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Politique - Crise politique au Liban

Bassil "s'inquiète" pour l'accord avec le Hezbollah

Le chef de la formation aouniste affirme qu'il pourrait "envisager sérieusement" de se porter candidat à la présidentielle et critique ouvertement le chef de l'armée, pressenti comme l'un des favoris pour ce poste.

Bassil

Le chef du Courant patriotique libre (CPL) Gebran Bassil, lors d'une conférence de presse au Forum de Beyrouth, le 9 avril 2022. Photo d'archives tirée du site Tayyar.org

Le chef du Courant patriotique libre (CPL, aouniste), Gebran Bassil, a admis dimanche qu'il "s'inquiétait pour l'accord de Mar Mikhaël" qui avait scellé l’alliance politique entre son parti et le Hezbollah chiite pro-iranien en 2006, alors que les relations entre les deux formations sont tendues depuis la fin du mandat de l'ex-président Michel Aoun en octobre dernier.

M. Bassil a également annoncé qu'il pourrait se porter lui-même candidat à la présidentielle faute d'accord sur un autre candidat, à l'heure où son allié chiite tient toujours à faire élire le chef du courant des Marada Sleiman Frangié, avant de paver la voie à un éventuel plan B, selon certains observateurs.

Le nom du commandant en chef de l'armée, Joseph Aoun, est également avancé comme pouvant faire l’objet d’un consensus, une option ouvertement rejetée par le chef du CPL. Sauf que du côté du Hezbollah, on ne ferme désormais plus la porte à une élection du général Aoun si elle était le fruit d’un accord, comme l’a affirmé début janvier depuis le siège patriarcal maronite de Bkerké Ibrahim Amine el-Sayed, haut responsable du parti chiite. Le 'parti de Dieu' voudrait toutefois épuiser toutes les possibilités de faire élire M. Frangié avant d'envisager tout autre candidat.

"Points d'interrogation"

"Nous nous entendons avec le Hezbollah au sujet de la 'Résistance', mais cela ne suffit pas parce qu'il y a un désaccord sur la priorité de construire un Etat", a admis M. Bassil dans un long discours. "Nous commençons à poser des points d'interrogation sur le respect du partenariat", a-t-il ajouté. Pour le chef du CPL, "les priorités peuvent diverger, mais aucune ne peut s'élever au-dessus de la nécessité de construire un Etat lorsque l'Etat (risque) de disparaître".

"Certains, dont moi-même en tête, s'inquiètent pour l'accord de Mar Mikhaël. Certains font en sorte que le désaccord grandisse et que la situation explose", d'après lui. "Je m'adresse à ceux qui ont peur pour le pays et y tiennent : que pouvons-nous faire encore ?", s'est-il interrogé, en allusion au Hezbollah.

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Une délégation du Hezbollah s’est rendue lundi dernier au siège du CPL à Sin el-Fil, pour une première réunion entre les deux alliés après des semaines de froid. Si l'entretien a été perçu comme un premier pas sur la voie d’un retour à la normale des rapports bilatéraux perturbés depuis la fin du sexennat Aoun, il risque de n’être qu’un exercice de pure forme. Les deux parties ne semblent pas disposées à faire des concessions à même de combler le fossé au sujet de la présidentielle : le Hezbollah continue de soutenir la candidature Frangié, une option que le leader aouniste rejette catégoriquement. Sans parler de leurs divergences quant à la tenue de réunions du Conseil des ministres en période de vacance présidentielle. 

Le chef du CPL a également estimé qu'il "semble que la 'Résistance' ne soit toujours pas convaincue que ce qui la protège de la possibilité d'être poignardée dans le dos est le fait que tout le monde soit regroupé autour d'elle, et non seulement son propre entourage". "Il ne suffit pas d'un président qui ne poignarde pas dans le dos, cela est évident. Le président ne doit poignarder aucun Libanais dans le dos. Sa fonction ne peut toutefois pas se réduire à cela", a-t-il renchéri. Depuis novembre dernier, le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah plaide pour l'élection d'un chef de l'Etat "qui ne trahira pas la 'Résistance', ne complotera pas contre elle et ne la poignardera pas dans le dos".

Candidature à la présidentielle

M. Bassil a par ailleurs annoncé qu'il pourrait se porter candidat à la présidentielle. "Le CPL a préparé le brouillon d'une liste préliminaire de candidats, sans toutefois l'adopter ou tenir à quiconque, (...), et nous avons entamé des contacts avec des députés et des groupes parlementaires", a-t-il affirmé. "Nous tendons la main à tout le monde, et appelons à dialoguer rapidement, de manière bilatérale ou collective, ou à travers toute autre forme, afin qu'il y ait une entente sur un programme qui peut être facilement mis en œuvre et sur une liste réduite de candidats pour que l'un d'eux soit choisi, ou du moins qu'un vote se réalise parmi ces noms", a-t-il poursuivi.

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Le chef du CPL a ainsi lancé "un appel au rapprochement", assurant "aller vers toute personne qui coopère et réponde positivement à toute tentative allant dans ce sens". "Si nous ne trouvons pas de solution, nous étudierons ultérieurement la possibilité d'accepter tout candidat qui dispose de la majorité, à condition que les groupes parlementaires qui le soutiennent mettent en œuvre, avant son élection, des réformes qui ne sont pas liées au CPL ni au partage de gâteau, mais qui servent l'intérêt des Libanais", a soutenu M. Bassil.

"Si ces deux tentatives échouent, et que nos positions sont interprétées comme émanant d'une positon de faiblesse, j'envisagerai sérieusement de me porter candidat à la présidentielle, indépendamment du fait que je puisse gagner ou perdre, afin de préserver au moins le droit d'être représenté", a-t-il encore dit.

Présidentielle "sans les chrétiens"

Mercredi dernier, M. Bassil a plaidé à Bkerké pour un dialogue sous la houlette du patriarche maronite Béchara Raï en vue de sortir de l’impasse politique. Sauf que le chef de l'Eglise maronite ne semble pas très favorable à la tenue d’une table de dialogue interchrétienne sous sa houlette. M. Bassil a également indiqué que "c'est un coup de folie, politique et national de penser qu'on peut élire un président sans les chrétiens",  alors que le tandem chiite Amal-Hezbollah avait affiché sa volonté de soutenir M. Frangié si celui-ci parvient à obtenir 65 voix sur les 128 voix du Parlement, même sans le soutien des deux plus grands partis chrétiens, à savoir le CPL et les Forces libanaises de Samir Geagea.

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Raï entre de plain-pied dans le débat

Le chef du CPL s'en est pris, en outre, au commandant en chef de l'armée libanaise qui, selon lui, "enfreint les lois concernant la défense (du pays) et de la reddition des comptes, s'accapare de force les prérogatives du ministre de la Défense et fait ce qu'il veut des possessions et des millions dont dispose l'armée".

Jeudi, le quotidien al-Akhbar, proche du Hezbollah, avait rapporté des propos du ministre sortant de la Défense, Maurice Slim, proche du CPL, dans lesquels il accusait le général Aoun d'outrepasser ses prérogatives, et menaçait de "demander au Conseil des ministres de le limoger" s'il continuait à "dépasser les bornes". Toutefois, le lendemain, le ministre a démenti ces propos, lors d'une visite au patriarche Raï.

Attaque contre Riad Salamé

Revenant sur la grave crise économique au Liban, M. Bassil a violemment critiqué le gouverneur de la Banque du Liban (BDL) Riad Salamé, qui fait l'objet de plusieurs enquêtes en Europe pour soupçons de corruption. "Le gouverneur de la BDL gouverne financièrement le pays. C'est le chef d'un gang comme le pouvoir judiciaire français l'a décrit. C'est un blanchisseur d'argent, qui a détourné les fonds de l’Etat et des Libanais, qui fuit la justice (...). Il manipule (le taux de change de la livre face au) dollar, afin de voler l'argent des gens", a-t-il lancé.

Il a enfin plaidé pour une reprise de l'enquête sur les explosions du 4 août 2020 au port de Beyrouth et appelé le Conseil supérieur de magistrature à  "trouver rapidement une solution pour que la justice prenne son cours". Le procureur général près la Cour de cassation, Ghassan Oueidate, réputé proche de plusieurs partis politiques, a décidé mercredi de libérer tous les suspects détenus dans l'enquête, dont l'ancien directeur des douanes proche du CPL Badri Daher. Il a également engagé des poursuites contre le juge en charge de l'investigation, Tarek Bitar. Les décisions du procureur Oueidate ont provoqué la colère des familles de victimes qui ont manifesté dans la rue jeudi.

Le chef du Courant patriotique libre (CPL, aouniste), Gebran Bassil, a admis dimanche qu'il "s'inquiétait pour l'accord de Mar Mikhaël" qui avait scellé l’alliance politique entre son parti et le Hezbollah chiite pro-iranien en 2006, alors que les relations entre les deux formations sont tendues depuis la fin du mandat de l'ex-président Michel Aoun en octobre dernier.M. Bassil a également...

commentaires (15)

“ Nous nous entendons avec le Hezbollah au sujet de la Résistance, mais cela ne suffit pas parce qu’il y a un désaccord sur la priorité de construire un État », C’est tout ce qu’il faut retenir de ce discours minable. Appuyer la résistance, celà on n’en doute pas, mais contruire un Etat que lui et son beau-père ont détruit ? Un gendre frappé de sanctions pour corruption qui veut nous édifier un Etat ! Sinon la pire des sanctions : il posera sa candidature , suprème punition pour les Libanais. Il devient encore plus minable et ridicule.

Goraieb Nada

08 h 12, le 30 janvier 2023

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Commentaires (15)

  • “ Nous nous entendons avec le Hezbollah au sujet de la Résistance, mais cela ne suffit pas parce qu’il y a un désaccord sur la priorité de construire un État », C’est tout ce qu’il faut retenir de ce discours minable. Appuyer la résistance, celà on n’en doute pas, mais contruire un Etat que lui et son beau-père ont détruit ? Un gendre frappé de sanctions pour corruption qui veut nous édifier un Etat ! Sinon la pire des sanctions : il posera sa candidature , suprème punition pour les Libanais. Il devient encore plus minable et ridicule.

    Goraieb Nada

    08 h 12, le 30 janvier 2023

  • Si tu pouvais la fermer et dégager deja, ca serait bien pour le Liban.

    Ziad

    00 h 26, le 30 janvier 2023

  • mais en attendant tu ne t'inquiète pas pour le pays et le peuple hein saleté ?

    Patrice Nasnas

    23 h 06, le 29 janvier 2023

  • La parole est d’argent, mais le silence est d’or. Nous en avons marre des déclarations incessantes de Gebran Bassil pleines de rancune et de jalousie à l’égard de ceux qui ne se sont pas soumis aux dictats de Aoun et de son entourage, tandis que le navire Liban vogue sans boussole et sans voiles.

    Un Libanais

    20 h 51, le 29 janvier 2023

  • Il a fallu 17 ans à GB pour commencer à s’inquiéter ?

    kindarji joseph

    20 h 19, le 29 janvier 2023

  • Et c'est reparti! Le bébé lala, expression québécoise, tape de nouveau du pied, pour avoir la présidence. C'est vraiment triste de voir un homme qui se prétend fort et pas du tout "intéressé" par le poste de chef de l'état, continue à bloquer les élections. Faut-il aussi bas et sans scrupule pour prétendre que lui n'est pas du tout visé par des sanctions? S'acharner sur Riad Salamé, qui a probablement blanchi l'argent de ce Nabot? Faut-il être aussi Hypocrite de vouloir connaître le ou les vrais "coupables" de l'explosion du port de Beyrouth, quand tout ses alliés politiques, mettent des bâtons dans les roues du Juge Bitar? Est-ce que les membres du CPL sont si aveugles ou bien juste sans cervelle ou de bon sens pour croire se manipulateur "Hitlérien"? Comment peut-on être pour la "Résistance", mais de quelle résistance, exactement, Ya Gebran Bassil? Le HA n'accumule que les échecs contre Israël! Le plus grand indice est bien KARICH et la ligne 29! Pauvre Gebran, il croit ses propres mensonges!

    Marwan Takchi

    20 h 11, le 29 janvier 2023

  • Voilà que le CPL s'inquiète de la construction d'un état, mais ce n'est pas ce qu'ils ont fait ces 6 dernières années ? On ne peut qu'admirer l'édifice.

    K1000

    19 h 54, le 29 janvier 2023

  • Hela hela helahelahoooo!

    Gros Gnon

    18 h 04, le 29 janvier 2023

  • Ah les grands hommes d’état ! Quand il y’en a plus, y’en a … plus ! Vivent les bananes …

    Ayoub Elie

    17 h 25, le 29 janvier 2023

  • Ct tellement bizarres, a peine 5 jours sont passes sans un article sur cette tete a claque, et puis il réapparaît, changez de cassette

    Abdallah Barakat

    17 h 11, le 29 janvier 2023

  • Menaces et blocages. Evidemment c'est tout ce qu'ils savent faire ces orangistes. Un gars rejeté et détesté par la majeure partie des libanais ( y compris ses alliés du parti islamiste intégriste financé par l'iran). Son ammo n'est plus de la partie et il perd les pédales réalisant que "ses pouvoirs " durant le mandat, dépendaient essentiellement de son beau père président. Les Aounistes existent certes mais les Bassilistes, ca n'a jamais existé, y compris au sein du CPL. Ce type se prend pour ce qu'il n'est plus désormais. Il aura beau gigoter dans tous les sens, il réalise que le monde politique peut se passer de lui. Il réalise que le hezbollah peut facilement se passer de lui . Ce qui n'était pas le cas avec son beau-père. Les islamistes jaune ont utilisé son beau père ( et réciproquement) pour leurs intérêts personnels respectifs. Mais avec Bassil, c'est Bassil qui a besoin des jaunes. Les jaunes ont besoin d'un chrétien qui ne soit pas "black listé" par la communauté internationale, les arabes et aussi par les libanais. Anyway, Bassil ou Franjieh : Aucun des 2 n'aura gain de cause au final. Il y aura, sans doute, une tiers personne qui sera choisie et qui aura la bénédiction des arabes, des USA, de la France etc... ( sauf de la bénédiction des Libanais qui n'ont jamais eu leur mot à dire).

    LE FRANCOPHONE

    16 h 08, le 29 janvier 2023

  • Il s’inquiète? hahahaha….. Message: si vous ne m’élisez pas à la présidence , je dénonce l’accord de Mr Mikhael …! Il doit d’abord arrêter de prendre du captagon , ensuite , manger plus de hamburgers..!

    LeRougeEtLeNoir

    16 h 07, le 29 janvier 2023

  • Mis a part le point de vue clair et pertinent au sujet de Salame, tous le reste de la declaration de Bassil baigne dans un flou artistique assez primaire et sans doute intentionnel. D'autant plus que le CPL continue de s'aligner sur les instructions du Hezb lors des votes (sabotage.

    Michel Trad

    16 h 06, le 29 janvier 2023

  • La seule chose utile, c'est de continuer de provoquer un défaut de quorum, comme vous le faisiez jusqu'à maintenant. En ne rentrant pas dans l'hémicycle. Car, il faut empêcher ces gens de prendre la République en otage.

    Esber

    16 h 03, le 29 janvier 2023

  • Quand la Montagne accouche d 'une souris ainsi est le résultat. Un monologue qui dessine la Haine contre tout Homme politique...

    Antoine Sabbagha

    16 h 03, le 29 janvier 2023

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