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Lifestyle - Hot(on)line

Kareem Shuhaibar, la cuisine, Instagram et les « voice notes » de sa mère

Sur son compte Instagram @thevoicenotechef, ce jeune homme d’origine libanaise a surpris les réseaux sociaux et amusé tous les amoureux de notre cuisine en partageant les recettes de sa mère.

Kareem Shuhaibar, la cuisine, Instagram et les « voice notes » de sa mère

Josleen Shuhaibar et son fils Kareem, une complicité sans faille. Photo DR

Sa page Instagram a séduit plus de 75 700 personnes, en à peine deux ans. On y voit des vidéos et des recettes de taboulé, rez aa djeij et autres sheikh el-mehchi, toutes « dictées » par Josleen. Depuis, Kareem Shuhaibar et sa mère sont devenus des incontournables qui rajoutent leur pincée de poivre et d’humour, dans un quotidien parfois trop ennuyeux, à des recettes faciles et bien de chez nous.

Installé à New York où il est directeur de création dans une agence de publicité internationale depuis plus de 12 ans maintenant, il a travaillé sur trois continents et remporté de nombreuses récompenses dans ce domaine lors du célèbre festival des Lions à Cannes en France. « Je suis heureux du succès que j’ai pu obtenir à l’étranger, mais le Liban me manque encore. Il est toujours dans mon cœur et j’ai constamment le mal du pays. » Ce pays qu’il connaît sans même y être né et dont la nostalgie se ressent dans chacune de ses publications... « Je suis né à Washington DC, mais j’ai été élevé au Koweït, par un père koweïtien et une mère libanaise. Mon père a également des ancêtres libanais, souligne-t-il. Je suis très fier de ces deux aspects de ma personnalité et de mon identité, ils ont fait de moi ce que je suis. Mais bien sûr, ayant été élevé par ma mère, je suis extrêmement proche de mon héritage libanais. » Fier de son appartenance, cette chose qui fait partie de son ADN, même si, comme il l’avoue, « c’est difficile à croire mais je n’ai jamais vécu au Liban ».

Kareem enfant en compagnie de Josleen Shuhaibar, une mère exemplaire qui a élevé ses enfants avec force et tendresse. Photo DR

« Nous sommes, dit-il, des Libanais élevés à l’étranger, au Koweït et à Londres. Mais chaque année, je visite le Liban, généralement en été et à Noël, pour voir la famille. »

Son aventure, lancée sous le nom de @thevoicenotechef, a démarré spontanément durant la pandémie. « Je vivais à Londres et la ville était totalement fermée. J’en avais assez de manger des pizzas, des hamburgers et des fast-foods, la saveur et la chaleur de la nourriture de ma mère me manquaient. Ce réconfort dont nous avions tous besoin à ce moment-là. Je l’ai donc appelée et lui ai demandé “comment fait-on du loubieh bzeit” ? Elle m’a envoyé une recette par message vocal sur WhatsApp depuis le Koweït. Certes, cela a duré 45 minutes, mais j’ai réussi à faire le plat, et il était savoureux. Mes amis installés à Londres l’ont entendu et ont été fascinés. Ils ont trouvé ma mère adorable et hilarante, elle illustrait pour eux le charme typique d’une mère libanaise et beyrouthine. Ils m’ont fait télécharger la photo sur Instagram et, depuis, ma page est devenue virale. De nombreuses personnes sont tombées amoureuses du concept d’une mère qui, à des milliers de kilomètres, envoie à son fils une recette vocale, mais aussi de la chaleur de la voix de ma mère Josleen. »

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Depuis, le duo est apparu sur de grands sites d’information, dont, à deux reprises la BBC News. « En moins de deux ans, nous avons attiré plus de 75 000 fidèles. Toutes sont nos recettes familiales, des recettes typiquement libanaises. » Et un peu comme gage d’amour, une promesse à ce pays qui est en lui, « je tiens à les garder vivantes, même si nous sommes loin ».

Salade d’aubergines. Photo tirée du compte Instagram @thevoicenotechef

Nostalgie gourmande

« J’ai étudié aux États-Unis, raconte-t-il. J’ai obtenu mon diplôme de premier cycle à l’université George Washington et à l’université d’État de Pennsylvanie. » Lorsqu’il est d’abord refusé, « ma mère, qui croyait tellement en moi, a appelé le doyen responsable des admissions depuis l’étranger, et, à la libanaise, grâce à son charme et son pouvoir de persuasion, a réussi à le convaincre de reconsidérer ma candidature. Son intervention a servi, ils m’ont finalement accepté, tout cela à partir d’un simple appel téléphonique. »

Le « chich taouk » selon Josleen. Photo tirée du compte Instagram @thevoicenotechef

Derrière la personnalité de Kareem et sa force, on l’aura compris, une femme, non sans rappeler les mères libanaises, mais aussi juives et italiennes, dotée de caractère et de persévérance. Sa mère Josleen, un pilier dans sa vie, qui a toujours été là, au bout du fil de sa vie et pour qui « non » n’est juste pas possible. « Mon père est décédé il y a 25 ans, et elle a dû très vite s’atteler à élever quatre fils toute seule. Elle nous a habillés, nourris, nous a écoutés, calmés, nous a permis d’aller à l’école, puis à l’université et nous a aidés à réussir dans la vie – en sacrifiant son propre bonheur et ses ambitions.

Thevoicenotechef est une manière de la remercier. » Il poursuit : « Elle m’a appris à être un homme meilleur, et je suis fier de le dire, parce que c’est vrai. Ses enseignements vont bien au-delà de la cuisine : elle m’a inculqué le pouvoir de la gentillesse, de l’humour et du charisme. Être créatif et débrouillard, être reconnaissant de ce que l’on a et ne pas penser à ce que l’on n’a pas, toujours faire passer la famille en premier, réaliser qu’un travail n’est qu’un travail et que la santé est ce qu’il y a de plus important dans la vie. Y compris la santé mentale. »

Sucré ou salé, toutes les recettes partagées portent la nostalgie du Liban. Photo DR

Jamais sans ma mère

Véritable personnage de roman, ou de cinéma, Josleen Choueiri (Shuhaibar) a vite répondu à nos questions avec une énergie qui se ressent à des milliers de kilomètres. « Tout d’abord bonjour ma petite chérie ! Je suis flattée d’être abordée par L’Orient-Le Jour que nous lisons depuis notre tendre enfance. Comme pour toute Libanaise d’origine, le Liban occupe une grande place dans nos cœurs. On y tient comme à la prunelle de nos yeux ! Avoir quitté mon pays natal ne veut pas dire l’avoir déserté, insiste-t-elle, alors qu’elle vit toujours au Koweït. Il reste fortement vivant dans mon cœur avec ce bel héritage riche en coutumes, traditions, cultures, savoir-faire, cuisine. Il se relèvera, avec la grâce de Dieu. Gardons notre optimisme ! » Elle confirme à son tour son inquiétude, lors du confinement, de voir son fils mal se nourrir. « Je ne savais pas trop s’il se mettrait réellement à la cuisine. Après tout, il est spécialisé dans la publicité et non chef de cuisine ! »

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Embarquée sans le vouloir dans cette aventure d’Instagram, elle souligne : « Tout d’abord j’étais résistante, mais j’ai pensé aux jeunes qui devaient se nourrir aussi durant cette terrible pandémie et aux mamans inquiètes pour leurs enfants ainsi qu’aux célibataires de ce monde... Donner c’est recevoir. » Mariée « jeune », ayant vécu en Arizona les premières années de son mariage, elle confie avoir reçu de sa mère un carnet de recettes rédigées à la main, « que nous suivons encore. La preuve que ce sont à 100 % des plats traditionnels ».

Dans ces recettes libanaises simples et faciles, Kareem soigne aussi la présentation. Photo DR

« J’ai tout de suite appris à cuisiner, confie-t-elle encore, d’abord pour épater mon mari, car tout passe par l’estomac pour arriver au cœur chez les hommes, et puis donner le meilleur à mes enfants. » Avec des mots et des recettes sans filtre, tout droit sortis de son cœur, Josleen a conquis les internautes, les amis de Kareem, les férus de cuisine et les gourmands.

Sa page Instagram a séduit plus de 75 700 personnes, en à peine deux ans. On y voit des vidéos et des recettes de taboulé, rez aa djeij et autres sheikh el-mehchi, toutes « dictées » par Josleen. Depuis, Kareem Shuhaibar et sa mère sont devenus des incontournables qui rajoutent leur pincée de poivre et d’humour, dans un quotidien parfois trop ennuyeux, à des recettes...

commentaires (2)

I love this Instagram page, the mother, son, and recipes. I find inspiration in the warm voice notes.

Mireille Kang

23 h 51, le 10 juin 2023

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Commentaires (2)

  • I love this Instagram page, the mother, son, and recipes. I find inspiration in the warm voice notes.

    Mireille Kang

    23 h 51, le 10 juin 2023

  • Que Dieu vous garde !!!

    In Lebanon we (still) Trust

    11 h 58, le 09 juin 2023

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