Des officiers de la marine saoudienne aident un enfant à embarquer lors de son évacuation depuis le Soudan, le 22 avril 2023. Photo Saudi Ministry of Defense/Handout via Reuters
Un convoi transportant quelque 60 Libanais évacués de Khartoum, la capitale du Soudan en proie aux combats depuis plus d'une semaine, est en route pour Beyrouth via la mer, a déclaré dimanche à L'Orient Today le conseiller du Premier ministre sortant Nagib Mikati, Farès Gemayel, sans donner de détails sur l'itinéraire précis du convoi.
Des violences ont éclaté au Soudan le 15 avril dernier entre l'armée conduite par le général Abdel Fattah al-Burhane, dirigeant de facto du pays depuis qu'un coup d'État en 2021 a renversé le gouvernement de Omar el-Bachir, et son adjoint devenu rival, le général Mohammad Hamdane Dagalo, qui commande les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR). Les combats se poursuivent malgré plusieurs tentatives de cessez-le-feu.
"L'ambassade du Liban au Soudan a organisé un convoi pour évacuer tous les Libanais de ce pays, soit une soixantaine de personnes, vers le Liban par voie maritime, et l'ambassadrice du Liban Dima Haddad est actuellement avec eux", a précisé M. Gemayel. Il a ajouté que "tous les passagers sont sains et saufs et aucun d'entre eux n'a été blessé lorsque les violences ont éclaté".
"Nous ne pouvons pas donner plus d'informations afin de garantir la sécurité de ceux qui travaillent sur le terrain, et demandons aux médias de comprendre le caractère sensible de la situation. Pour l'instant, toutes les informations dont nous disposons indiquent que les citoyens sont en sécurité et ont été évacués", a de son côté déclaré dimanche à L'Orient Today le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Walid Haïdar. Le seul accès maritime au Soudan est la mer Rouge, face à l'Arabie saoudite.
Nagib Mikati et le ministre des Affaires étrangères Abdallah Bou Habib se sont rencontrés dimanche pour examiner le "retour en toute sécurité de Khartoum à Beyrouth des Libanais", rapporte pour sa part l'Agence nationale d'information (ANI, officielle).
Samedi déjà, le ministère des AE avait fait savoir dans un communiqué que "les Libanais au Soudan souhaitant se rendre par voie terrestre et à leurs propres risques à la frontière égyptienne sont invités à envoyer une copie de leur passeport à l'ambassade du Liban au Caire, via WhatsApp, au numéro du consul Ibrahim Charara +20 122 011 3222". Le ministère a conseillé aux personnes concernées de se rendre à la frontière "au moyen des transports publics et non dans leurs véhicules personnels" pour leur propre sécurité.
"Mon mari a été abandonné"
Zeina Mneimné, épouse de Abdel Rahmane Tayara, un homme d'affaires libanais bloqué à Khartoum depuis le début des affrontements, a affirmé dimanche à L'Orient Today que son "mari a été abandonné et il est actuellement bloqué au milieu des combats".
"Il est coincé dans son hôtel, qui se trouve à 25 minutes de route du point de rendez-vous du convoi d'évacuation. De ce fait, il n'a pas pu le prendre au départ de Khartoum. Un chauffeur a exigé 6.000 dollars pour le transporter, alors mon mari n'y est pas allé. C'était trop dangereux ; ils auraient dû passer par l'aéroport, qui est extrêmement dangereux", a-t-elle ajouté.
Selon son épouse, M. Tayara aurait été informé par l'ambassade du Liban que son nom était consigné à l'ambassade de France et que celle-ci le contacterait pour l'évacuer. Cependant, il ne faisait pas partie dimanche des premiers convois français.
Zeina Mneimné indique avoir essayé de contacter plusieurs autres ambassades, dans l'espoir que son mari sera exfiltré lorsque leurs convois arriveront. "Mes enfants et moi sommes effondrés. Nous sommes très inquiets. Je ne peux pas croire que le convoi libanais soit parti sans lui", a-t-elle confié.
Washington, Paris, Rome et Riyad évacuent leurs ressortissants
Les forces armées soudanaises et les FSR ont toutes deux déclaré qu'elles étaient prêtes à aider à l'évacuation des ressortissants étrangers.
Les troupes régulières ont fait savoir dans un communiqué samedi que leur chef, le général Abdel Fattah al-Burhane, avait "accepté de fournir l'assistance nécessaire" pour faciliter l'évacuation en toute sécurité des ressortissants étrangers du pays, en réponse aux "appels d'un certain nombre de chefs d'État".
"L'évacuation de toutes les missions dont les pays ont fait la demande devrait commencer dans les heures qui viennent. Les États-Unis, le Royaume-Uni, la France et la Chine évacueront leurs diplomates et leurs ressortissants par voie aérienne à l'aide d'avions de transport militaire appartenant à leurs forces armées respectives à partir de Khartoum, et cela devrait commencer immédiatement", a déclaré l'armée régulière dans un communiqué publié sur sa page Facebook.
Les troupes américaines sont intervenues à bord d'hélicoptères pour évacuer le personnel de l'ambassade de la capitale soudanaise déchirée par les combats, a annoncé dimanche le président Joe Biden. Le ministère français des Affaires étrangères a également déclaré dimanche qu'une "opération d'évacuation rapide" avait commencé et que les citoyens européens et ceux des "pays partenaires alliés" seraient également aidés, sans donner plus de détails. L'Italie, le Royaume-uni et la Turquie ont également annoncé le début des opérations d'évacuation dimanche.
L'Arabie saoudite a confirmé samedi qu'elle avait dégagé plus de 150 personnes du Soudan et que parmi les personnes évacuées vers Djeddah se trouvaient des diplomates et des fonctionnaires internationaux, a précisé le ministère saoudien des AE dans un communiqué.
Le communiqué souligne que 91 Saoudiens, ainsi que 66 autres personnes originaires d'autres pays, dont le Qatar, le Pakistan, les Émirats arabes unis et le Canada, ont été sortis sains et saufs.
Les Nations unies ont prévenu qu'environ 20.000 personnes - principalement des femmes et des enfants - ont fui le Soudan pour se réfugier au Tchad, de l'autre côté de la frontière avec le Darfour.
Welcome back… D’un pays en crise à l’autre.
09 h 27, le 24 avril 2023