Comme si l’animation engendrée par la dernière séance électorale ratée ne suffisait pas à plomber l’ambiance, il faut en plus qu’Istiz Nabeuh peaufine ses talents de créatif en affinant son concept habituel : l’interruption volontaire de scrutin présidentiel. Une sacrée trouvaille dans un pays où l’IVG est encore gravée au burin dans le code pénal.
Incontestablement, lui et le Barbu, porte-parole de Dieu sur terre, restent les maîtres d’œuvre de cette gelée. Pourquoi se gêner, tant que les deux hommes sont d’accord sur tout. On pourra penser : comment peut-on évoluer face à une personne avec laquelle on est toujours d’accord ? Allez savoir !
Pour l’heure, on passera certainement de bons moments en regardant Jean-Yves Le Drian virevolter d’un neuneu à l’autre de cette classe politique imbuvable, qui lui donne à avaler des tartines à la couleuvre et des boas sur canapé. Passés maîtres à faire danser les émissaires étrangers, les ténors de cette démocratie calcifiée, tous atteints de la folie des glandeurs, lui expliquent déjà en vrac : 1- Comment aligner douze premiers tours de scrutin pour la présidentielle, sans jamais parvenir au second. 2- De quelle manière on trouve deux candidats théoriquement prêts à en découdre pour amuser les foules, et au finish sortir de sa manche un grincheux qui viendra gâcher le spectacle pour se poser en cobaye de compromis. 3- L’impossibilité pour un responsable politique de bouger d’un orteil s’il n’a pas auparavant effectué sa tournée des popotes auprès des curetons et enturbannés pour faire le plein d’opium du peuple. 4- Par quelle entourloupe on peut zapper soudain la présidentielle et amener les députés à pondre une augmentation de la rente viagère des fonctionnaires, dont plus de la moitié sont constitués de la pire mauvaise graisse de planqués…
On l’aura compris, ce pensum débile permettra sans doute à notre invité d’évaluer ce que ses interlocuteurs sont censés savoir, avec le sentiment qu’ils ne savent pas grand-chose et qu’ils ne savent pas vraiment dans combien d’années ils sauront quelque chose. Ce qui pour un politicien libanais est déjà énorme de le savoir. Gavé de cette lasagne indétricotable tissée par des indigènes décolonisés trop tôt, l’émissaire français finira probablement par détaler en se bouchant le nez.
Ce n’est qu’après son départ que nos birbes déliquescents se retrouveront à nouveau dans l’intimité de leur incurie : le Haut-Perché du Parlement replongera dans l’ennui en enfilant les visiteurs à son clapier de Aïn el-Tiné qui déborde de petits riens, pendant que Mikou-les-Miquettes continuera de naviguer à la godille en distillant des banalités. Tous les matins, le Grand Sérail, véritable palais endormi, se réveillera par la grâce de la baguette de ce grand magicien, qui par ailleurs pédégère une tapée de sociétés dont il se gave des dividendes. Grand seigneur avec les fonctionnaires véreux, grigou assermenté avec le populo d’en bas.
Bref, en un mot comme en mille, les deux hommes n’ont rien à faire... et ils ont toute la vie pour le faire.
gabynasr@lorientlejour.com
"nos juristes, nos profs de droit constitutionnel doivent ... changer tout un système, et de fond en comble". Je quote 'Nabil', et j'ajoute: Merci pour l'article et les commentaires;
17 h 18, le 04 juillet 2023