
Le gouverneur de la Banque du Liban (BDL) Riad Salamé à Beyrouth, le 20 décembre 2021. Photo Joseph Eid/AFP
Le vice-président du gouvernement libanais sortant Saadé Chami a déclaré mardi dans un communiqué que "toute figure d'autorité accusée de crimes devrait démissionner", affirmant que dans les circonstances actuelles, le cabinet sortant "devrait demander la démission du gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé, ou décider de sa démission immédiate" avant de nommer son successeur. L'ordre du jour du Conseil des ministres prévu vendredi ne comporte cependant aucun point lié à cette question.
La juge d'instruction française Aude Buresi a émis un mandat d'arrêt international contre M. Salamé le 16 mai dernier pour corruption, faux et usage de faux, blanchiment d'argent et détournement de fonds.
À la suite de ce mandat d'arrêt, le Liban a reçu la semaine dernière une notice rouge d'Interpol à l'encontre de M. Salamé. Le gouverneur fait l'objet de multiples enquêtes criminelles pour des malversations financières supposées, tant au Liban qu'en Europe.
Dans une déclaration adressée au Premier ministre sortant Nagib Mikati et à l'ensemble du cabinet, M. Chami estime que "le gouverneur de la banque centrale se doit d'être une personne au-dessus de tout soupçon, et M. Salamé est accusé de crimes financiers majeurs". La semaine dernière, Saadé Chami ainsi que 10 députés avaient déjà demandé à M. Salamé de démissionner de son poste.
M. Chami ajoute qu'"à la lumière de la dernière décision rendue par la justice française, les allégations contre M. Salamé pourraient mettre en péril la crédibilité du gouvernement et menacer les relations financières du pays avec le reste du monde". Cela inclut le Fonds monétaire international (FMI), avec lequel le vice-Premier ministre mène des négociations visant à débloquer une aide de 3 milliards de dollars pour aider le pays à sortir d'une crise économique qui dure depuis des années.
Intérêt national
"Il est maintenant nécessaire que le cabinet demande la démission de M. Salamé pour des raisons d'intérêt national. Si cela ne se produit pas, il doit être suspendu ou démis de ses fonctions par le pouvoir exécutif", a déclaré M. Chami. Le gouvernement sortant de Mikati devant se réunir vendredi, M. Chami a demandé que cette question soit inscrite à l'ordre du jour.
Mais le cas Riad Salamé n'est pas mentionné parmi les 72 points inscrits à l'ordre du jour du Conseil des ministres, qui devrait officiellement se pencher sur l'ouverture de crédits, notamment pour l'impression de passeports biométriques, l'importation du boulgour, ou encore des exemptions de visa d'entrée pour les détenteurs de passeports diplomatiques.
M. Chami a encore ajouté qu'il est temps pour le cabinet sortant de "nommer un nouveau gouverneur de la banque centrale", arguant que l'urgence de cette question pourrait justifier une décision prise par l'Exécutif, même compte tenu de son statut démissionnaire. Le gouvernement actuel est en effet chargé d'expédier les affaires courantes depuis les élections législatives de mai 2022.
Saadé Chami a dans ce cadre prôné des discussions avec les différents groupes parlementaires non représentés au sein du gouvernement afin de "se mettre d'accord sur un gouverneur ayant la crédibilité, les compétences et l'expérience requises pour gérer cette institution très importante". Si un tel accord ne peut être trouvé, le premier vice-gouverneur de la BDL "assumera la fonction jusqu'à ce qu'un nouveau gouverneur soit nommé", a ajouté M. Chami.
"Dire que M. Salamé est le seul responsable de la crise financière du pays n'est pas vrai, mais le maintenir dans ses fonctions alors qu'il est recherché par plusieurs pays est un dévoiement de nos principes. Il porte toujours une lourde responsabilité pour les méfaits et les mauvaises politiques de la Banque du Liban qui ont déprécié la monnaie", a en outre estimé M. Chami dans son texte.
Depuis la publication de la décision judiciaire française contre Riad Salamé, plusieurs ministres ont appelé à sa démission ou demandé qu'il soit remercié. Le vice-président du Parlement Elias Bou Saab s'est également dit en faveur d'une telle décision. A contre-courant, le ministre sortant des Finances Youssef Khalil avait indiqué à une chaîne de télévision locale qu'une telle démission n'est pas nécessaire étant donné la fin toute proche du mandat du gouverneur au mois de juillet.
Le vice-président du gouvernement libanais sortant Saadé Chami a déclaré mardi dans un communiqué que "toute figure d'autorité accusée de crimes devrait démissionner", affirmant que dans les circonstances actuelles, le cabinet sortant "devrait demander la démission du gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé, ou décider de sa démission immédiate" avant de nommer son successeur....
commentaires (11)
Ils n’osent pas, ils sont tous impliqués jusqu’au cou dans le vol, la corruption et la trahison de leur pays. Ils se valent et se protègent les uns les autres en jouant au vertueux qui veulent connaître la vérité sur la ruine et l’anéantissement de notre pays alors qu’ils ont été en première loge pour se remplir les fouilles.
Sissi zayyat
18 h 33, le 26 mai 2023