu'il discute et adopte la vision de la loi moderne sur les médias que nous lui avons présenté, qui abolit les peines de prison contre les journalistes, car la loi qui respecte les normes internationales reste la seule garantie pour préserver la liberté des travailleurs dans le domaine des médias, et les protéger contre les dispositions du Code pénal auxquelles certains ont recours".

Les Forces libanaises ont également dénoncé, dans un communiqué, "la décision judiciaire rendue à l'encontre de la journaliste Dima Sadek... la privant de ses droits civiques", et ont estimé que "ce jugement constitue un dangereux précédent en termes d'emprisonnement pour des procès en diffamation et calomnie contre des professionnels des médias".

Le député et chef des Kataëb, Sami Gemayel, a déclaré sur Twitter : "Nous réaffirmons que les tentatives d'intimidation des journalistes et des médias libres ne fonctionneront pas, mais renforceront au contraire leur détermination à défendre leur cause jusqu'au bout. Toute notre solidarité à la journaliste Dima Sadek dans son combat".

Le Parti socialiste progressiste a également déclaré dans un communiqué : "Quels que soient les faits, la liberté des médias, qui est garantie par la Charte des droits de l'Homme ainsi que par la Constitution libanaise, reste au-dessus de toute considération. Sous ce plafond, il est répréhensible qu'une peine de prison ait été prononcée à l'encontre de la journaliste Dima Sadek".

Pour sa part, la députée des forces du changement Paula Yacoubian a tweeté : "Voix libres et activistes, hommes et femmes, contre la mafia nazie-fasciste fanatique. Nous sommes tous avec vous".

Son collègue le député Marc Daou a également exprimé sa solidarité avec Mme Sadek sur Twitter : "Toute la solidarité avec la presse, la liberté d'expression, la Constitution et Dima Sadek. Cette décision est une atteinte au tribunal des imprimés."

De son côté, le Courant du Futur a estimé, dans un communiqué, qu'"il est très honteux pour certains magistrats libanais d'émettre des jugements à l'encontre de professionnels des médias, en réponse à des désirs politiques qui n'ont d'autre but que de régler des comptes et de réprimer les libertés".

Le Futur s'est dit "solidaire de Dima Sadek face à cette nouvelle tentative d'intimidation des professionnels des médias", appelant "le pouvoir judiciaire à annuler le verdict prononcé à son encontre".

Pour sa part, le député indépendant Ihab Matar a souligné que "la liberté d'expression était la base de la création du Liban, mais aujourd'hui nous faisons le deuil de cette liberté face à un État policier et un système judiciaire de bouchers".

La journaliste libanaise et vedette télé Dima Sadek a été condamnée lundi par la justice à un an de prison ferme, à la suite d'une plainte déposée contre elle il y a trois ans par le chef du Courant patriotique libre (CPL), Gebran Bassil, qui l'accusait de diffamation et de calomnie, selon des documents juridiques consultés par L'Orient-Le Jour.Mme Sadek doit également verser des...

commentaires (22)

Merci pour votre censure... C'est la cinquième fois, soit dit en passant... Je croyais L'Orient-LeJour neutre et impartial... Désormais, je ne me donnerais plus la peine de commenter!

Christian Samman

23 h 16, le 12 juillet 2023

Tous les commentaires

Commentaires (22)

  • Merci pour votre censure... C'est la cinquième fois, soit dit en passant... Je croyais L'Orient-LeJour neutre et impartial... Désormais, je ne me donnerais plus la peine de commenter!

    Christian Samman

    23 h 16, le 12 juillet 2023

  • Quand on pense qu’il y a encore des abrutis qui justifient cette sanction … c’est rageant

    Citoyen Lambda

    19 h 22, le 12 juillet 2023

  • Mme Sadek, vous portez bien votre nom ! Courage, ne vous laissez pas intimider. Nous sommes avec vous dans votre combat pour la vérité.

    Citoyen Lambda

    15 h 46, le 12 juillet 2023

  • Ce dont témoigne Mme Sadek était même sur les écrans de nos TV. Le juge, si juge il est, n'a qu'à revoir ce que des milliers de libanais ont vu. Le liban évolue rapidement vers l'homme des cavernes

    Wlek Sanferlou

    13 h 02, le 12 juillet 2023

  • AVANT TOUT JE TIENS A EXPRIMER A DIMA SADEK, CHAMPIONNE DE LA LIBRE EXPRESSION, MON SUPPORT OU ALLAH YIHMIYA DES ENTURBANES SUREXITES ET NEANDERTALIENS. - MAIS QUEL EST LA DIFFERENCE ENTRE L,ETAT ET L,OLJ ? L,ETAT EMPRISONNE POUR FAIRE TAIRE LES LIBRES JOURNALISTES. L,OLJ CENSURE POUR FAIRE TAIRE SES PROPRES LIBRES ABONNES.

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 37, le 12 juillet 2023

  • Dans aucuns pays démocratique au monde une personne est condamnée pour de la prison ferme pour diffamation. L'amende passe encore, si les faits relatés par Mme Sadek sont faux. Mais le sont ils? Pour en arriver a condamner une Journaliste pour délit d'opinion, et soit disant diffamation, a la prison, c'est que cette clique de mafieux semble avoir beaucoup a se reprocher. Les FL ont gagné des dizaines de procès en diffamation et je ne me rappelle pas qu'un juge ai foutu quiconque en prison. Je n'explique ce verdict que par le fait qu'il veulent Mme Sadek hors circuit et en même temps terroriser le restant des médias qui oseraient encore de les accuser de méfaits a tort ou a raison. Cette décision judiciaire vient de confirmer que Mme Sadek avait probablement relaté des faits véridiques qui semblaient embarrasser GB.

    Pierre Christo Hadjigeorgiou

    10 h 58, le 12 juillet 2023

  • Même Poutine n’a pas osé enfermer la journaliste qui l’a dénoncé ouvertement lors d’un journal télévisé. Où va notre pays? Qui est ce juge vendu et sans conscience qui joue le jeu des vendu, de bâillonner les journalistes libres et les honnêtes gens qui ne font que dénoncer le diktat de certains malotrus qui ont pris possession de notre pays et se croient les maîtres du monde? Un haut magistrat honnête a le devoir de récuser ce jugement et de traduire le juge en justice pour abus de pouvoir, manquement à son devoir et collaboration avec les ennemis de notre démocratie. On ne les a pas entendu ceux-là.

    Sissi zayyat

    08 h 44, le 12 juillet 2023

  • Mme Sadek n’a eu que ce qu’elle mérite, vu la diffamation et les fausses allégations qu’elle propageait à droite et à gauche. Ce n’est certainement pas au nom de la liberté d’expression qu’on a le droit de mentir. Tous ceux qui la soutiennent le font soit par rancune contre le CPL et M. Bassil, soit par ignorance de la vérité.

    Sami NAJJAR

    05 h 12, le 12 juillet 2023

  • Solidarité avec vous madame Sadek et à travers vous solidarité avec tous les Libanais honnêtes, intègres et rejetant tous les hommes et femmes politiques assis sur leurs fauteuils depuis 30 ans. A déloger pour un changement de système pour un pays de droit et laïc.

    Jacques d

    02 h 06, le 12 juillet 2023

  • Nous sommes tous Rima Sadek Libanais mobilisez vous Marchez pour la liberte’

    Robert Moumdjian

    02 h 05, le 12 juillet 2023

  • La nausée, Comment est on arrivé là !? Il peut manquer à cet atticle le nom du juge qui a prononcé le verdict pour mieux le montrer du doigt. Honte à lui ! Mme Sadek vous êtes le visage d'un Liban libre et digne.

    stop béton

    22 h 37, le 11 juillet 2023

  • Ll

    Carine Bejjani Ghattas

    22 h 25, le 11 juillet 2023

  • Avec mes salutations de censuré. Encore heureux que je n'ai pas été condamné à de la prison ferme par le tribunal de la pensée de l'OLJ ou/et son algorithme déréglé...

    IBN KHALDOUN

    21 h 21, le 11 juillet 2023

  • Évidemment ces juges sous influence sont facilement corruptibles, en outre il ne s'agit que d'une ''vulgaire'' journaliste qu'ils condamnent, ils ne sauraient tolérer qu'un conflit reste dans la dimension d'un débat qui est l'essence même de la démocratie ..

    C…

    19 h 44, le 11 juillet 2023

  • OHHHHH non. Pas elle. C'est notre soupape d'espoir hebdomadaire qui analyse et remet les choses à leur place dans le bon contexte. Evidemment ca les emm...de.

    LE FRANCOPHONE

    19 h 35, le 11 juillet 2023

  • 100% in support of Ms. Sadek. And freedom of speech.

    Murad Mazen

    19 h 28, le 11 juillet 2023

  • Alors que les milichiens assassins, les politichiens corrompus et les banquiers voleurs plastronnent impunement dans les restaurants de luxe, les juges vereux ne trouvent rien de mieux a faire que de condamner a la prison ferme les journalistes un tant soit peu critiques. Le corps judiciaire de ce pays est gravement gangrene.

    Michel Trad

    19 h 18, le 11 juillet 2023

  • Quand la justice est complice de ceux qui gouvernent uniquement, c'est de la dictature. Sans procès, sans rien une décision est prise. Le LIBAN devient de plus en plus un état policier. Ou les droits de paroles et de la presse, sont baillonnés de plus en plus par un Narcissique qui se prend pour l'imam de Batroun, un traître!

    Marwan Takchi

    19 h 05, le 11 juillet 2023

  • Quitter le pays est de la lachete. Il faut au contraire SOUTENIR A 100% Mme Sadek. Nous avons besoin de 100, 1000, un million de Dima Sadek.

    sancrainte

    18 h 45, le 11 juillet 2023

  • Je devrais faire de la prison aussi! Nous tous quelques 4 millions de Libanais en taule !

    Samir Tabet

    18 h 39, le 11 juillet 2023

  • Elle fait appel, et ce sera révisé.

    Esber

    18 h 38, le 11 juillet 2023

  • Il n‘y a plus d’espoir! Quittez le pays

    Tawil aelta

    18 h 07, le 11 juillet 2023

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