Orangina parti, et avec un Parlement infoutu de lui trouver un successeur, on pourra compter bientôt le nombre d’ambassadeurs qui feront tapisserie avant de présenter leurs lettres de créance jaunies à l’improbable président qui viendrait à éclore de la compote de 128 cerveaux faisandés.
Il n’y a plus qu’à attendre maintenant que se mettent gentiment en place les nouvelles querelles de clochers et de minarets, pour une meilleure visibilité des castagnes à venir. Un pays entier est là, béat et godiche, haletant de savoir à quel moment les ploucs du landernau vont s’envoyer des gnons dans les gencives. Vivement que les querelles redeviennent de saison !
Comme il fallait s’y attendre, c’est le Mongénéral sortant qui a tiré le premier. Mauvais perdant comme à son habitude, il a mitraillé ses dragées dans toutes les directions, n’épargnant que le Sayed barbu avec qui il s’était pacsé en 2006. Un accord gravé dans le marbre, puisque c’est l’homme des cavernes qui avait écrit les consonnes, et l’homme des casernes les voyelles… Mais tout le monde fait des erreurs de jeunesse, les deux compères sont restés jeunes très longtemps, c’est tout.
Lumineux comme le soleil qui se lève sur les vaches de Msaïleh, Istiz Nabeuh a alors eu l’idée de ramener des combles de Aïn el-Tiné un vieux meuble branlant dont il avait naguère usé et abusé : la plancha du verbiage, pompeusement appelée table de dialogue. Une structure arrondie en contreplaqué massif, recouverte d’une nappe destinée à cacher pudiquement les coups de pied rageurs des participants dans le feu des discussions et surmontée de l’éternel drapeau rouge et blanc frappé du buisson vert.
Après consultation des ahuris de tous bords, on a cru comprendre que Bac -6 a reçu deux sortes de réponse pour sa table : la première lui enjoignait de se la carrer là où il pense, la seconde suggérait de la débiter menu et de lui donner à manger les copeaux à la cuillère.
Choisi par le Parti barbu davantage pour sa fidélité que pour ses fulgurances, le Taulier de la place de l’Étoile espérait sans doute offrir in extremis à son allié communautaire un Franju sorti de sa manche. Et porter l’estocade finale au Basileus à qui il a toujours réservé un chien de sa chienne. De toute façon, les gesticulations ratées d’Istiz Nabeuh n’engagent que ceux qui y croient. Le vieux déshérité est d’autant plus prêt à toutes les combines, qu’il sait qu’il appartiendra au Sayed barbu de les lui valider. Il proclame d’ailleurs devant sa claque que plus il pense à la situation du Liban, plus il est inquiet.
Évidemment, personne n’a osé lui dire qu’il n’a qu’à ne plus y penser du tout. Ça nous ferait des vacances, en plein milieu de la vacance !
gabynasr@lorientlejour.com
commentaires (10)
Les coups de pieds rageurs ont commencé loin de la table, et sans couverture.
Esber
22 h 30, le 04 novembre 2022