Le cabinet restreint israélien, constitué des principaux ministres du gouvernement de Yaïr Lapid, a approuvé mercredi l'accord proposé par les Etats-Unis pour délimiter la frontière maritime commune de l'Etat hébreu avec le Liban, ouvrant la voie à un examen parlementaire du texte pendant deux semaines, avant que celui-ci ne puisse entrer en vigueur. Selon M. Lapid, cet accord "éloigne" la possibilité d'un nouveau conflit armé entre le Hezbollah libanais et l'Etat hébreu.
Le gouvernement restreint a déclaré que l'accord devait être approuvé "de toute urgence", selon un communiqué publié à l'issue de la réunion. D'après des médias israéliens, seul le ministre de l'Intérieur Ayelet Shaked s'est abstenu de voter sur le texte.
Lors de la réunion, le chef d'état-major israélien Aviv Kochavi et celui des services de renseignements de l'armée, Aharon Haliva, ont présenté des rapports sur les aspects sécuritaires de l'accord et sur le dernier discours du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, prononcé mardi soir. Tous les responsables sécuritaires présents lors de la réunion du cabinet restreint ont donné leur approbation concernant le texte.
Israël/Hezbollah
Pour sa part, le Premier ministre israélien a estimé que "cet accord éloigne la possibilité d'affrontements armés avec le Hezbollah". "Israël n'a pas peur du Hezbollah (...) mais s'il est possible d'éviter une guerre, c'est la responsabilité du gouvernement de le faire", a soutenu M. Lapid lors d'une conférence de presse à Jérusalem.
S'il est finalisé, l'accord - salué mardi par les trois parties concernées, Beyrouth, Tel Aviv et Washington, comme un accomplissement "historique" - marquera une rupture diplomatique avec des décennies de guerre et d'hostilité et ouvrira la porte à l'exploration énergétique offshore.
Le projet d'accord indique, selon la version complète du texte rendue publique, que l'accord se veut une "résolution permanente et équitable" du différend maritime, mais ne résout pas le désaccord sur la frontière terrestre commune aux deux pays. L'accord prendra effet lorsque le Liban et Israël auront envoyé des lettres à Washington, qui publiera un avis annonçant la mise en place de l'accord. Ce jour-là, le Liban et Israël enverront simultanément aux Nations unies des coordonnées identiques indiquant l'emplacement de la frontière. La ligne de démarcation débutera à l'ouest d'une ligne de bouées qui s'étend depuis la frontière terrestre contestée. Ces bouées resteront en place, selon le texte de l'accord. Les parties de l'accord chercheront à résoudre tout autre différend maritime par l'intermédiaire des États-Unis, ce qui garantira le maintien du rôle de garant de Washington, précise également la proposition.
Législatives israéliennes
Après l'approbation mercredi du cabinet de sécurité de Yaïr Lapid, l'accord sera probablement soumis à l'ensemble du cabinet, puis à la Knesset pour un examen de deux semaines qui se terminera probablement au moment des élections législatives prévues le 1er novembre, selon des sources gouvernementales. L'adversaire du chef actuel du gouvernement, l'ex-Premier ministre conservateur Benjamin Netanyahu, a fait valoir que l'accord pourrait profiter au Hezbollah, et a accusé M. Lapid d'échapper à l'examen du Parlement, ce qui pourrait donner lieu à un examen controversé par les législateurs.
Le Liban, lui aussi, veut aller de l'avant rapidement. Selon des sources politiques, le président Michel Aoun tient à signer l'accord, ce qui constituerait sa plus grande réussite avant la fin de son mandat de six ans, le 31 octobre. L'accord ne sera pas soumis au Parlement libanais, mais le Premier ministre, le président et le président du Parlement - la troïka dirigeante de facto d'un pays économiquement sinistré - se sont déclarés satisfaits de ses termes.
La profonde crise économique que traverse le Liban l'a également incité à agir rapidement, car les revenus potentiels de l'exploitation du gaz pourraient contribuer à renflouer les caisses de l'État ou du moins à atténuer les pénuries chroniques d'électricité. TotalEnergies devrait commencer à explorer le gisement de Cana dès que l'accord prendra effet. Cherchant à minimiser les futurs bénéfices libanais, la ministre israélienne de l'Energie, Karine Elharrar, a déclaré à la radio 103 FM de Tel Aviv que les premières estimations évaluaient la valeur totale de ce gisement à quelque 3 milliards de dollars.
commentaires (2)
LE PARLEMENT LIBANAIS NA PAS SON MOT À DIRE. CAR LES DÉPUTÉS NE SONT QUE DES PIONS SOUMIS. CE SONT LES CHEFS QUI DÉCIDENT TOUT CHEZ NOUS ET VOUS N’ÊTES PAS CENCER À LE SAVOIR, ÇA NE CONCERNE QU’EUX.
Gebran Eid
17 h 46, le 12 octobre 2022