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Nos Lecteurs ont la Parole

Après une annus horribilis, des vœux, les meilleurs

L’année 2023 commence, après une annus horribilis, chargée de malheurs et d’un grand vide constitutionnel incarné par le père, le président de la République.

Est-ce que le Liban, ou plutôt les Libanais ont besoin de cette présence paternelle ?

Des pères qui ont volé leur économie, vidé leurs comptes bancaires, transféré des milliards de dollars offshore… Des pères filicides, des pères machiavéliques qui ont détruit ce qui a été épargné durant des siècles de guerres et de népotisme. À qui est-ce la faute ? Aux pères du pays du Cèdre ou au père colonial ? De quel père colonial ? De celui de l’Empire ottoman connu au début de son règne par la tolérance et l’inclusion avant qu’il ne sombre dans la violence, ou de celui de l’Occident en Orient à partir du XVIIIe siècle ?

À vrai dire, la question qui se pose est celle de l’appétit colonial de l’Occident et de la division des Libanais. Le Liban fut et reste victime de cette rivalité des puissances en Orient. Comme l’a dit Georges Corm dans Le Proche-Orient éclaté : « Cette déchirure ressemble étrangement à celle d’aujourd’hui », créant un système de clientélisme communautaire et confessionnel. Un système ancré dans des traditions tribales qui n’hésite pas à chercher son salut à l’étranger dans des querelles intestines ou durant des débâcles socio-économiques. »

Et l’ironie du sort, ce modus operandi n’a pas pris de rides depuis la création de ce petit pays par sa superficie, et grand par son histoire et sa richesse culturelle. Les concertations se multiplient tous azimuts chez les politiciens libanais et étrangers pour trouver le candidat idéal à la présidentielle et une solution à une crise économique inédite.

Entre-temps, la discorde entre les chefs politiques libanais croît de plus en plus pour organiser l’élection présidentielle.

Quant aux Libanais, ils attendent patiemment l’élection d’un nouveau président, cependant ils voient leur économie se réduire comme une peau de chagrin.

Quant à leur malheur, il ne cesse de grandir. À qui est-ce la faute ?

Peut-on supposer que le malheur des Libanais, c’est celui de suivre leurs pères, leurs chefs politiques, confessionnels, communautaires… au détriment de l’identité nationale ? Ou celui de leur optimisme ? Ou celui de leur résignation ? Ne sont-ils pas exténués de suivre untel ou untel ? Hélas, chaque confession ne jure que par son chef. Quant au chef, il ne pense qu’à ses propres profits.

Le malheur des Libanais, c’est de croire à leurs chefs. Ils ont appris à suivre, sans coup férir, leurs pères, aux dépens de leur vie. Leurs pères, ou leurs chefs politiques, des hommes sans scrupules, habitués au filicide, imprégnés par une tradition caduque, clanique, tribale, a priori légendaire ; des chefs rompus au filicide, accoutumés à voir le père pleurer la mort du fils, la mort de ses enfants, à l’instar de Rostam dans Le Livre des Rois de Ferdowsi qui versait des larmes après avoir tué son propre fils Sohrâb.

Une année passe et les malheurs des Libanais n’en finissent guère. Une année commence et le peuple libanais, condamné à rêver, espère que demain sera un meilleur jour et que l’année 2023 apportera de bonnes résolutions.

Et s’ils « tuent » leurs pères, seront-ils délivrés de la malédiction ? Que deviendront-ils ? Seront-ils heureux ? Seront-ils bénis ? L’année 2023 sera-t-elle aussi une annus horribilis comme les années précédentes ?

« En attendant Godot », portant un toast aux Libanais victimes de leurs pères filicides, espérant que les fils ne deviendront comme Œdipe de Sophocle, et commettront un patricide. Que les divinités protègent ce « petit-grand » pays !

Island View, NB

Canada

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L’année 2023 commence, après une annus horribilis, chargée de malheurs et d’un grand vide constitutionnel incarné par le père, le président de la République. Est-ce que le Liban, ou plutôt les Libanais ont besoin de cette présence paternelle ? Des pères qui ont volé leur économie, vidé leurs comptes bancaires, transféré des milliards de dollars offshore… Des pères...
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