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Politique - Présidentielle

Raï entre de plain-pied dans le débat

Le chef de l’Église maronite s’est entretenu mercredi et jeudi avec les alliés chrétiens du Hezbollah, Gebran Bassil et Sleiman Frangié.

Raï entre de plain-pied dans le débat

Le leader des Marada Sleiman Frangié reçu jeudi par le patriarche maronite, Béchara Raï, à Bkerké. Photo tirée du compte Twitter de M. Frangié

Pour Béchara Raï, c’est l’heure de passer à l’acte. Ne tolérant plus les atermoiements et le blocage de la présidentielle, le chef de l’Église maronite a décidé de prendre langue avec les représentants du camp accusé d’empêcher la tenue de l’échéance, à savoir le Hezbollah et ses alliés. Il s’est donc entretenu mercredi soir avec le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, qui s’estime être un candidat « logique » à la présidence de la République, et jeudi avec le leader des Marada, Sleiman Frangié, le favori du Hezbollah au grand dam du chef du parti orange. S’agit-il d’une tentative du patriarche de convaincre les deux rivaux de défricher le terrain à une entente élargie autour d’un candidat consensuel? La question est d’autant plus légitime qu’aucun des deux leaders maronites ne semble disposé à faire des concessions à même de faciliter la tenue de l’élection. Fort de l’appui du Hezbollah, M. Frangié n’envisage pas (jusqu’ici) de rendre les armes, un message qu’il a clairement adressé à qui veut l’entendre, à commencer par M. Bassil, depuis la tribune de la plus haute autorité religieuse maronite du pays.

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« Je me lancerai (officiellement) dans la course lorsque je me sentirai capable de récolter le nombre de voix suffisant », a-t-il lancé, rappelant que cela relève de (son) « droit garanti par la Constitution ». Sauf que son élection se heurte toujours à un veto orange de taille. « Il ne faut pas exagérer les analyses », commente le porte-parole de Bkerké, Walid Ghayad. « Les deux hommes ont demandé des rendez-vous à des intervalles différents », affirme-t-il, balayant d’un revers de la main les informations rapportées dans les médias selon lesquelles MM. Bassil et Frangié auraient été convoqués par Mgr Raï.Le chef du courant aouniste a été reçu à dîner mercredi soir. Un des participants à la réunion, proche du chef du CPL, confie à L’Orient-Le Jour que les discussions ont porté sur les contacts menés par ce dernier dans la perspective de la présidentielle. « Nous sommes en effet engagés dans des discussions avec une bonne partie des protagonistes politiques, y compris les députés de la contestation », souligne-t-il, indiquant qu’une délégation parlementaire du CPL s’est rendue mercredi au Parlement en signe de solidarité avec Melhem Khalaf et Najate Saliba, les deux élus de la thaoura qui avaient entamé, le 19 janvier, un sit-in à l’hémicycle pour presser dans le sens de la tenue d’échéance le plus rapidement possible. L’entretien était surtout une occasion pour Gebran Bassil « d’appeler Bkerké à s’activer pour que les chrétiens gardent l’initiative dans ce dossier qui les concerne directement », dit le proche du chef du CPL. C’est d’ailleurs sur ce point que le chef du CPL a mis l’accent lors de sa déclaration à la presse depuis Bkerké. « Personne ne peut outrepasser la volonté des chrétiens en matière de présidentielle », a-t-il tonné, appelant à un dialogue sous la houlette de Bkerké en vue de sortir de l’impasse. Selon lui, le patriarcat est l’instance « la mieux placée » pour parrainer une telle démarche.

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« Au-delà des capacités de Gebran »

Par ces propos, Gebran Bassil réitère donc son rejet des options Sleiman Frangié et Joseph Aoun, pariant sur une entente bénie par Béchara Raï. Sauf que ce dernier ne semble pas très favorable à la tenue d’une table de dialogue interchrétienne sous sa houlette. « Pour le moment, nous œuvrons à rapprocher les points de vue parce que le patriarche veut voir le pays doté d’un président le plus rapidement possible », explique Walid Ghayad. C’est dans ce cadre qu’il inscrit l’entretien avec Sleiman Frangié aussi. « Le patriarche ne peut pas demander à un candidat de se retirer de la course. Il peut simplement presser pour que tout le monde joue le jeu démocratique », dit M. Ghayad. Un jeu auquel le leader des Marada donne l’impression de se prêter. À sa sortie de Bkerké, le zaïm de Zghorta a tenu le discours d’un candidat qui se veut un sérieux présidentiable, adressant les messages qui s’imposent à ceux qui ne le voient pas de cet œil. « Gebran Bassil a ses propres motifs pour s’opposer à ma candidature, et la raison en est que les choses vont au-delà de ses capacités de compréhension », a lancé, non sans ironie, le chef des Marada. Il s’est ensuite prononcé au sujet de l’élection du chef de l’armée, Joseph Aoun, dont le nom revient souvent dans les coulisses en tant que figure de compromis : « Je ne suis pas contre sa candidature. Mais quel est son projet politique ? » Concernant son principal adversaire zghortiote, Michel Moawad, appuyé par plusieurs protagonistes hostiles au Hezbollah, Sleiman Frangié s’est demandé si M. Moawad peut être considéré comme un candidat « consensuel ».

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Et de poursuivre : « Tous les candidats sont centristes dans la forme, mais ont un certain background politique. Tout comme moi, sauf que je ne suis pas dans la zone grise. Et je ne considère pas que mon parcours politique peut être un obstacle. » « Si Michel Moawad est élu à la présidence, nous allons collaborer avec lui. Mais cela ne signifie pas que nous voterons pour lui, a tout de même indiqué M. Frangié. Le favori du Hezbollah n’a pas manqué de faire un clin d’œil à l’Arabie saoudite en se prononçant en faveur de l’accord de Taëf, dont le maintien était au centre d’une large action politique menée il y a quelques mois par l’ambassadeur saoudien Walid Boukhari. « Je suis en faveur du maintien des meilleures relations avec les pays arabes, notamment l’Arabie saoudite. J’œuvrerai pour une stratégie de défense nationale réaliste à travers le dialogue et je suis capable d’obtenir de la résistance et de la Syrie ce qu’aucun autre candidat ne peut faire », a affirmé M. Frangié comme pour mettre la lumière sur les avantages de son élection à la tête de l’État.

De l’autre côté de l’échiquier

Quid de la prochaine étape pour le patriarche Raï ? Va-t-il recevoir le reste des présidentiables ? À ce stade, Bkerké préfère ne pas commenter. Mais pour le camp de l’opposition au Hezbollah, le forcing du patriarche ne le concerne pas. « La démarche est louable dans la mesure où elle s’inscrit dans le prolongement des récentes rencontres entre divers protagonistes », souligne cependant le porte-parole des Forces libanaises, Charles Jabbour. Il fait allusion aux discussions menées par le chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, avec une délégation du Hezbollah et le chef des Kataëb, Samy Gemayel. Un tableau que Meerab compte compléter à travers une pétition parlementaire signée par les députés de l’opposition pour exhorter le chef du législatif, Nabih Berry, à tenir des séances électorales ouvertes.

Pour Béchara Raï, c’est l’heure de passer à l’acte. Ne tolérant plus les atermoiements et le blocage de la présidentielle, le chef de l’Église maronite a décidé de prendre langue avec les représentants du camp accusé d’empêcher la tenue de l’échéance, à savoir le Hezbollah et ses alliés. Il s’est donc entretenu mercredi soir avec le chef du Courant patriotique libre,...

commentaires (13)

Il nous faut un miracle pour se debarasser de tous y compris le patriarche

Staub Grace

23 h 32, le 27 janvier 2023

Tous les commentaires

Commentaires (13)

  • Il nous faut un miracle pour se debarasser de tous y compris le patriarche

    Staub Grace

    23 h 32, le 27 janvier 2023

  • C’est ce monsieur qui avait eu des propos obcenes au sujet du patriarche Sfeir, qui veut être président ?? Euh Euh Euh Euh ?

    LeRougeEtLeNoir

    20 h 12, le 27 janvier 2023

  • Il faut être stupide pour croire un instant à l'arrivée de ce personnage à la première magistrature.

    Esber

    18 h 12, le 27 janvier 2023

  • M. Frangié s’est demandé si M. Moawad peut être considéré comme un candidat « consensuel » ? Parceque M Frangieh se considere, lui, comme un candidat consensuel ????? Heureusement que le ridicule ne tue pas.

    Michel Trad

    17 h 23, le 27 janvier 2023

  • Un président consensuel…. Ca veut dire quoi? Soit c’est un président qui a les co..uilles pour dire NON à la mainmise du Hezbollah sur le visage du liban que ce dernier essaie de modifier. Soit c’est un NEUNEU qui va détourner son regard à chaque fois que le pays est sali per le Hezbollah et ses commanditaires qui déclarent de plus plus en plus officiellement que le sort du pays dépend de leur bras armé au liban. Franjieh essaie d’amadouer l’arabie? Voyons donc… L’EX du palais avait même effectué son premier voyage en Arabie saoudite… ce qui ne l’a jamais empêché de tolérer les actes et les agressions verbales du parti islamiste jaune à l’égard des saoudiens. D’ailleurs, c’est durant son mandat que les ponts furent coupés. Donc le bla bla.. gardez le à d’autres.

    LE FRANCOPHONE

    15 h 18, le 27 janvier 2023

  • ça y est , vraisemblement , accompagne de son epouse , il vient d avoir la benediction du patriarche. Si seulement , il serait capable de prendre l accord des syriens de rapatrier tout les refugies , je ne serais pas mecontent qu il soit elu .

    Jimmy Barakat

    13 h 35, le 27 janvier 2023

  • Comment peut on parler de président consensuel et évoquer les noms des candidats des fossoyeurs. N’est pas une provocation sur laquelle passe notre Monseigneur? Nous ne l’avons pas beaucoup entendu se plaindre du fait que le parti vendu veut un con sensuel seulement lorsqu’il est proposé par ses soins et de son bord. A quoi joue t-il encore pour l’amour du ciel ce Patriarche qui ne sait plus où il habite?

    Sissi zayyat

    12 h 09, le 27 janvier 2023

  • ET VOUS RECEVEZ CHEZ VOUS L,AGENT DES IRANIENS PUIS L,AGENT DES SYRO-IRANIENS. JE ME DEMANDE SI VOUS ETES CHRETIEN.

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 31, le 27 janvier 2023

  • Je ne comprends pas pourquoi Hassan Nasrallah ne serait pas président

    M.E

    10 h 28, le 27 janvier 2023

  • PATRIARCHE VOUS JOUEZ A DOUBLE FACE. ET VOUS FAITES DU GRAND TORT AUX CHRETIENS AVANT TOUT MAIS AUSSI AUX LIBANAIS PATRIOTES. VOS HOMELIES SONT A DOUBLE SENS COMPRISES CAR VOUS N,OSEZ JAMAIS NOMMER LE MAL.

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 18, le 27 janvier 2023

  • Il se targue d’obtenir de la Syrie plus que quiconque d’autre. Qu’il commence par réclamer le retour aux chrétiens des postes de Directeur général de la Sûreté générale et de Président de la cour de cassation . Ce sont ses bons amis syriens qui en ont fait cadeau aux autres. Malheureusement ce n’est ni lui ni Bassil qui peuvent récupérer un semblant de souveraineté à notre pauvre pays.

    Goraieb Nada

    09 h 33, le 27 janvier 2023

  • La photo indique que le Patriarche tient son candidat avec les deux mains, et son sourire en dit long. Les dés sont jetés à mon humble avis. Bkerké a toujours était un faiseur de président et c'est parfaitement normal dans un régime démocrato-confessionnel.

    Céleste

    09 h 27, le 27 janvier 2023

  • Sleiman Frangié s’est demandé si M. Moawad peut être considéré comme un candidat « consensuel ». La réponse est évidemment: non! Mais qu;en est-il de lui-même? Un allié du Hezbollah peut-il être considéré comme "consensuel"? De toutes faêons, le Liban ne veut pas un président "consensuel", mais un président capable de restaurer l'Etat: exaxtement le contraire!

    Yves Prevost

    07 h 24, le 27 janvier 2023

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