"Duo d'autoritarisme et de corruption", pouvoirs exécutif et législatif "confondus" : le chef du Courant patriotique libre (CPL, aouniste) Gebran Bassil a tiré à boulets rouges sur le Premier ministre sortant Nagib Mikati et le président du Parlement Nabih Berry, les accusant de s'accaparer le pouvoir dans un Liban confronté à une vacance à la magistrature suprême depuis cinq mois.
M. Bassil, de plus en plus isolé depuis la fin du mandat de son beau-père Michel Aoun le 31 octobre dernier, a fustigé vendredi soir une série de décisions prises récemment par les deux responsables, notamment le report du passage à l'heure d'été et le projet de construction d'un nouveau terminal à l'Aéroport international de Beyrouth (AIB). Il s'en est également pris implicitement à son unique allié, le Hezbollah, avec lequel ses relations se sont dernièrement tendues dans le cadre de la présidentielle.
Critiques en série
"Vous reconnaissez maintenant la valeur du président fort après la fin de son mandat ? Alors que le dollar valait 5, 10 ou encore 20.000 livres, vous avez considéré son mandat comme étant un enfer", a souligné M. Bassil lors d'un discours prononcé dans un dîner interne au parti, dans une référence à Michel Aoun. Les détracteurs de l'ex-président estimaient que la monnaie nationale, en chute libre face au dollar depuis 2019, se redresserait sur le marché parallèle à la fin de son sexennat. Mais la livre continue de se déprécier, franchissant le cap symbolique des 100.000 LL/dollar la semaine dernière.
"Quand le dollar vaudra 100.000 LL, 200.000 LL ou encore un million, comment allez-vous considérer leur mandat ?", a poursuivi M. Bassil, dans une référence à MM. Mikati et Berry. "Leur mandat est un duo d'autoritarisme et de corruption. Espérons qu'ils ne deviendront pas trois", a-t-il renchéri, en craignant l'élection d'un nouveau chef de l'État qui leur soit favorable.
Le chef du CPL a par la suite critiqué l'annonce faite lundi par le ministre sortant des Travaux publics et des Transports Ali Hamiyé, affilié au Hezbollah, sur l’ouverture à l'AIB en mars d’un second terminal pouvant accueillir 3,5 millions de voyageurs par an. "Sous leur mandat, ils veulent qu'un terminal soit construit sans appel d'offres et pour le compte de son nouveau patron", a-t-il fustigé, dans une référence au tandem chiite Amal-Hezbollah. M. Hamiyé a fait appel à la société irlandaise Dublin Airport Authority International (DAA International) pour entreprendre ce projet que le Liban ne peut même pas financer alors qu'il se débat dans une grave crise économique.
"Sous leur mandat, le Fonds monétaire international (FMI) a parlé d'''inaction' du gouvernement, du Parlement et de la Banque du Liban (BDL), prévenant que sans réformes, le pays plongera d'ici octobre dans une crise sans fin", a rappelé M. Bassil. En déplacement à Beyrouth, le chef de mission du FMI pour le Liban, Ernesto Ramirez Rigo, a estimé jeudi que le pays "se trouve à un moment très dangereux, à la croisée des chemins", déplorant la lenteur de la mise en œuvre des réformes par les responsables.
Pour le chef du CPL, "le problème, c'est que le banquier ne veut pas (de réformes), ce qui veut dire que la classe au pouvoir ne le veut pas non plus et tombe dans l'inaction". Une référence peu voilée au gouverneur de la BDL Riad Salamé, visé par des enquêtes internationales et locales pour des soupçons de blanchiment d'argent.
M. Bassil a également critiqué l'absence de "plan alternatif". "Leur alternative, ce sont des circulaires douteuses (émises par la BDL, ndlr) et leurs décrets illégaux" (ceux de MM. Berry et Mikati). Et ils pensent qu'il doit y avoir, avec le président, un gouvernement réformateur qui dispose de prérogatives exceptionnelles liées à la législation", a-t-il dénoncé.
Pouvoirs exécutif et législatif "confondus"
Le député de Batroun s'en est aussi pris à la décision du Grand Sérail de reporter d'un mois le passage à l'heure d'été, qui se fait d’habitude le dernier week-end de mars. Officiellement, aucune raison n’a été avancée pour cette décision, mais un conseiller de M. Mikati, et une vidéo d'une réunion entre celui-ci et M. Berry jeudi, confirment qu’elle est liée au mois du Ramadan, qui a débuté cette semaine et au cours duquel les musulmans pratiquants jeûnent du lever au coucher du soleil. Il s’agirait donc d’une manière d’écourter les journées de jeûne, bien qu'il ne soit pas lié à des considérations horaires.
"Ils dirigent le pays tout comme ils changent l'heure. Tu ne peux pas respecter le temps ? Change l'heure, sans prendre en considération le calendrier international et les liens avec l'économie mondiale. Continue d'isoler le Liban de la communauté internationale, son calendrier et ses développements", a lancé M. Bassil, dans une critique au Premier ministre sortant. "Le pouvoir exécutif s'est confondu avec le pouvoir législatif", a-t-il déclaré, estimant qu'"il ne faut pas se taire mais présenter un recours contre leur décision ou ne pas la respecter". Avant d'ajouter : "La réaction ne doit pas être confessionnelle parce qu'il ne s'agit pas d'une affaire confessionnelle mais d'arrogance, d'ignorance et de personnes qui cherchent à s'affirmer".
Mise en garde contre la division
Le parlementaire a par ailleurs soutenu que son parti doit continuer de "veiller sur l'unité du Liban et refuser qu'il soit divisé". "Nous refusons, faisons face et empêcherons tout acte de sabotage sur le terrain qui entraînera la destruction", a-t-il insisté, affirmant que "les Chrétiens ne sont pas un chantier d'essai pour les complots de certains". "Leur mandat pousse les gens vers le fédéralisme et la division, alors que nous les poussons vers un État centralisé à travers une décentralisation administrative et financière globale", a-t-il déploré.
Avant d'abonder : "Leur mandat bloque l'État, la Constitution et la loi, et éveille les instincts confessionnels. Leur classe politique est prête à créer la sédition et la guerre afin de rester dominante, et à rester ainsi sans président. Elle n'acceptera de président que s'il est son partenaire dans la corruption et s'il se soumet à ses décisions".
Présidentielle
Le chef du CPL, candidat officieux à la présidentielle, a ensuite dressé le profil du futur chef de l'État. Il a ainsi plaidé en faveur d'un président qui "fait face à la classe au pouvoir pour arrêter ses crimes" et qui soit "maître de ses décisions". "Nous voulons un président qui fera du Liban le centre, et qui ne le mettra pas sur des axes de conflits", a-t-il souligné, dans une critique implicite à la politique pro-iranienne du Hezbollah, qui a récemment annoncé son soutien à son rival politique Sleiman Frangié. "Un président qui fait face aux autres pays et refuse que les déplacés et réfugiés restent sur son territoire. Un président qui ne se tait pas si un ambassadeur le menace", a-t-il dit. Pour Bassil, le nouveau président "doit préserver le poste de la présidence et ses prérogatives, être convaincu qu'il est performant et qu'il n'est pas figuratif, qu'il est partenaire au pouvoir et non pas un arbitre sans sifflet".
Les déclarations de M. Bassil interviennent alors que plusieurs observateurs estiment que le rapprochement irano-saoudien débloquera la présidentielle au Liban. Jusque-là, le député de Zghorta, Michel Moawad, soutenu par l'Arabie saoudite et l'opposition, a récolté le plus de voix, auprès de l'opposition, d'indépendants et de députés de la contestation, lors des onze séances parlementaires tenues depuis septembre dernier. Face à lui, le chef du courant des Marada, Sleiman Frangié, est soutenu par le tandem chiite, au grand dam du chef du CPL, bien que jusqu'à présent, un seul bulletin ait porté le nom de M. Frangié lors des séances parlementaires électorales.
Tout est vrai et tout est bien dit sauf que ... ... le Bassil oublie qu'il a trempé, jusqu'au cou, dans cette mouise et donc qu'il est aussi l’un des principaux responsables de la catastrophe du pays. Ce n'est qu'aujourd'hui qu'il s'est rappelé que le Liban ne doit pas se positionner sur des axes de conflits? Ce n'est que maintenant qu'il s'est rendu compte que l’état était géré par des incapables!? Mais il en fait parti sinon des le début il n'aurait jamais du signer un quelconque accord avec le Hezbollah mais chercher a améliorer le pacte du 14 Mars, comme il aurait du respecter les accords de Meerab par après. Il est toujours temps pour lui de se ressaisir t de surprendre ceux qui se sont servit de lui en se présentant au parlement et votant pour Moawad donnant une leçon aux Mikati, Berry et Nasrallah. Il gagnera beaucoup plus a réagir dans l’intérêt du pays que d’espérer encore être soutenu par ses criminels complices et traite a la nation. Dans les deux cas il en perdant, mais au moins il aura perdu dans la dignité en essayant de sauver le pays a son corps défendant. La question qui se pose, le peut il ou s’être vendu au diable et a présent irréversible pour lui?
13 h 08, le 27 mars 2023