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Campus - BANDE DESSINÉE

À l’AUB, un centre d’études de la BD arabe bientôt officiellement lancé

Le centre Rada et Mutaz Sawaf d’études sur la bande dessinée arabe, établi à la faculté d’ingénierie et d’architecture Maroun Semaan de l’Université américaine de Beyrouth, s’impose désormais comme une référence en la matière dans le monde arabe.

À l’AUB, un centre d’études de la BD arabe bientôt officiellement lancé

Exposition « La nouvelle génération : bande dessinée arabe aujourd’hui » à Dar el-Nimer pour les arts et la culture, en 2021, organisée par Lina Ghaibeh et George Khoury (Jad), et organisée par l’Initiative Mutaz et Rada Sawaf pour la bande dessinée arabe à l’Université américaine de Beyrouth. Photo Centre Rada et Mutaz Sawaf d’études sur la bande dessinée arabe

Grâce à un fonds de dotation à perpétuité s’élevant à 5 millions de dollars, don d’un ancien étudiant de l’AUB, Mutaz Sawaf, et de sa femme Rada Sawaf, le centre d’études de la bande dessinée arabe sera officiellement lancé en avril, à la Bibliothèque nationale de Beyrouth. Mené et soutenu par des passionnés de BD, le centre s’engage dans une mission alliant différents axes complémentaires, allant de la recherche interdisciplinaire, l’étude et l’enseignement d’œuvres issues du monde arabe jusqu’à la promotion d’artistes contemporains et la sensibilisation du public régional, voire international, à cette forme artistique, en passant par la préservation d’un héritage vieux de deux siècles. « C’est un centre unique, le seul consacré à l’étude de la bande dessinée arabe de la région. Toute personne qui veut faire des recherches sur ce sujet, qui doit travailler sur son doctorat ou qui a besoin de ressources, nous contacte. Nous sommes une référence sur la bande dessinée arabe », souligne ainsi Lina Ghaibeh, fondatrice et directrice du centre Rada et Mutaz Sawaf d’études sur la bande dessinée arabe. Axe principal de la mission du centre, préserver l’héritage de la BD arabe implique d’enrichir d’une façon continue la bibliothèque dont il dispose. « Nous sommes en train de collecter et de documenter des BD de la région, remontant aussi loin que nous le pouvons. Nous avons ainsi des œuvres de l’année 1800 jusqu’à nos jours », note Lina Ghaibeh, qui est également professeure associée et coordinatrice du programme de design graphique au département d’architecture et de design de l’AUB. Le centre recevra également la collection de Motaz Sawaf, constituée de 5 000 à 8 000 livres, bandes dessinées et magazines. De même, le centre invitera des artistes et auteurs à contribuer avec leurs œuvres à sa collection, dynamisant de ce fait les archives de l’université qui seront, au fur et à mesure, numérisées. Par ailleurs, le centre Rada et Mutaz Sawaf d’études sur la bande dessinée arabe développera le volet recherche de sa mission et publiera des articles et des livres sur la bande dessinée, en plus de la publication de BD de la région. Il a conclu dans cette perspective un accord avec AUB Press et lancera bientôt un appel à contribution pour une série de bandes dessinées. Il collaborera également avec le magazine (+) sur la bande dessinée arabe, dont le lancement est prévu au mois d’avril et dont le rédacteur en chef, George Khoury (Jad), l’un des pionniers dans la région, est lui-même auteur de BD et de nombreux articles et essais sur le sujet. L’objectif de cette collaboration est d’encourager des auteurs arabes à écrire et à publier leurs articles sur la bande dessinée.

Prix Mahmoud Kahil, mars 2022. Lina Ghaibeh, fondatrice et directrice du centre Rada et Mutaz Sawaf d’études sur la bande dessinée arabe (à gauche), Baraa Alaoor de Palestine (au milieu), lauréate de la catégorie illustration de livres pour enfants, et le membre du jury Mohammad el-Seht (@twinscartoon) d’Égypte. Photo Centre Rada et Mutaz Sawaf d’études sur la bande dessinée arabe

La BD, voix alternative de notre région à l’étranger

Afin de promouvoir la bande dessinée arabe et de susciter l’intérêt du grand public vis-à-vis de cet art, Lina Ghaibeh indique que le centre organisera des expositions, des masterclasses, des conférences ainsi que des ateliers dont certains seront ouverts au grand public. En parallèle, dans le cadre des activités du centre, Lina Ghaibeh, qui enseigne l’animation, l’illustration et la BD, prépare un programme de formation sur la bande dessinée arabe, permettant aux participants d’obtenir, à son issue, une certification. Lancé par l’Initiative Mutaz et Rada Sawaf pour la bande dessinée arabe lors de son établissement en 2014, le prix annuel panarabe Mahmoud Kahil, aujourd’hui à sa 8e année, constitue également une façon de promouvoir la bande dessinée, à travers la mise en lumière d’artistes de la région auprès d’un large public, le lancement de livres, l’organisation d’expositions et la cérémonie de remise des prix, dont celle de la présente édition devrait se dérouler en avril. « Plusieurs auteurs ont pu publier leurs travaux après avoir remporté le prix Mahmoud Kahil ou à la suite de leur participation dans des expositions que nous avons organisées », affirme Lina Ghaibeh, qui rappelle le rôle du centre dans le soutien aux artistes arabes, leur permettant de participer à des festivals internationaux. « La bande dessinée est une forme artistique qui est non seulement un moyen d’expression de soi, mais qui affecte aussi la scène artistique contemporaine dans le monde arabe. L’espace créé par les auteurs de la bande dessinée arabe, notamment pour adultes, est une partie intégrante du mouvement artistique de la région. Par conséquent, il faut le mettre en valeur. » Il s’agit ainsi de consacrer ce médium pour l’inscrire, au fur et à mesure, sur la scène mondiale. « Nous sommes déjà en train de travailler dans cet objectif », assure Lina Ghaibeh. Le centre prévoit deux expositions sur la bande dessinée arabe, à l’international, en 2023, l’une dans le cadre du festival Lyon BD en juin et l’autre, en octobre, au Lakes International Comic Art Festival, au Royaume-Uni. D’autres activités, expositions et tables rondes sont prévues aux États-Unis. « Nous permettons ainsi à un public mondial de découvrir cet art issu de la scène contemporaine arabe et d’entendre la voix de la jeunesse de la région d’une perspective différente de celle véhiculée par les médias. C’est important d’apprendre sur les autres à travers leurs modes d’expression. Et la BD est magnifique parce qu’elle possède le texte et le visuel. Les lecteurs s’y sentent connectés sur les plans émotionnel et intellectuel », explique la directrice du centre. Actuellement, l’histoire de la bande dessinée arabe suscite un intérêt accru à l’échelle internationale. Cela permet de diffuser une narration alternative de la région. « Les auteurs de BD expriment leurs pensées dans leurs œuvres. Ils parlent de leur société, et cela ouvre une nouvelle fenêtre vers le monde, permettant de voir un aspect différent de notre région. » Si les BD arabes ont été populaires dans les années 1960 et 1970, atteignant « un niveau sans précédent tant en qualité qu’en production », selon Lina Ghaibeh, cette forme artistique connaît actuellement un engouement, en particulier les œuvres pour adultes. Plusieurs festivals régionaux dédiés à cet art se déroulent d’ailleurs chaque année, tels le Festival international de la bande dessinée d’Alger (Fibda) ou le festival Cairo Comix au Caire.

Grâce à un fonds de dotation à perpétuité s’élevant à 5 millions de dollars, don d’un ancien étudiant de l’AUB, Mutaz Sawaf, et de sa femme Rada Sawaf, le centre d’études de la bande dessinée arabe sera officiellement lancé en avril, à la Bibliothèque nationale de Beyrouth. Mené et soutenu par des passionnés de BD, le centre s’engage dans une mission alliant différents...

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