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Nos Lecteurs ont la Parole

Arwa ou la force contagieuse

Arwa el-Amine Halawi, un nom qui évoque tant de belles choses ; une force indestructible, une douceur féminine, une patience invincible. Cette femme pionnière, qui a marqué de son empreinte les générations à venir, nous a quittés le 30 décembre 2022. Arwa était la présidente de la Lebanese Autism Society, ONG qu’elle a fondée il y a plus d’une vingtaine d’années, aux côtés d’autres mères d’enfants autistes.

Arwa était la mère d’un de ces enfants, Abbas. Elle a relevé le défi de faire accepter son fils par une société libanaise qui ignorait encore presque tout de l’autisme.

Aujourd’hui, grâce à Arwa, les enfants autistes ont une école au Liban, ont intégré certaines professions, ont découvert certains talents, et ont même vendu certaines œuvres d’art. Mais pour faire accepter l’autisme, il a fallu d’abord l’expliquer.

Expliquer, éclairer, pour faire accepter et intégrer. C’était le combat de sa vie. Un combat qu’elle a porté aux quatre coins du pays.

Arwa n’a jamais raté une occasion de se présenter à la télévision pour parler de l’autisme, à organiser toutes sortes d’évènements avec toujours le même souci : sensibiliser et même « démocratiser » l’autisme.

Malgré toutes les difficultés, le manque de support, la situation du pays, et sa maladie, Arwa ne s’était jamais découragée. Avec amour, pédagogie, détermination et persévérance, Arwa expliquait que son fils et les autistes ne sont pas des êtres désavantagés mais bien des êtres comme nous, non dénués de talent, d’amour ou d’intelligence.

Abbas a aujourd’hui deux sœurs : Lynn et Sarah. Lynn hérite de la douceur et de l’intelligence d’Arwa, Sarah de sa force et de sa détermination. Arwa fut non seulement exemplaire en tant que mère d’un enfant autiste, mais tout autant avec ses deux jeunes filles, à qui elle a transmis les valeurs de tolérance et persévérance qui lui étaient si chères.

À leur tour Lynn et Sarah apprenaient à leur entourage, camarades de classe, étudiants et collègues, que leur frère Abbas est une source de bonheur, que la différence n’est en aucun cas un amoindrissement, qu’être autiste, c’est simplement voir les choses autrement. Avoir transmis à ses filles, à toute une génération, le sens du combat et le goût de la tolérance, n’est-ce pas là le plus bel héritage d’Arwa ?

À titre personnel, je suis une de ces nombreuses personnes à avoir reçu ce formidable legs que nous laisse Arwa. Je ne suis pas la seule. Nos amis, nos familles, nos collègues, nous tous avons été contaminés, non pas par un virus, mais par la volonté indestructible d’Arwa, plus forte que toute maladie, que tout cancer.

Il est difficile de décrire Arwa en ce début lugubre de janvier 2023, et il est encore plus dur d’imaginer notre petit monde sans elle. Mais ce qui est sûr, c’est que cette graine qu’elle a plantée en nous, cette graine de tolérance, de respect, et d’amour indéfectible, continuera à pousser, et on sèmera cette graine à notre tour, partout autour de nous.

Arwa, tu étais une grande dame, généreuse, pleine d’énergie et d’initiative. Une femme forte, sereine et intelligente. Tu étais surtout une mère, une maman, une source inépuisable d’amour, d’affection et de tendresse.

Perdre un pilier, un rocher, n’est jamais chose aisée. On entend souvent les gens consoler la famille des défunts en disant : « They left a legacy. »

Arwa, aujourd’hui, nous sommes tous ta « legacy » ; les valeurs que tu as portées durant toute une vie et semées en nous ne nous quitteront jamais. Merci pour tout. Pour ton temps. Ta générosité. Ta tolérance. Merci de nous avoir tant appris. Merci de m’avoir acceptée dans ta famille.

Arwa, on ne t’oubliera jamais.

Tout comme on n’oubliera jamais ce fameux bronzage, fruit d’un labeur assidu de 12 mois l’année. Ni ta voiture couleur champagne dans laquelle tu passais des heures pour sauter d’un évènement à l’autre, ni ce miroir sur lequel s’éternisaient tes sessions de maquillage « touch ups ». Et comment oublier tes recherches rigoureuses de vêtements les plus « trendy ». Tes cheveux longs. Ton intransigeance pour le meilleur tiramisu : « Eh hayda tiramisu ! »

Avec tes frères que tu rejoins aujourd’hui, veille sur nous.

Que ton âme repose en paix, Arwa.

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique Courrier n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, L’Orient-Le Jour offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

Arwa el-Amine Halawi, un nom qui évoque tant de belles choses ; une force indestructible, une douceur féminine, une patience invincible. Cette femme pionnière, qui a marqué de son empreinte les générations à venir, nous a quittés le 30 décembre 2022. Arwa était la présidente de la Lebanese Autism Society, ONG qu’elle a fondée il y a plus d’une vingtaine d’années, aux côtés...
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