Le Hezbollah et le CPL brisent la glace, mais...

Une délégation du Hezbollah s’est rendue hier au siège du Courant patriotique libre à Sin el-Fil, pour une première réunion entre les deux alliés après des semaines de froid. À travers cette visite médiatisée, le parti de Dieu souhaitait afficher sa détermination à mettre un terme à son différend avec le courant aouniste, jugé inopportun à l’heure où la bataille présidentielle bat son plein. Car le parti de Hassan Nasrallah ne veut certainement pas perdre une couverture chrétienne précieuse, même si le maintien de ses excellents rapports avec le président de la Chambre, Nabih Berry, et le Premier ministre sortant, Nagib Mikati, demeure l’une de ses priorités absolues. De son côté, Gebran Bassil ne semble pas prêt à couper tous les ponts avec le parti chiite pour plusieurs raisons, à commencer par ses ambitions présidentielles qu’il n’a toujours pas abandonnées complètement, même s’il se montre disposé à avaliser une entente élargie autour du nom du futur chef de l’État. Il y a aussi le besoin du CPL, fragilisé depuis la fin du mandat de Michel Aoun (en octobre 2022), de remédier à son isolement presque total principalement dû à ses mésententes avec tous les protagonistes, y compris son seul allié chiite.

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C’est donc dans ce contexte que le chef du CPL a reçu hier Wafic Safa, haut responsable au sein de la formation chiite, et Hussein Khalil, bras droit du secrétaire général du parti, Hassan Nasrallah. Était également présent César Abi Khalil, député CPL de Aley et l’un des plus proches collaborateurs de M. Bassil. L’entretien a été perçu comme un premier pas sur la voie d’un retour à la normale des rapports perturbés entre les deux camps. Sauf que cette première réunion entre les deux alliés depuis la fin du sexennat Aoun risque de n’être qu’un exercice de pure forme, dans la mesure où aucun des deux protagonistes ne semble disposé à faire des concessions à même de combler le fossé : le Hezbollah continue de soutenir la candidature du leader des Marada, Sleiman Frangié, à la présidence de la République, une option que le leader aouniste rejette catégoriquement. Sans parler de leurs divergences de points de vue quant à la tenue de séances du Conseil des ministres en période de vacance présidentielle. Le Conseil des ministres controversé du 5 décembre dernier, tenu avec le feu vert du Hezbollah, a fait éclater au grand jour la crise de confiance entre le CPL et le Hezbollah. Cette réunion a été suivie par une autre, la semaine dernière, toujours avec la bénédiction du parti chiite, au grand dam des aounistes. Une source proche du chef du CPL confie à L’Orient-Le Jour que c’est le Hezbollah qui a demandé une réunion avec Gebran Bassil. « Nous ne pouvions pas rejeter une telle proposition à l’heure où nous plaidons pour un dialogue élargi avec tous les protagonistes, y compris nos adversaires », commente un ex-parlementaire aouniste. Lors de l’entretien qui a duré plus de deux heures, les deux partis ne sont pas parvenus à une approche commune dans la perspective de la prochaine phase. « Mais le dénominateur commun était la préservation du partenariat au sein des institutions », indique une source proche des participants. La rencontre d’hier n’a donc pas comblé le fossé entre les deux alliés. Une réalité que Hussein Khalil a reconnue à demi-mot, en insistant sur le fait que le Hezbollah et le CPL « ne sont pas un même parti, mais deux formations politiques qui évoluent dans la même direction, comme deux voitures qui avancent sur une même voie ». « Elles ne se heurteront pas, même si l’une est plus rapide que l’autre », a affirmé le responsable du Hezbollah à sa sortie de l’entretien, comme pour minimiser l’ampleur des récents désaccords avec le CPL, qui ont sérieusement menacé l’entente de Mar Mikhaël, mise sur pied en février 2006. Hussein Khalil a en effet pris le soin d’assurer que cet accord « est toujours de mise ». « Pour nous, le partenariat est fondamental, et nos frères au CPL savent que le Hezbollah veille constamment sur (ce partenariat), surtout au sein des gouvernements », a-t-il également assuré.

La présidence et le gouvernement

M. Khalil a ensuite indiqué que le dossier de la présidentielle a été examiné « longuement et dans les détails ». Il a toutefois évité de dévoiler les noms de présidentiables dont il a été question, tout comme il ne s’est pas prononcé sur le point de savoir si le Hezbollah est parvenu à convaincre Gebran Bassil à rallier la candidature de Sleiman Frangié. Mais une source proche des participants à la rencontre d’hier confie que le chef du CPL a clairement fait comprendre à ses interlocuteurs qu’une éventuelle élection du zaïm de Zghorta à la tête de l’État n’assurerait pas la bonne représentativité des chrétiens comme ce fut le cas, à ses yeux, avec Michel Aoun. Rien de nouveau donc sous le soleil, et aucune percée à attendre prochainement en matière de présidentielle. Celle-ci devrait cependant être au menu de prochaines réunions entre le parti jaune et son allié orange, comme l’a déclaré Hussein Khalil depuis Sin el-Fil.

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Toujours selon le conseiller de Hassan Nasrallah, les participants à la réunion d’hier ont également abordé la question de la tenue des Conseils des ministres en période de vacance présidentielle, l’une des principales pommes de discorde entre les deux formations. Là aussi, Hussein Khalil s’est abstenu de préciser la teneur des discussions. Et comme pour ne pas torpiller les résultats minimes de la réunion, il s’est contenté d’un simple « nous verrons plus tard » pour répondre à la question d’une journaliste axée sur la participation des ministres du parti chiite aux séances que Nagib Mikati compte convoquer dans un avenir proche. Mais du côté du CPL, la position demeure inchangée : « Nous ne prendrons pas part aux séances gouvernementales. La question est désormais derrière nous », dit l’ex-député aouniste.

Hezbollah and FPM break the ice, but …