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Environnement - Interview express

Pourquoi, après les récents séismes, la crainte d’un tsunami n’est pas justifiée

L'observation scientifique ne permet pas de conclure à une telle possibilité, selon Tony Nemr, professeur de géologie et de sismologie à l’AUB.

Pourquoi, après les récents séismes, la crainte d’un tsunami n’est pas justifiée

La côte est devenue, depuis le 6 février, une nouvelle source d’angoisse pour les Libanais, par peur d’éventuels tsunamis. Une peur largement injustifiée, selon Tony Nemr. Ici, la côte de Aïn el-Mreissé, à Beyrouth. Photo Mohammad Yassine

Alors que la perspective d’une grande vague destructrice s’ajoute aux multiples angoisses dont souffrent les Libanais depuis le séisme destructeur du 6 février en Turquie et en Syrie et les multiples répliques qui ont suivi, Tony Nemr, professeur de géologie et de sismologie à l’AUB, explique pourquoi l’observation scientifique ne permet pas de conclure à la possibilité d’un tsunami qui découlerait du grand événement sismique, loin de là. Un point sur ce qui provoque d’habitude un tsunami, la situation en Méditerranée et les pronostics par rapport à la crise actuelle.

Qu’est-ce qui provoque un tsunami de manière générale ?

Un grand tremblement de terre – de 6,5 degrés sur l’échelle de Richter ou plus –, qui aurait lieu au niveau du sous-sol marin, peut causer un tsunami. En bougeant, le sous-sol marin déplace par la même occasion des quantités considérables d’eau qui se retirent avant de se rabattre en d’énormes vagues sur le littoral.

Il y a un autre cas de figure où un tsunami pourrait avoir lieu : dans le cas d’un séisme très puissant sur la côte qui provoquerait un glissement de terrain vers la mer. Mais le premier cas est le plus courant.

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La Méditerranée peut-elle causer des tsunamis ? Et seraient-ils aussi puissants que ceux provoqués par les séismes dans les océans ?

Ce dont nous sommes sûrs, c’est que la Méditerranée a causé des tsunamis par le passé, sur les rives est et ouest, et pourrait donc en provoquer à l’avenir. Mais afin de savoir quelle puissance pourraient atteindre ces tsunamis, il faut effectuer une simulation scientifique prenant en compte des facteurs comme la magnitude du séisme ou encore la quantité d’eau déplacée. De telles simulations nécessitent des ordinateurs spéciaux qui ne sont pas à ma disposition. J’ai un projet de mener une telle étude en collaboration avec une université en Turquie, mais je n’ai pas encore pu le concrétiser.

Il est vrai qu’en théorie, une mer comme la Méditerranée ne devrait pas produire des tsunamis aussi puissants que des océans beaucoup plus vastes, mais cela reste à vérifier à travers la simulation.

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Dans l’état actuel des choses, suite au séisme destructeur du 6 février en Turquie et en Syrie, les craintes partagées par beaucoup de Libanais concernant un éventuel tsunami, provoqué par l’une ou l’autre des répliques, sont-elles justifiées ?

Ce qui se passe actuellement, même au vu des secousses légères au large des pays de l’est de la Méditerranée, ne me fait pas peur. Pour ma part, je surveille tout particulièrement une structure rocheuse sous-marine entre le Liban et Chypre appelée « la chaîne de Lattaquié ». Elle m’intéresse parce qu’elle est susceptible de provoquer des tsunamis et serait reliée d’une manière ou d’une autre à la grande faille dont un segment a bougé en Turquie. Or, jusque-là (près de 20 jours après le séisme), rien ne s’y passe et je n’y décèle aucun mouvement.

Je comprends les appréhensions des Libanais, qui lisent ce qui circule sur les réseaux sociaux et autres, sans toujours en vérifier la source. En ce qui me concerne, me basant sur mes observations scientifiques, je ne pense pas qu’il soit justifié de craindre un tsunami en Méditerranée suite à cet événement sismique. 

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