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Économie - Crise au Liban

Des banques incendiées à Badaro, d'autres saccagées à Tripoli

Des routes coupées dans la banlieue sud de Beyrouth et la Békaa, l'armée déployée à Saïda.

Des banques incendiées à Badaro, d'autres saccagées à Tripoli

Un manifestant et un policier devant le domicile du patron de l'ABL à Horch Tabet, le 16 février 2023 en banlieue de Beyrouth. Photo Mohammad Yassine

Plusieurs banques ont été incendiées et saccagées jeudi dans le quartier cossu de Badaro à Beyrouth, qui abrite plusieurs établissements bancaires. Un membre du collectif Le Cri déposants, Ala' Khorchid, a confirmé à L'Orient Today que son groupe est l'auteur de cette action coup de poing. Dans le nord du Liban aussi, la tension était vive dans la rue. Des banques ont ainsi été saccagées par des manifestants en colère à Tripoli.

Des routes ont par ailleurs été coupées par des protestataires dans le quartier de Mecharrafiyé, dans la banlieue sud de Beyrouth, ainsi que dans la Békaa, alors qu'à Saïda, l'armée a été déployée.

Ces incidents interviennent alors que le dollar s'échangeait à plus de 80.000LL sur le marché parallèle jeudi matin, marquant un nouveau record de dépréciation de la monnaie nationale dans un Liban en plein effondrement économique.

Au moins six banques, Fransabank, Bank Audi, Credit Bank, Byblos Bank, BBAC et la Banque Libano-française, ont été incendiées en fin de matinée, tandis que des manifestants ont jeté des pierres et brisé les devantures d’autres établissements.

Une branche de la BBAC incendiée à Badaro, le 16 février 2023. Photo Philippe Hage Boutros

Selon notre journaliste sur place Lyana Alameddine, des policiers anti-émeute ont également été déployés sur les lieux, tandis que plusieurs dizaines de manifestants étaient rassemblés, dans la matinée, devant les banques.

"Très futile"

"Je me suis fracturée la main mais ma banque ne m’a pas donné mon argent pour que je puisse me faire soigner", racontait Férial Karout, une infirmière de 52 ans, qui figurait parmi les manifestants. Un habitant du quartier n'était toutefois pas d'accord avec le saccage des banques. "Ce qu’ils (les manifestants) font est très futile car ce ne sont pas les banques qui sont responsables (de la crise) mais les politiciens. Ils doivent s’en prendre aux politiciens". "Ce qui se passe aujourd’hui est très normal. C’est une réaction émotionnelle", estimait pour sa part l'avocat et activiste Ali Abbas, présent sur les lieux. "Les banques sont toujours en train de travailler pour ceux qui sont protégés. Mais ce sont les gens lambda qui sont en train de payer le prix de toutes les décisions en cours", fustigeait-il.

Vers midi, les manifestants ont quitté le quartier de Badaro. Une partie d'entre eux, affiliés au Cri des déposants, a observé un sit-in à Horch Tabet, en banlieue de Beyrouth, devant le domicile du patron de l'Association des banques au Liban (ABL), Sélim Sfeir, a confirmé à L'Orient-Le Jour Ala' Khorchid. Selon des images de notre photographe sur place Mohammad Yassine, des manifestants ont incendié le portail à l'entrée du domicile de Sélim Sfeir, avant d'être repoussés par des policiers.

Des manifestants devant le domicile du patron de l'ABL à Horch Tabet, le 16 février 2023 en banlieue de Beyrouth. Photo Mohammad Yassine

A Tripoli, au Liban-nord, plusieurs banques ont également été saccagées, selon notre correspondant, Michel Hallak. Un groupe de protestataires a même incendié des pneus devant une branche de la Bank Audi.

Les banques sont quant à elles en grève ouverte depuis une dizaine de jours, sur fond de crise économique grandissante. Seuls les distributeurs automatiques de billets (ATM) sont opérationnels. Les banques imposent des restrictions illégales aux clients depuis le début de la crise économique au Liban en 2019, limitant les retraits et les transferts. Ces derniers mois, le pays a connu une vague de braquages de banques au cours desquels des déposants, parfois armés, ont fait irruption dans des agences pour réclamer leurs propres fonds.

Routes coupées

Ailleurs dans le pays, la colère grondait aussi. Une route a été coupée, en fin de matinée, dans le quartier de Mecharrafiyé, dans la banlieue sud de Beyrouth, selon un témoin. Dans la Békaa, la route principale de la localité de Taalbaya a été bloquée jeudi dans les deux sens par des manifestants qui dénoncent la dégradation des conditions de vie et la flambée du dollar face à la livre, selon notre correspondante dans la région Sarah Abdallah. Par ailleurs, les routes qui relient les villages de Qsarnaba et Bednayel à Baalbeck et Qsarnaba et Temnine à Zahlé ont été bloquées à l’aide de pneus incendiés. De même pour la route reliant Ablah à Bednayel qui a déjà été bloquée mercredi soir.

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Au Liban-Sud, l'armée a été déployée dans les rues de Saïda en début d'après-midi, selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), qui ajoutait qu'il s'agirait là d'une mesure "préventive" en raison des incidents à Beyrouth.

Plusieurs banques ont été incendiées et saccagées jeudi dans le quartier cossu de Badaro à Beyrouth, qui abrite plusieurs établissements bancaires. Un membre du collectif Le Cri déposants, Ala' Khorchid, a confirmé à L'Orient Today que son groupe est l'auteur de cette action coup de poing. Dans le nord du Liban aussi, la tension était vive dans la rue. Des banques ont ainsi été...

commentaires (24)

Libanais, vous vous trompez d’endroits à saccager. Ce sont les domaines, demeures, villas ou châteaux et bateaux achetés avec votre argent qu’il faut brûler. Les banques quant à elles sont assurées et ne perdent rien avec votre action, bien au contraire.

Sissi zayyat

12 h 10, le 17 février 2023

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Commentaires (24)

  • Libanais, vous vous trompez d’endroits à saccager. Ce sont les domaines, demeures, villas ou châteaux et bateaux achetés avec votre argent qu’il faut brûler. Les banques quant à elles sont assurées et ne perdent rien avec votre action, bien au contraire.

    Sissi zayyat

    12 h 10, le 17 février 2023

  • Il faut que ce "POING DE LA RÉVOLUTION" STUPIDE (symbole d’appartenance a des GOUVERNANTS) qui traîne à la PLACE DES CANONS depuis les contestations de 2019 soit remplacé par la GUILLOTINE entreposé 60, rue de la Folie-Regnault, 11ème arrondissement, Paris. FRANCE , EN 4 ANS 13 000 GUILLOTINÉS résultat , EMPIRE . LIBAN : 1 JOUR , 5 GUILLOTINÉS, résultat $ = 2500 LL

    aliosha

    09 h 55, le 17 février 2023

  • Il n’y a plus rien dans ce foutu pays. Il faut tout casser. Bravo.

    Jacques d

    00 h 23, le 17 février 2023

  • "Les banques sont quant à elles en grève ouverte...". Non, en grève fermée, et elles vont le rester !

    Ca va mieux en le disant

    22 h 53, le 16 février 2023

  • Pour Lemming : ce n’est pas le Mac Do de Rodez que José Bové a « démonté », mais celui de Millau …

    JB El catalán

    22 h 44, le 16 février 2023

  • Il faut que la situation se détériore au point qu’un état d’urgence soit déclaré. À ce moment L’armée prend le contrôle et on se débarrasse de ces politiciens véreux.

    Vincent Makhlouf / ENHANCED FORM

    18 h 17, le 16 février 2023

  • Je comprends pas bien pourquoi bruler des banques... Ces protestataires n'ont pas compris comme les pseudos révolutionnaires qu'une révolution ne se nourrit pas d'actions symboliques... Faire du yoga au centre ville, bruler des banques... ça fait un peu révolutionnaire de pacotille, ça fait un peu José Beauvé sur le retour qui saccage le Mc Do de Rodez... Mais bon cela n'engage que moi. Appelez moi quand vous serez vraiment prêts pour une vraie révolution. D'ici là continuez à vous faire tondre.

    Lemming

    15 h 46, le 16 février 2023

  • - TOUS LES PEUPLES LIBRES DU MONDE, - ONT PRIS EN LEURS MAINS LEUR DESTIN. - DEGAGEANT TOUT MAFIEUX IMMONDE, - DU PLUS HAUTAIN JUSQU,AU PLUS NAIN.

    LA LIBRE EXPRESSION

    15 h 34, le 16 février 2023

  • On peut comprendre, sans probablement y adherer. Mais cette façon de procéder n'est qu'un juste retour de bâtons pour ces banques qui manipulent à dessin la monnaie nationale... De toutes les façons les fonds des déposants ont été sacrifiés depuis longtemps, qu'ont-ils ( les "révoltés" ) à perdre ? D'autant que les ATM, pour la plupart sont vides., que leur restent ils comme moyens de subsistances, avec une humiliation poussée à son paroxysme avec le $ à bientôt, peut-être avant la fin du mois à 100 000LL.

    C…

    15 h 18, le 16 février 2023

  • - ALLEZ, FRAPPEZ AUX LUXUEUSES PORTES, - BIEN CADENASSEES, POUR MAINTES RAISONS, - LA, BARRICADES, AVEC LEURS ESCORTES, - FESTOIENT, DE NOS MAUX TOUS LES ARTISANS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    15 h 00, le 16 février 2023

  • Qui a payé pour tous ces pneus à brûler?

    Mago1

    14 h 44, le 16 février 2023

  • Le Réveil... ca y est, ca commence à frémir ! Bravo

    Ca va mieux en le disant

    14 h 44, le 16 février 2023

  • En brulant des banques, il y a de fortes craintes qu'elles ferment et que les salariés soient virés et soient au chomage. Puis ce n'est pas en brulant les banques que les épargnants pourront récupérer leur argent. Pendant ce temps, les vrais responsables sont dans leurs villas, leurs palais, dans leurs bunkers bien protégés. Ces ministres, ces députés, ces décideurs qui étaient sans "le sou" avant 1987. et aussi avant 2005 et qui "aujourd'hui" sont des leaders, sont des hauts placés au sein des partis, de l'assemblée etc....Ceux là devraient être responsabilisés et pas "les agences de banque" qui , au final, même le directeur de l'agence n'est pas responsable de la politique pratiquée des décideurs banquiers de l'époque aussi bien que des décideurs politique de l'époque et qui sont encore en activité évidemment puisque indécrotables du paysage politique.

    LE FRANCOPHONE

    14 h 14, le 16 février 2023

  • Les banques en bloquant illégalement l'épargne des déposants s'exposent à la colère de la population. C'est parce qu'elles sont en première ligne. Les libanais doivent s'en prendre aux dirigeants qu'ils continuent d'élire donc aussi à eux mêmes. Le serpent qui se mord la queue...

    Khairallah Issam

    14 h 12, le 16 février 2023

  • C'est une comédie faite par les banques elles-mêmes pour fermer leurs portes au public , voyons !

    Chucri Abboud

    14 h 11, le 16 février 2023

  • PRIERE LIRE : DEGAGEZ-LES !

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 11, le 16 février 2023

  • En 4 ans de crise, je n'ai pas entendu un banquier, pas un seul, s'excuser d'avoir dilapide l'argent des epargnants. Leur seul soucis , apres avoir fait fuir leurs capitaux massivement a l'ettanger, est d'obtenir une loi qui SUPRIME purement et simplement les depots. Canailles sans foi ni loi.

    Michel Trad

    13 h 48, le 16 février 2023

  • « Des lois de finances sont normalement votées par le parlement. Ces lois qui programment dépenses et ressources de l’Etat ne sont jamais appliquées. Pire, les budgets ne sont ni clos, ni publiés. Nous ne savons pas depuis 20 ans comment est dépensé l’argent public. » « Aucun des gouvernements successifs n’avait réussi à faire voter le projet de loi de finances annuel depuis l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafik Hariri en 2005 » Riad Salamé a dû et pu dire STOP mais les responsables sont ceux qui donnent des ordres à la Banque du Liban et qui ont mis plein dans leurs poches sans rien investir et assurer en retour les services même basiques au Pays.

    Nagi Tabet

    13 h 47, le 16 février 2023

  • ON NE PREND PAS AINSI SON DESTIN EN SA MAIN. L,ANARCHIE NE BATIT PAS. ELLE DETRUIT. LES CORROMPUS, VOLEURS BET MAFIEUX SONT TOUJOURS EN PLACE. VOUS LES AVEZ REELUS. DEGAGEZ !

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 45, le 16 février 2023

  • La question qui se pose: pourquoi les libanais se suicident en livrant leur monnaie nationale au dollar ? Même si Salamé est corrompu, et supposons qu'il va à son tour subir les conséquences, mais, quelle relation pour déclarer la guerre à la livre ? Le temps des remords est proche, attendez le moment.

    Esber

    13 h 28, le 16 février 2023

  • Cest a Riad Salame et ses lois quil faut sen prendre pas aux banques et employes qui suivent des instructions

    Carole ABBOUD

    13 h 01, le 16 février 2023

  • Il est temps de faire beaucoup de choses sauf que nos bandits au pouvoir ne font rien! Nous vivons dans état hors-la-loi ou plus rien ne fonctionne a part la loi de la jungle, quelle tristesse!

    CW

    12 h 14, le 16 février 2023

  • Les têtes qui brulent Badaro n ont pas l air très catholiques pour protester ainsi dans une région limitrophe sensible dont le but est de brûler pour brûler et marquer des points pour autrui

    Antoine Sabbagha

    12 h 06, le 16 février 2023

  • N’est il pas temps que l’ABL et la BdL se concertent de façon intelligente pour tenter de freiner cette chute vertigineuse de la monnaie nationale. Ça serait une lutte intestine entre des branches différentes de la mafia mais qui donnerait peut être un peu d’oxygène au pays

    Lecteur excédé par la censure

    11 h 24, le 16 février 2023

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