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Nos Lecteurs ont la Parole

De la désunion au déclin à la ruine : dialogue impossible ?

Un constat s’impose, les personnes en charge de l’État sont défaillantes, incapables de penser à une relève et incapables de gérer le pays. Faut-il rappeler le cumul de leurs méfaits et les conséquences sur la faillite de l’État et du système démocratique qui était respecté par le passé ? Ces personnes responsables s’accommodent d’une mainmise sur les leviers des restes de l’État. Ils se gargarisent de formules vides pour tromper le peuple et avec l’extérieur des formules magiques pour faire semblant. Le pays a plus de vides que le pleins, c’est un monde complètement à l’envers où le faux est préféré au vrai. Ils ont dévié les bons principes de gouvernance en démocratie illibérale. Les chantres du communautarisme s’abritent dans un extrémisme séparatiste sectaire qui en fait leur raison d’être ou leur gagne-pain. Dans ce petit pays, l’état civil, le mariage et le divorce sont entre les mains des communautés. Les écoles, les hôpitaux reflètent les mêmes appartenances. Georges Naccache en son temps disait : « Deux négations ne font pas une nation », nous sommes dans une situation ô combien plus discordante avec de multiples négations. Un pays, une société sont ingérables avec autant de tiraillements créés par ceux-là mêmes qui gouvernent. Et la question se pose si le Liban est viable avec tant de tiraillements créés par les gouvernants. Est-ce la haine qui les guide, est-ce l’ignorance ou bien sont-ils les jouets d’un parrain extérieur ? Est-ce l’arrogance qui gonfle leur imaginaire pour que certains se vantent de leur force et cherchent à s’imposer ? Cette attitude présomptueuse appelle une réaction opposée par les autres. Et même le poids de la force ou des armes n’est en fait qu’un appel à une attitude identique de l’autre bord. Notre système démocratique n’en est plus un si un groupe armé peut imposer ses vues, ses fantasmes et ses croyances. L’absence de responsables, femmes d’État ou hommes d’État, qui savent jouer la médiation et rapprocher les réflexions va perpétuer les conflits. Les dirigeants pirates agissent en déviant pour devenir passionnels ou pervers loin des principes démocratiques. Ils sont plus clivants que fédérateurs et loin de toute rationalité apaisante.

Pour rechercher la relève du pays, il faut un discours d’union se référant aux grands principes démocratiques avec un État, avec le règne de la loi, un espace de liberté, un pouvoir rationnel et une gouvernance honnête et dynamique. L’homme d’État capable de guider cette démarche est un personnage sans fissure et sans fêlure. C’est une personnalité qui respecte le peuple, l’éthique et le bien commun. Nos hommes politiques manipulent les élections et n’ont d’intérêt que leurs avantages personnels. D’aucun rétorquent en disant que « c’est la faute des électeurs » qui votent pour eux. Mais l’électeur est abusé, trompé et des fois soudoyé par de l’argent ou des services. Les tenants de cette réflexion simpliste se donnent bonne conscience en disant que c’est la faute du peuple. Est-il possible de demander à des milliers d’électeurs d’être bien intentionnés, votant pour un candidat honnête qui votera des lois au Parlement et imposera leur application par un gouvernement ? Il existe des règles pour un Parlement honnête qui doivent s’appliquer à tous les membres. Et comment peut-on assister à la vantardise d’un ministre qui se glorifie que son groupe de tutelle lui a suggéré de retirer son projet d’adjudication faite à l’amiable ? Et il le fait en toute bravoure. Mais c’est devant un tribunal qu’il faut le faire comparaître et le juger pour abus de confiance et dilapidation des biens sociaux. Des présidents aux États-Unis (Trump) et en France (Sarkozy), et des ministres sont condamnés pour moins que ça. Mais comme en Afrique, les responsables coupables sont confirmés dans leurs fonctions.

Répétons-le, l’homme politique cherche à gagner les élections et à partager des avantages une fois élu. Mais l’homme d’État se préoccupe de l’intérêt du pays, de la société, et, globalement, des conditions de vie et de développement de tout le groupe social par l’éducation et l’avenir de la jeunesse. Nos responsables noyés dans leur perversion sont incapables de se corriger. La seule chance de leur échapper est de les écarter par tous les moyens, par une désobéissance civile, par un élan de jeunesse bien guidé par les principes d’éthique. Nous savons que la démocratie est conflictuelle, et les responsables doivent respecter les lois et non les détourner.

La démocratie espérée est à l’opposé des règles miliciennes et mafieuses.

La démocratie espérée est celle qui accepte le désaccord avec un dialogue honnête et serein pour fluidifier les tensions et les oppositions.

La démocratie espérée est celle du pouvoir de la loi, et non du pouvoir de la force, une démocratie libérale.

La démocratie espérée est celle qui veille au bon fonctionnement de l’administration pour le bien de tous contre la corruption.

La démocratie espérée est celle qui veille au développement économique d’un État qui a la protection d’une armée, seule détentrice du monopole de la force.

La démocratie espérée est celle du respect de la séparation des pouvoirs, de l’égalité de tous devant la loi et du respect des normes.

La démocratie espérée est celle qui négocie activement le retour des déplacés avec la Syrie et surtout avec les puissances internationales qui semblent complices de la caste politique non fiable au Liban.

La démocratie espérée est celle qui libère la justice (et les magistrats qui doivent se libérer de leur servitude volontaire face aux politiques) pour faire régner la loi et révéler au grand jour l’énigme de la double explosion au port en 2020.

Il y a certes une crise de la démocratie représentative car les hommes politiques sont corrompus. Mais toucher un peuple dans sa dignité, c’est l’entraîner à la révolte qui le vengera de ses bourreaux. La démocratie doit rester un code moral. Il faut en fait reconstruire l’État par d’autres politiques sérieux vigoureux et bosseurs, c’est-à-dire réunir, rassembler les groupuscules séparés. Ou bien réfléchir sans honte à d’autres formes de rassemblement fédérateur, une fédération, malgré la gêne qu’ont certains à accepter cette voie. Et enfin, en attendant un deal pour la région, écartons les fusils, les mitraillettes, les canons et les visions déviantes, et ouvrons la voie à la conciliation et à la paix. Le rêve des Libanais n’est pas une chimère, c’est une aspiration au meilleur, à la créativité, à l’ouverture et au bien-être de tous.

Psychiatre, psychanalyste

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

Un constat s’impose, les personnes en charge de l’État sont défaillantes, incapables de penser à une relève et incapables de gérer le pays. Faut-il rappeler le cumul de leurs méfaits et les conséquences sur la faillite de l’État et du système démocratique qui était respecté par le passé ? Ces personnes responsables s’accommodent d’une mainmise sur les leviers des restes de...

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