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Nos Lecteurs ont la Parole

Comment vraiment éradiquer le racisme ?

Le racisme est malheureusement un phénomène largement répandu à travers le monde. Les individus touchés par ce fléau social nourrissent des préjugés insensés et infondés envers les groupes qui sont ethniquement et culturellement différents d’eux. Au niveau individuel, le racisme engendre chez la victime une sensation désagréable d’humiliation et d’indignation. Au niveau collectif, le ségrégationnisme suscite chez la population concernée un sentiment intolérable d’injustice et de supplice.

Prenons l’exemple du comportement de la police à l’égard des populations noires aux États-Unis. La brutalité policière envers les Afro-Américains est notoire dans le pays de l’Oncle Sam. Si l’on examine de près les multiples incidents policiers à caractère raciste, on pourrait résumer succinctement la situation de la manière suivante : si la couleur de la peau est blanche, les policiers sont indulgents. Par contre, si la couleur de la peau est noire, les policiers sont intransigeants. Cependant, certains observateurs réfutent ce raisonnement en soulignant que les quartiers défavorisés des grandes villes américaines, où la population est majoritairement noire, sont le théâtre d’intenses activités criminelles telles que le banditisme, le gangstérisme, le proxénétisme, et autres. Par conséquent, étant donné que le taux de criminalité est très élevé parmi les Afro-Américains, il est fort logique que les personnes de couleur noire soient les principales cibles de la police.

Néanmoins, certains chercheurs académiques réfutent l’hypothèse selon laquelle la délinquance serait l’unique raison justifiant la violence policière envers les Afro-Américains. Selon eux, il est fort probable que le comportement de la police soit fréquemment le résultat d’un racisme insidieux et pernicieux. De nombreuses enquêtes confirment cette supposition. Il s’avère que dans des situations bénignes où des civils sont interrogés par la police, les Afro-Américains ont beaucoup plus de chances de subir des violences policières que les Américains blancs, même si leur comportement ne présente aucun signe de danger imminent.

Afin de lutter contre le fléau latent du racisme dans le monde du travail, de nombreux ouvrages en ressources humaines proposent des formations axées sur la diversité culturelle et ethnique. Cette tendance s’est propagée comme une traînée de poudre chez de nombreuses grandes entreprises qui se sont engagées à organiser des séminaires professionnels mettant en valeur les effets positifs de la diversité tout en dénonçant carrément les conséquences néfastes du racisme. La participation à ces formations spécialisées, souvent onéreuses, est obligatoire pour tous les membres de l’organisation, y compris les cadres supérieurs.

En 2021, d’éminents chercheurs universitaires, dirigés par Elizabeth Levy Paluck de l’Université de Princeton, ont rédigé un article révélateur publié dans la revue Annual Review of Psychology. Dans cette étude intitulée « Prejudice Reduction : Progress and Challenges » (Réduction des préjugés : progrès et défis), les chercheurs ont mené des enquêtes sérieuses et rigoureuses pour évaluer la validité et l’utilité des séminaires professionnels visant à réduire les préjugés dans le milieu du travail. Les résultats obtenus sont sans équivoque : les formations visant à réduire les préjugés ont généralement un effet pratiquement nul sur le comportement des participants. Plus précisément, les chercheurs constatent que ce type d’apprentissage peut insidieusement et malencontreusement donner l’impression qu’un changement significatif et positif s’est produit chez les participants, alors qu’en réalité, cela n’est absolument pas le cas.

L’enseignement principal qui en ressort est qu’il serait présomptueux de penser qu’une initiation pédagogique de quelques jours suffirait à modifier de manière stable et durable des mentalités et des subtilités solidement ancrées dans les esprits depuis des années, voire des décennies. Pire encore, ces ateliers de travail peuvent avoir des conséquences imprévisibles et nuisibles. En effet, de nombreuses personnes n’apprécient pas d’être contraintes de participer, contre leur gré, à des formations sur la diversité. Dans ces cas-là, elles auront tendance à se rebeller et à adopter une attitude diamétralement opposée à celle initialement souhaitée. En fin de compte, la mise en place de ce genre de formations spécialisées est clairement un exorbitant gaspillage de temps et d’argent.

Quelle stratégie devrions-nous donc adopter pour lutter contre le fléau du racisme ? Il est possible que la meilleure option consiste à encourager les individus intrinsèquement différents à partager durablement et longuement un environnement commun, comme par exemple un même moyen de transport, un même bureau, un même quartier ou un même immeuble résidentiel. Ensuite, il faudrait les laisser interagir librement entre eux, sans aucune ingérence ou interférence externe futile ou inutile. Grâce à leur créativité et à leur ingéniosité, ils parviendront à se comprendre, à se surprendre, à s’accepter et à s’apprécier mutuellement. Ce phénomène salvateur découle d’un processus systématique et méthodique, à la fois mystérieux et complexe, qui se déroule naturellement et imperceptiblement aux tréfonds du cerveau humain. En effet, il est nécessaire de donner du temps aux 100 milliards de neurones de la sphère cérébrale pour s’adapter progressivement et instinctivement à cette nouvelle réalité, en l’occurrence une cohabitation hétérogène bénéfique.

En résumé, voici les éléments essentiels qui pourraient contribuer à éradiquer efficacement le racisme une fois pour toutes : le mélange éclectique, la proximité physique, la patience, la persévérance, la liberté et la fraternité.

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

Le racisme est malheureusement un phénomène largement répandu à travers le monde. Les individus touchés par ce fléau social nourrissent des préjugés insensés et infondés envers les groupes qui sont ethniquement et culturellement différents d’eux. Au niveau individuel, le racisme engendre chez la victime une sensation désagréable d’humiliation et d’indignation. Au niveau...
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