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Nos Lecteurs ont la Parole

Merci Qatar

Il y a quelques décennies, l’émirat du Qatar n’était qu’un un bout de désert de 11 500 kilomètres carrés s’avançant dans le golfe Persique. Son sol plat est recouvert de cailloux et de poussière, hormis quelques dunes de sable dans l’arrière sud du pays. Historiquement, les principales ressources du pays sont la pêche et les huîtres perlières. Mais la découverte du pétrole dans les années 1940 va transformer l’économie du pays de fond en comble. Spécifiquement, la découverte de plus de 24,7 milliers de milliards de mètres cubes de gaz naturel va rapidement placer le Qatar à la troisième place des réserves mondiales, derrière la Russie et l’Iran. Si l’on mesure le PIB par habitant, l’émirat s’impose aujourd’hui comme l’un des pays les plus riches au monde.

Toutefois le Qatar possède une autre richesse qui est de nature intangible cette fois-ci, à savoir une ambition sans borne. C’est ainsi qu’il tente le pari inimaginable d’accueillir le plus prestigieux des événements sportifs du monde, en l’occurrence la Coupe du monde de football 2022. Effectivement, le pays réussit son pari insensé : en 2010, Sepp Blatter, le président de la Fédération internationale de football (FIFA), dévoile que le Qatar est le pays choisi pour accueillir la Coupe du monde de football 2022, et cela au grand dam de l’Australie, du Japon, de la Corée du Sud et des États-Unis.

Le Qatar ne se prive de rien pour bien accueillir le monde, conformément au souhait de l’émir Tamim al-Thani. Sous l’égide du Qatari Investment Authority, dont le budget total est de 450 milliards de dollars, le pays se lance alors dans une frénésie de construction, érigeant non seulement des stades, mais aussi un système de métro, une extension d’aéroport, des routes, des ponts, des hôtels, des îles artificielles, des grandes surfaces commerciales et des gratte-ciel de verre. Entre parenthèse, ce budget colossal s’inscrit dans un projet plus vaste intitulé Qatar National Vision 2030. En d’autres termes, la Coupe du monde est en quelque sorte un genre de catalyseur pour un projet de développement gigantesque à long terme.

En l’espace d’une décennie, Doha triple de taille avec des dépenses astronomiques dépassant les 220 milliards de dollars. Le résultat est impressionnant, tant par sa grandeur que par sa splendeur. Prenons la skyline des îles artificielles de la région The Pearl à titre d’exemple. Vue d’avion le soir, on y découvre avec émerveillement une étendue vaste qui tourbillonne et scintille de mille feux. C’est un genre de Las Vegas encore plus somptueux et plus majestueux. De surcroît, ce joyau de l’architecture urbaine est posé au beau milieu de l’océan.

Les travaux de construction sont effectués par des migrants qui représentent près de 90 % des trois millions d’habitants du pays. Les conditions de travail dans les chantiers sont relativement difficiles et dangereuses. L’Occident prétend que des milliers de personnes auraient péri depuis le début des constructions, souvent sans explications valables ni indemnisations adéquates. Le Qatar s’en défend vigoureusement. Il affirme s’être lancé dans des réformes massives et inédites pour améliorer les conditions de vie des travailleurs venus du monde entier. Spécifiquement, le pays relève le salaire minimum et surtout abandonne le système humiliant de parrainage des ouvriers étrangers (kafala). En ce qui concerne l’organisation de la Coupe du monde, une logistique sans faille est mise en œuvre pour offrir au monde l’image d’une société qatariote conservatrice et accueillante à la fois.

Incontestablement, la Coupe du monde 2022 est un succès retentissant. Les stades affichent complet avec plus de trois millions de spectateurs venus du monde entier pour assister aux matches. Les surprises s’accumulent notamment avec l’ascension du Maroc aux demi-finales, ainsi que la victoire de l’Arabie saoudite sur l’Argentine. Malgré une présence massive de supporters hétéroclites, l’émirat du Qatar a magistralement réussi à surmonter des problèmes qui donnent généralement des cauchemars aux pays organisateurs, notamment les violences et les débordements des supporters. En effet, aucun incident majeur ne se produit tout au long de la compétition.

Cerise sur le gâteau, l’apothéose de cet événement sportif est une finale de légende entre l’Argentine et la France. Le somptueux duel Messi (35 ans)-Mbappé (24 ans) est hitchcockien par son suspense insoutenable. Entre parenthèses, ces deux joueurs évoluent au Paris Saint-Germain FC dont les propriétaires sont, ironiquement, des Qatariotes. La victoire de l’Albiceleste permet à Messi d’accéder finalement au panthéon du football. Celui que l’on surnomme « La Pulga » couronne sa carrière de footballeur de la plus belle des manières. Il emporte le seul trophée majeur qui manque à son incroyable palmarès, à savoir la Coupe du monde. Il serait donc juste et bon de dire « merci Qatar » pour cette mémorable Coupe du monde 2022. Selon le président de la FIFA, Gianni Infantino, c’est « la meilleure Coupe du monde de tous les temps ». Rendez-vous maintenant dans quatre ans pour la Coupe du monde 2026. Elle se déroulera conjointement aux États-Unis, au Canada et au Mexique avec un nom fort évocateur, en l’occurrence « United 2026 ».


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Il y a quelques décennies, l’émirat du Qatar n’était qu’un un bout de désert de 11 500 kilomètres carrés s’avançant dans le golfe Persique. Son sol plat est recouvert de cailloux et de poussière, hormis quelques dunes de sable dans l’arrière sud du pays. Historiquement, les principales ressources du pays sont la pêche et les huîtres perlières. Mais la découverte du...
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