Des centaines de retraités de l'armée, de fonctionnaires, de propriétaires de biens à "anciens loyers" et d'enseignants des écoles publiques ont manifesté mardi dans le centre de Beyrouth, avant une réunion du gouvernement sortant qui devrait discuter des salaires des travailleurs.
Les manifestants ont demandé que leurs salaires soient convertis en dollars, que le gouvernement prenne en charge leur indemnité de transport et qu'ils bénéficient d'une couverture médicale.
Le Conseil des ministres a entamé sa réunion vers 16h.
L'ancien officier de l'armée George Nader, présent sur le terrain, a déclaré à notre photographe sur place Mohammad Yassine : "Nous exigeons que 10 % de nos pensions soient payées en dollars et une couverture médicale complète".
Gaz lacrymogènes
Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), des manifestants ont tenté de couper des fils barbelés près du Grand Sérail. La police a répliqué par des tirs de gaz lacrymogènes, indique notre photographe. Selon lui, au moins un retraité des forces armées manifestant a dû être évacué blessé après que les forces de sécurité ont lancé une nouvelle salve de gaz lacrymogène pour empêcher les protestataires d'entrer de force au Sérail.
L'ancien député et ex-officier de l'armée Chamel Roukoz a déclaré aux médias locaux que "si les demandes des citoyens ne sont pas entendues, la situation va dégénérer". Pour lui, la seule façon d'aller de l'avant serait d'accorder des salaires et des pensions équitables aux employés et aux retraités.
Certains manifestants brandissaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : "Nous avons protégé le pays en temps de guerre, nous avons le droit de vivre dans la dignité", ou encore : "C'est nous les retraités qui avons construit et c'est vous qui avez volé, bande de voleurs".
Le 30 mars dernier, des centaines de retraités de l'armée ont manifesté à Beyrouth pour réclamer de meilleures conditions de vie et se sont heurtés aux forces de sécurité.
La livre libanaise a perdu plus de 90 % de sa valeur par rapport au dollar au cours des trois dernières années, plongeant plus des trois quarts de la population libanaise sous le seuil de pauvreté.
"L'ancienne loi sur les loyers"
Plus tôt dans la matinée, des dizaines de propriétaires de biens immobiliers encore soumis à l'"ancienne loi sur les loyers" ont manifesté place Riad el-Solh et menacé de mener une campagne de "désobéissance fiscale" si la loi n'était pas révisée et si les loyers n'étaient pas majorés, rapporte l'Ani.
L'ancienne loi sur les loyers, datant de juillet 1992 après la fin de la guerre civile, gelait tous les contrats de location signés avant cette date.
Entre-temps, sans président de la République ni gouvernement doté des pleins pouvoirs, les autorités libanaises continuent de retarder les réformes nécessaires pour enrayer l'effondrement économique et financier du pays et recevoir un éventuel prêt du Fonds monétaire international (FMI).
commentaires (1)
Puisque nos jeunes ont été chassés de leur pays, il ne reste que nos compatriotes anciens qui en ont vu d’autres pour les relayer en s’opposant à la caste pourrie qui détruit notre pays. C’est un bon début et le réveil se met en marche. Vu la dose d’assommants qu’ils ont pris le soin d’instiller dans notre société, cela pourrait prendre un peu de temps mais il ne faut jamais se résigner ni abandonner et encore moins désespérer puisque cela fait partie des projets des fossoyeurs qui misent sur notre lassitude et notre dégoût de la politique et de ceux qui la représentent pour gagner. Il faut les déloger coûte que coûte, c’est notre devoir envers notre patrie et ce sera le seul moyen de voir revenir nos enfants au pays.
Sissi zayyat
13 h 00, le 21 avril 2023