Le Premier ministre libanais sortant Nagib Mikati s'est demandé vendredi, à l'issue d'une réunion du Conseil central de sécurité, "si vraiment des déposants" étaient derrière les saccages de banques jeudi à Beyrouth et à Tripoli, chef-lieu du Liban-Nord, par des manifestants en colère, sur fond de crise économique grave au Liban.
De son côté, le ministre sortant de l'Intérieur, Bassam Maoulaoui, a estimé que les dérapages sécuritaires "ne sont dans l'intérêt de personne".
Le Liban a vécu une journée de colère jeudi, après que des manifestants ont saccagé des banques dans le quartier de Badaro à Beyrouth et dans le Nord, pour protester contre les restrictions illégales imposées par le secteur bancaire depuis le début de la crise économique dans le pays en 2019. Un collectif "Le Cri des déposants" avait affirmé à L'Orient-Le Jour qu'il était derrière le saccage des banques dans la capitale.
Des dérapages sécuritaires se sont également produits jeudi dans la Békaa, où trois militaires libanais ont été tués lors d'une perquisition visant des trafiquants de drogue.
"Coup de baguette"
"Les incidents sécuritaires des deux derniers jours ont donné l'impression qu'il y aurait eu un coup de baguette magique quelque part", a déclaré M. Mikati à l'issue de la réunion du Conseil central de sécurité, selon des propos rapportés par la présidence du gouvernement. "En suivant ce qui s'est passé hier, lorsque des banques ont été incendiées, je me suis demandé si vraiment des déposants sont derrière ces événements ou si des ordres, provenant de quelqu'un, ont été donnés", s'est demandé le chef du gouvernement, sans préciser la partie à laquelle il faisait allusion.
"Nous faisons de notre mieux pour préserver le pouvoir de l'Etat et le prestige des lois, surtout à l'ombre du pourrissement qui gangrène toutes les administrations de l'Etat", a-t-il assuré. Malgré les incidents de jeudi, M. Mikati a estimé que "l'un des accomplissements majeurs est que la situation sécuritaire est sous contrôle".
Le chef du gouvernement sortant a ajouté que d'"autres réunions auront lieu la semaine prochaine afin de prendre les mesures requises par la Banque du Liban (BDL)", sans donner plus de détails.
M. Mikati, dont la cabinet gère les affaires courantes depuis le 22 mai dernier, prend régulièrement la défense du gouverneur de la BDL, Riad Salamé, qui est honni par une large tranche de la population et poursuivi pour soupçons de corruption dans des enquêtes libanaises et internationales. Jeudi, la première juge d'instruction de la Békaa, Amani Salamé, a fixé au 16 mars une audience du gouverneur de la BDL des membres du Conseil central et des commissaires du gouvernement auprès de la BDL suite à une plainte déposée par des collectifs de déposants.
Revenant sur l'opération de l'armée dans la Békaa qui a fait trois morts parmi les militaires et trois autres parmi les suspects, M. Mikati a estimé que "c'est le destin de l'armée d'être toujours au premier rang de la lutte pour défendre le pays et sa souveraineté et protéger sa population".
Dans un communiqué publié jeudi soir, l'armée a indiqué que les trois militaires tués sont Hassan Chérif, 33 ans, Paul Jaradi, 23 ans et Georges Abou Chaaya, 21 ans. Vendredi, l'armée a annoncé avoir arrêté dix suspects Libanais et deux autres Syriens et avoir saisi des quantités de drogues, d'armes et de munitions à l'issue de l'opération.
"Dérapages sécuritaires"
S'exprimant à l'issue de la réunion, le ministre sortant de l'Intérieur a affirmé, pour sa part, qu'il fallait "séparer la sécurité de la politique et éviter que les problèmes sociaux n'aient des répercussions sur la situation sécuritaire". "Les dérapages sécuritaires ne sont dans l'intérêt de personne", a-t-il dit. "Résoudre la crise des déposants ne se fait pas par des émeutes", a-t-il estimé.
commentaires (16)
Non ce ne sont pas les deposants qui ont saccages les banques, Les deposants sont trop idiots et civilises pour traiter a armes egales avec les mafieux bandits au pouvoir. C' etait les t-shirts noirs du centre-ville , et des motos volantes, dont certains ont le secret et la maitrise, qui etaient derriere ces incidents...
LeRougeEtLeNoir
14 h 24, le 20 février 2023