Notre soif inassouvie de connaître l’avenir, avec ses illusions et ses désillusions, a vu fleurir les devins. Ces « liseurs d’avenir » répondent à notre désir instinctif et primitif de contrôler l’incertain. Cette croyance naïve en la capacité des devins à prévoir l’avenir est particulièrement répandue au Liban, où les émissions de télévision consacrent à chaque réveillon de la Saint-Sylvestre une émission de voyance.
Les devins peuvent émerveiller un grand nombre de personnes en donnant l’impression de posséder des pouvoirs surnaturels. Cependant, sous le masque de la divination se cache une manipulation mentale habile et machiavélique. Les devins sont en réalité des charlatans qui se dissimilent sournoisement derrière leurs paroles vaines et théâtrales. En effet, ils utilisent des tactiques astucieuses et judicieuses pour manipuler mentalement nos esprits. Plus précisément, ils formulent des hypothèses vagues et générales. Par exemple, ils peuvent prédire que « l’année prochaine, tel pays est sur le point de subir une grande catastrophe ». En examinant attentivement cette phrase, nous pouvons constater que le terme « une grande catastrophe » peut englober une multitude de possibilités, tels un séisme, un attentat, un accident ainsi que moult autres événements tragiques qui ont pratiquement 100 % de chances de se réaliser.
De surcroît, les devins jouent sur notre mémoire sélective et notre crédulité. En effet, notre cerveau a tendance à retenir les informations qui correspondent à nos attentes et à ignorer celles qui les remettent en cause. Ainsi, lorsque le « prophète » annonce une prédiction qui se réalise, même par hasard, notre esprit l’interprète comme une preuve de sa capacité surnaturelle à prévoir l’avenir, alors qu’en réalité, il ne s’agit que d’une simple coïncidence. Conjointement, notre esprit efface aisément et inconsciemment de sa mémoire les abondantes erreurs de prédiction. À titre d’illustration, lorsque seulement 10 % des prédictions se révèlent exactes et que les 90 % restantes s’avèrent infondées, nous nous persuadons de manière irrationnelle que ces autoproclamés devins sont en réalité des prophètes de l’avenir.
La bande dessinée Le Devin d’Astérix met délicieusement en exergue cette croyance burlesque de faire confiance à ceux qui prétendent pouvoir lire l’avenir. L’histoire se déroule ainsi : le tonnerre gronde dans le petit village gaulois, l’orage éclate et les dieux semblent en colère. C’est alors qu’apparaît de manière impromptue et inattendue Prolix, un devin sans scrupules. Il profite de la crédulité des habitants du village pour tirer profit de son prétendu pouvoir de prédiction. Les Romains utilisent également les soi-disant pouvoirs du devin pour convaincre les Gaulois de déserter leur village. Cependant, l’intelligence et la perspicacité d’Astérix sabotent les plans de l’imposteur.
Dans notre monde contemporain, l’évolution des technologies de prévision nous procure une meilleure vision du proche avenir, mais dans des cas encore très précis. Un exemple concret est notre capacité à prévoir les conditions météorologiques dans les quelques semaines à venir grâce aux avancées scientifiques. C’est ainsi que les ministres de l’Éducation et les directeurs d’école peuvent prédire à l’avance la survenue imminente d’une tempête, et donc de prendre les décisions qui s’imposent comme les fermetures des routes et des établissements.
Par contre, il est actuellement impossible de prédire avec exactitude les séismes. Bien que des avancées considérables aient été faites dans la compréhension des causes sismiques et des facteurs qui les déclenchent, la prédiction de séismes reste un défi majeur pour la science. Certaines méthodes telles que l’analyse des anomalies sismiques et la surveillance des signaux géophysiques peuvent aider à fournir des avertissements précoces, mais elles ne peuvent pas prédire avec précision le moment et la magnitude exacts d’un séisme. Il est possible qu’un jour, grâce à l’amélioration continue de la technologie et de la compréhension scientifique, nous soyons en mesure de prédire les séismes avec une certaine fiabilité. Cependant, pour l’instant, nous devons donc apprendre à jongler avec l’aléatoire et accepter le fait que nous évoluons dans un monde imprévu et imparfait.
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