Le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah a affirmé vendredi que son parti veut un président libanais "qui ne trahira pas la Résistance, ne complotera pas contre elle et ne la poignardera pas dans le dos", en référence à son propre parti, dans un discours commémorant la Journée annuelle des martyrs du parti.
Le Liban est confronté, depuis le 1er novembre, à une vacance totale du pouvoir exécutif : il n'a pas de président et le gouvernement est chargé de l'expédition des affaires courantes depuis les élections législatives de mai.
"Tous les blocs veulent élire un président et la vacance présidentielle affecte tout le monde. L'élection présidentielle est une question qui ne concerne pas seulement les maronites et les chrétiens. Elle concerne tous les Libanais", a déclaré le chef du parti chiite, dont la prise de parole était retransmise publiquement dans de nombreuses régions. "L'intérêt national exige l'élection d'un président le plus tôt possible", a-t-il ajouté. "Nous ne voulons pas combler le vide avec n'importe quel président, nous parlons de l'avenir du pays pour les six prochaines années", a-t-il insisté.
Jusqu'à présent, cinq sessions parlementaires consacrées à l'élection d'un nouveau président ont échoué en raison de l'absence de consensus sur un candidat entre les différentes parties. Aucun candidat n'a obtenu la majorité des deux tiers nécessaire au premier tour de scrutin pour être élu président, suite à quoi la Chambre a, à chaque séance, perdu le quorum requis avant d'entamer un second tour de scrutin. La dernière séance, qui a eu lieu jeudi, s'est soldée par une nouvelle majorité de bulletins blancs, déposés majoritairement par les députés du Hezbollah et leurs alliés du Courant patriotique libre et du mouvement Amal. Le seul candidat apparemment en tête de l'élection présidentielle est le député de Zghorta, Michel Moawad, considéré comme proche de Washington, qui a obtenu 44 voix.
Hassan Nasrallah a par ailleurs salué le bilan du mandat de l'ancien président Michel Aoun. "Pendant le sexennat de Michel Aoun, le dos de la résistance (...) a été protégé, car à Baabda il y avait un homme courageux qui ne s'achète pas, qui ne trahit pas et qui ne poignarde pas dans le dos".
"Vous comprenez maintenant ce que nous voulons ?, a-t-il lancé. Nous ne voulons pas d’un président qui assure une couverture politique à la Résistance, mais nous voulons un président qui ne la poignarde pas dans le dos, ne complote pas contre elle et ne la vend pas". Le futur président "ne doit pas avoir peur, si l'ambassade des États-Unis ou l'administration américaine lui crient dessus (...) il ne doit pas commencer à trembler et faire des concessions (...) Nous voulons un président courageux", a-t-il dit.
Les deux alliés chrétiens du Hezbollah, le chef du CPL, Gebran Bassil, et le chef du Mouvement Marada, Sleiman Frangié, eux-mêmes rivaux, ont signalé à plusieurs reprises leurs ambitions présidentielles. Mais jusqu'à présent, le parti n'a soutenu aucun d'entre eux.
Aucun commentaire sur l'accord de Taëf
"Les Libanais doivent dialoguer entre eux, et le président du Parlement Nabih Berry peut jouer un grand rôle dans ce domaine. Mais quand on nous demande d'élire un président qui veut d'abord discuter des armes du Hezbollah, l'approche est mauvaise. Nous avons besoin d'une approche saine", a encore déclaré Hassan Nasrallah. Il a ajouté que son parti souhaite "un président qui ne serait ni vendu ni acheté", reprochant aux pays étrangers d'être "toujours prêts à acheter un président pour le Liban".
Il a en revanche choisi de ne pas commenter les récentes pressions exercées par l'Arabie saoudite à Beyrouth pour préserver l'accord de Taëf, signé en 1989 sous auspices de l'Arabie saoudite et qui avait mis fin à 15 ans de guerre civile au Liban. Le Hezbollah avait qualifié plus tôt cette semaine les propos de Riyad sur l'accord de Taëf "d'ingérence venimeuse".
Entre-temps, la communauté internationale a appelé à plusieurs reprises le Liban à mettre fin à la vacance politique, plaidant pour l'élection sans délai d'un nouveau président.
L'accord sur la frontière maritime
Le dignitaire chiite a en outre assuré dans son discours que les résultats des récentes élections israéliennes, qui ont ramené Benjamin Netanyahu au pouvoir, "n'affecteront pas l'accord sur la frontière maritime ni les contrats avec les compagnies pétrolières et gazières", soulignant le rôle de "garant" des États-Unis dans ce dossier.
M. Netanyahu avait critiqué avec virulence l'accord au moment de sa conclusion, menaçant de vouloir le "neutraliser" s'il arrivait au pouvoir.
Cependant, Hassan Nasrallah a assuré que "l'accord est là pour rester", même s'il a formulé des doutes sur le fait que les États-Unis tiennent leur promesse : "Que celui qui compte sur une garantie américaine demande aux Palestiniens" ce qu'il est advenu de telles garanties faites dans de précédents accords. "Que le cabinet israélien soit d'extrême droite, de gauche ou du centre... cela n'aura aucune importance, cela ne change rien pour nous", a ajouté le secrétaire général du Hezbollah.
Lors de son dernier discours, le 29 octobre, Hassan Nasrallah avait qualifié l'accord sur la frontière maritime avec Israël de "grande victoire historique" pour le Liban, mais reconnu que Beyrouth n'avait pas obtenu toutes ses revendications. Il avait ajouté que son parti avait mis fin à ses "mesures exceptionnelles" contre Israël après la conclusion de l'accord. Depuis plusieurs mois, le Hezbollah s'était mobilisé de manière plus importante face à l’État hébreu, suite notamment à l'arrivée d'une plateforme gazière dans le champ gazier de Karish, début juin.
Toutes ces femmes portent le deuil et les photos de leurs enfants morts dans les guerres d’ego fomentées par Hassouna. C’est dire l’étendu du drame dans notre pays.
12 h 43, le 13 novembre 2022