Le secrétaire général de l’Association des banques du Liban (ABL) Fady Khalaf a assuré à l’agence al-Markaziya qu’aucune « grande banque européenne » n’avait décidé de suspendre ses relations de banque correspondante avec des établissements libanais à la suite des derniers développements de l’affaire impliquant le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé. Cette information avait été relayée sans davantage de détails par le quotidien panarabe Asharq al-Awsat, avant d’être reprise sur les réseaux sociaux.
L’ancien PDG de la Bourse de Beyrouth a cependant reconnu qu’un établissement européen avait bien récemment arrêté de travailler avec trois banques libanaises, mais que cette décision avait été prise pour des raisons de « profitabilité ». Il a aussi assuré que l’établissement européen dont il était question avait maintenu ses relations avec les autres banques libanaises avec qui elle était déjà en affaire sans dévoiler aucun des noms en cause. Contacté, il n’a pas fourni d'autres détails.
Confirmations au sein du secteur
Selon deux sources bancaires que nous avons contactées et qui ne sont pas autorisées à parler à la presse, l'établissement en question serait l’enseigne allemande Commerzbank AG, dont le nom apparaît sur les pages des sites internet de plusieurs établissements libanais, principalement des banques Alpha (les plus importantes du pays en termes d’actifs et de dépôts selon les classifications en vigueur avant la crise). Elles confirment que la banque allemande a bien maintenu ses relations avec « 5 banques libanaises » et que ces dernières ne sont pas menacées.
Dans l’impossibilité de rentrer en contact par téléphone avec le département concerné, L’Orient-Le Jour a envoyé une demande de confirmation par mail à Commerzbank lundi soir et reste dans l’attente d’une éventuelle réponse. L'une des deux sources bancaires a ajouté que l’information concernant l’arrêt des relations entre la « grande banque européenne » et trois banques libanaises remontait à plusieurs semaines.
Les relations de banques correspondantes permettent aux établissements d’un pays donné de domicilier des comptes dans un autre qui possède une monnaie différente pour notamment effectuer des transferts d’un pays à l’autre. Celles liant les banques libanaises avec d’autres en Europe ou encore aux États-Unis ont été naturellement perturbées par la crise que traverse le secteur bancaire libanais depuis 2019. Le fait que le gouverneur de la banque centrale Riad Salamé fasse l'objet depuis le 18 mai d'une notice rouge d'Interpol consécutive à un mandat d'arrêt international émis par la justice française deux jours auparavant à son encontre alimente les spéculations concernant la réaction des instances bancaires dans les pays en relation avec le Liban. Le gouvernement libanais a prévu de se pencher vendredi sur le sort du gouverneur, en poste depuis 1993 et qui rejette systématiquement jusqu'ici les accusations qui planent contre lui.
De manière incidente, la prise de parole de Fadi Khalaf lundi constitue la première réaction publique de l’ABL depuis ces deux développements.
Comment les libanais acceptent cela Et ils continuent à voter pour des corrompus Il est vrai que tous les peuples ont ces faiblesses
20 h 16, le 23 mai 2023