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Nos Lecteurs ont la Parole

La culture est une valeur où la concession est interdite

La valeur fondamentale qui distingue le Liban des pays arabes avoisinants est la « Culture » avec un grand « C ». Malheureusement, la culture fait maintenant défaut au Liban. Ce n’est pas nécessairement le régime politique qui en est responsable, mais plutôt les pratiques de certains décideurs qui dénaturent l’image d’un Liban intrinsèquement cultivé et ouvert d’esprit.

Je fais spécifiquement illusion à la déclaration du ministre de la Culture Mohammad Mortada qui déclare le 8 octobre 2022 la chose suivante au sujet du festival littéraire et francophone Beyrouth Livres : « Parmi les participants, se trouve un certain nombre ayant embrassé les projets sionistes dans la pensée et dans la pratique, les soutenant aussi bien dans leurs travaux littéraires que dans leur vie quotidienne… Nous ne permettrons pas la normalisation culturelle masquée avec le sionisme au Liban. » Cette déclaration témoigne d’un manque flagrant de discernement et de clairvoyance. De par ces propos, le ministre reflète les nuances toxiques qui enveloppent une grande composante de la population libanaise, notamment la paranoïa, l’ignorance, l’agressivité et la rigidité.

Force est de reconnaître que les mots éclairés sont des parfums qui invitent au partage noble des idées. Ils enrichissent l’esprit, stimulent le cerveau et encouragent la réflexion. Par contre, les propos obscurantistes sont des puanteurs qui poussent inexorablement les esprits éclairés vers la porte de la sortie. En témoigne le désistement en cascade de cinq auteurs français du festival littéraire et francophone Beyrouth Livres, dont notamment l’écrivain français Sélim Nassib qui est né à Beyrouth dans une famille juive en 1946.

Chaque être parlant a le droit d’exprimer son opinion, que ce soit dans le domaine humain, social, politique, religieux ou scientifique. La liberté d’expression permet à chacun d’exprimer librement ce qu’il ressent, ce qu’il a vécu, et cela sans être soumis à des discriminations et des préjugés absurdes. Naturellement qu’il y a des limites à la liberté d’expression. Par exemple, les récits malveillants qui émanent des passions négatives et irrationnelles devraient être régulés afin de les empêcher de porter atteinte à la dignité humaine. En l’absence de ces contraintes raisonnables, personne n’a le droit d’entraver la liberté d’expression, particulièrement si celle-ci est véhiculée par le biais d’une culture gracieuse et élégante.

Force est de reconnaître que les premières démocraties ont suivi la philosophie des Lumières. En particulier, l’agora d’Athènes dans la Grèce antique est un forum public qui permet les échanges d’idées, surtout s’ils sont discordants et conflictuels. À leur tour, les échanges d’idées contribuent au développement intellectuel de l’esprit. En effet, c’est dans la pluralité des perspectives que la culture peut foisonner de façon saine et humaine.

Défendons donc ardemment nos valeurs culturelles. Elles sont historiques et font partie de notre patrimoine dont nous sommes tellement fiers. Parallèlement, refusons catégoriquement d’être un pays obscurantiste. Organisons donc la résistance de la culture dans l’intérêt suprême du pays et de son avenir. En un mot, la culture est une valeur où la concession est interdite.


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique Courrier n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, L’Orient-Le Jour offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires ni injurieux ni racistes.

La valeur fondamentale qui distingue le Liban des pays arabes avoisinants est la « Culture » avec un grand « C ». Malheureusement, la culture fait maintenant défaut au Liban. Ce n’est pas nécessairement le régime politique qui en est responsable, mais plutôt les pratiques de certains décideurs qui dénaturent l’image d’un Liban intrinsèquement cultivé et...
commentaires (2)

Le mot culture est si vague qu'il en devient toxique voire totalement dévoyé et finalement un vecteur de pouvoir et de distribution de prébendes. Selon quelle logique les pouvoirs publics doivent-ils allouer l'argent du contribuable pour payer les salaires d'un orchestre qui joue gratuitement plutôt que pour soutenir l'éducation musicale ou le festival des pêches de Bickfaya ? Le Hezbollah l'a bien compris qui a banalisé l'alliance de mots "culture de la résistance". Non vraiment, tout le monde se portera mieux le jour où on en aura fini de ce mot imbécile.

M.E

12 h 13, le 24 octobre 2022

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Commentaires (2)

  • Le mot culture est si vague qu'il en devient toxique voire totalement dévoyé et finalement un vecteur de pouvoir et de distribution de prébendes. Selon quelle logique les pouvoirs publics doivent-ils allouer l'argent du contribuable pour payer les salaires d'un orchestre qui joue gratuitement plutôt que pour soutenir l'éducation musicale ou le festival des pêches de Bickfaya ? Le Hezbollah l'a bien compris qui a banalisé l'alliance de mots "culture de la résistance". Non vraiment, tout le monde se portera mieux le jour où on en aura fini de ce mot imbécile.

    M.E

    12 h 13, le 24 octobre 2022

  • Pourquoi vous ne dites pas l’écrivain Franco libanais , Selim Nassib ?

    Eleni Caridopoulou

    19 h 35, le 22 octobre 2022

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