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Environnement - Sismologie

Fake news, théories douteuses : comment ramener la science au centre du débat

L’hydrogéologue Naji Kehdy analyse pour « L’Orient-Le Jour » les raisons de la panique générale à la moindre secousse et donne une explication scientifique des turbulences de ces derniers jours.

Fake news, théories douteuses : comment ramener la science au centre du débat

Une scène de panique observée au Akkar après la secousse de la nuit du 20 au 21 février. Photo envoyée par notre correspondant Michel Hallak

Depuis le tremblement de terre dévastateur au sud de la Turquie et en Syrie, et l’enchaînement d’images saisissantes de destruction et de mort, la moindre secousse est devenue source de panique généralisée dans les différentes régions libanaises. Bien que la majorité des répliques se passent dans la zone initiale du séisme et qu’elles soient ressenties plus faiblement au Liban, les images de citoyens prenant la route en pleine nuit pour fuir leurs bâtiments se sont répétées à plusieurs reprises, notamment dans la nuit du 20 au 21 février, suite à une secousse de magnitude 6,3 en Anatolie qui avait été ressentie au Liban. Parallèlement, sur les réseaux sociaux et dans certains médias, des théories pseudo-scientifiques ou carrément fantaisistes contribuent à faire enfler la rumeur : des prédictions de toutes sortes (un séisme qui aura lieu tel jour…), à la gravitation des planètes qui aurait un effet sur le sous-sol de la terre, aux objets volants non identifiés repérés au moment de la secousse… Internet foisonne de données sans fondement qui alimentent la peur et font régner l’irrationalité.

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« Le succès de ces fake news ne doit pas être attribué à ceux qui les propagent, mais plutôt au public qui, déjà vulnérable et soumis à un stress intense du fait de la crise économique, recherche les scénarios les plus angoissants parce qu’il est naturellement plus réceptif aux nouvelles alarmistes », explique Naji Kehdy, hydrogéologue et professeur d’hydrogéologie et de géologie à l’Université libanaise à Zahlé. Ce scientifique, excédé par l’atmosphère de panique extrême, a retroussé ses manches et consacré sa page Facebook à déconstruire les théories les plus farfelues, ou du moins non prouvées scientifiquement, et à ramener la science au cœur du débat.

« Certains, qui n’ont jamais pu publier leurs théories dans les journaux scientifiques, utilisent les réseaux sociaux pour propager leurs idées », dit-il. Outre cet internaute néerlandais, qui insiste à faire la corrélation entre le mouvement des planètes et les failles géologiques, beaucoup d’autres se mettent à l’imiter ou à véhiculer d’autres idées qui n’ont aucun fondement, déplore-t-il. Mais ce que redoute par-dessus tout l’expert, c’est l’effet néfaste de la panique. « Se ruer sur les escaliers et quitter le bâtiment valise à la main n’a aucun sens lorsqu’il s’agit de tremblements de terre, insiste-t-il. Dans le cas extrême d’un séisme très puissant, on manquerait de temps pour faire cela, et mieux vaut prendre des mesures plus simples et efficaces, comme se réfugier sous une table ou derrière un frigo, par exemple, afin d’éviter d’être blessé par un objet qui se déplace et d’avoir une zone de protection. Et dans le cas d’une secousse bien plus faible, quitter le domicile est une précaution inutile et favoriserait même le chaos qui pourrait, lui, être meurtrier. » « Il ne sert à rien d’attendre le tremblement de terre, la science ne peut toujours pas prédire un tel événement ni son ampleur », insiste Naji Kehdy.

Des secousses « dans les normes »

La meilleure manière de ramener la population à une conduite plus rationnelle et saine passe par un retour à la science. Pour l’hydrogéologue, cela consiste à mieux expliquer ce qui s’est passé (et continue à se passer) en Turquie et en Syrie, et le lien avec le Liban. « En Turquie, à l’épicentre du grand séisme initial de 7,8 degrés le 6 février, se trouve un point de rencontre de trois plaques tectoniques, la plaque arabique, la plaque eurasienne et la plaque anatolienne, explique-t-il. La pression exercée par la plaque arabique sur les autres, arrivée à son summum, a provoqué le grand séisme. » Selon le scientifique, tout ce qui se passe depuis lors est dans la norme des scénarios qui suivent les séismes majeurs, comme, par exemple, celui de 8,2 degrés sur l’échelle de Richter qui avait secoué le Chili en 2014. « La série des répliques peut se poursuivre jusqu’à un mois après l’événement initial, poursuit-il. Ces répliques, même si elles sont fortes, sont de magnitude moins importante que le premier séisme. La pression entre les plaques tectoniques se poursuivant, c’est le moyen qu’a la terre de libérer la pression sur les différentes failles de la zone de contact. En quelque sorte, c’est une nouvelle plutôt rassurante, puisque la multiplication de ces petits événements éloigne, en principe, le spectre d’une secousse plus violente. »

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Le Liban, lui, traversé par la faille connue sous le nom de Yammouné (une faille fracturée en segments, selon les experts, et sur laquelle le séisme le plus fort en 100 ans avait la magnitude de 6 degrés sur l’échelle de Richter en 1956), se trouve également entre deux plaques tectoniques, la plaque arabique et la plaque d’Afrique. Les secousses ressenties ces derniers jours, notamment celle de 4,2 degrés à quelques kilomètres du Hermel le 8 février, restent « dans la norme » et obéissent à la logique des mouvements qui se succèdent après un si grand événement dans la région. « Tout en gardant à l’esprit que la science ne nous permet toujours par de prédire des tremblements de terre, on peut estimer qu’une série de petites secousses permettent de libérer l’énergie contenue dans la terre et provenant de la pression entre les plaques de manière graduelle, et réduiraient la possibilité d’un plus grand séisme, poursuit Naji Kehdy. En d’autres termes, ce qui provoque la panique aujourd’hui est peut-être ce qui devrait rassurer, bien au contraire. » Plus que tout, le scientifique pointe du doigt cette propension à « attendre le tremblement de terre ». Car, comme le savent bien tous les experts, le temps géologique n’est pas à une échelle comparable au temps des humains.

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Quand j’ai lu le titre j’ai d’abord cru que c’était un article sur les (dé)cryptages de Scarlett…

Gros Gnon

13 h 28, le 22 février 2023

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Commentaires (1)

  • Quand j’ai lu le titre j’ai d’abord cru que c’était un article sur les (dé)cryptages de Scarlett…

    Gros Gnon

    13 h 28, le 22 février 2023

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