
Sophie Akoury lors de la cérémonie de remise du diplôme et du prix en septembre dernier. DR
C’est en longeant quotidiennement la rivière de Los Angeles (LA) pour se rendre à son université que germe l’idée de Sophie Akoury, la rivière américaine lui rappelant le fleuve de Beyrouth. « Je me demandais comment il y a à LA un espace urbain aussi similaire à celui de Beyrouth. » Petit à petit, l’image de la rivière, de son histoire et même des mythes qui y sont associés ne la quitte plus. Son projet, qu’elle intitule « 51 miles + 25 km = 13 feet (pieds en anglais) » – 51 miles étant la longueur de la rivière de LA, 25 km celle du fleuve de Beyrouth, et 13 pieds (un peu moins de 4 mètres) celle de son installation–, est accompagné d’une projection vidéo où elle recrée ces mythes et histoires à partir des années 1800.
Dans la projection de Sophie Akoury, la caméra avance tout au long de la maquette de la rivière de LA pour voir l’environnement changer, et arriver au fleuve de Beyrouth. « Je m’intéresse à l’archivage. Mon projet est une façon d’archiver la rivière de LA, de montrer son histoire et ses différentes fonctions à travers le temps. En incorporant Beyrouth, j’ai voulu illustrer la subjectivité des archives », raconte la jeune architecte dont le projet final a remporté le prix Frank Gehry, du nom de l’un des fondateurs de la Southern California Institute of Architecture. « Il y a toujours une touche personnelle, des connotations et des souvenirs qui entrent en jeu », explique-t-elle. Les archives sont « collectives et personnelles à la fois ». C’est d’ailleurs pour cela qu’elle décide d’incorporer le fleuve de Beyrouth de façon ambiguë, avec une transition non détectable. « La vidéo est de 10 minutes et ce n’est qu’à la fin qu’on arrive à la partie de Beyrouth. Les spectateurs ne réalisent pas par eux-mêmes qu’il y a eu une transition, je leur ai expliqué cela durant ma présentation », précise Sophie Akoury qui s’est vu remettre le prix de 2 500 dollars lors de la cérémonie de remise de diplôme organisée en septembre dernier. « Ma vidéo, c’est un voyage à travers des archives réelles et fictives à la fois », souligne-t-elle encore.
La multiplicité de la réalité
« Il y a un plan aujourd’hui pour renouveler la rivière, entre autres un projet de Frank Gehry lui-même qui est en train de proposer de construire un musée et un parc pour la rivière de LA. Il y a cette polarisation des architectes qui perçoivent cette rivière comme un site à réanimer, et en contrepartie les activistes qui essaient de préserver la rivière et d’enlever le béton pour la ramener à l’état sauvage. Ce que j’ai voulu montrer dans mon projet, c’est qu’il n’y a pas de mauvais point de vue, car c’est un espace qui implique tant de récits différents en même temps. Cette rivière ne peut pas être vue comme un seul objet urbain. Ce sont plein d’environnements combinés », indique encore en guise de conclusion la jeune architecte libanaise.
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00 h 01, le 10 janvier 2023