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La convoitise exubérante des jeunes esprits pour les universités d’élite

La convoitise exubérante des jeunes esprits pour les universités d’élite

Photo d’illustration Bigstock

Le dilemme récurrent des jeunes adolescents des établissements scolaires est le suivant : quelle université intégrer pour maximiser les chances de réussite dans la vie ? Nombreux sont ceux qui rêvent d’être admis dans les universités d’élite. Parmi les plus illustres institutions d’enseignement supérieur, on pourrait citer notamment le club sélect des « Ivy Leagues » qui se situent au nord-est des États-Unis. Elles sont au nombre de huit, à savoir Harvard University, Yale University, Princeton University, Columbia University, Brown University, Cornell University, University of Pennsylvania et Dartmouth College. Bien sûr, il y a d’autres universités dans diverses régions américaines tout aussi prestigieuses comme, par exemple, Stanford University, California Institute of Technology (Caltech), Massachusetts Institute of Technology (MIT) et University of Chicago.

La concurrence pour les places convoitées dans les universités d’élite susmentionnées est si féroce et sélective que seule une infime proportion de postulants arrive à pénétrer ces forteresses du savoir. Voici quelques statistiques pertinentes de l’année 2022 : à Stanford University, 47 450 candidats ont postulé et 2 040 ont été admis (soit un taux d’admission de 4,3 %). À Harvard University, 42 749 candidats ont postulé et 1 962 ont été admis (soit un taux d’admission de 4,6 %).

Certaines écoles privées aux États-Unis offrent des classes préparatoires aux jeunes élèves typiquement âgés entre 14 et 16 ans afin de maximiser leurs chances d’accéder aux universités les plus prestigieuses. Certaines de ces écoles sont des internats (« Boarding Schools » en américain) avec des noms célèbres comme Phillips Exeter Academy, Phillips Academy Andover, Choate Rosemary Hall, Deerfield Academy, St. Paul’s School, Groton School (pour ne citer que quelques noms illustres). L’atout principal de ces « superétablissements scolaires » est qu’ils offrent un cursus amplement plus riche qu’une école conventionnelle avec, en prime, un cadre admirable et un enseignement remarquable. En outre, ils proposent un généreux assortiment de programmes parascolaires pour agrémenter le CV de leurs étudiants. De surcroît, leurs responsables ont un accès privilégié aux différentes universités américaines. Ils n’hésitent donc pas à solliciter les bureaux d’admission des universités d’élite pour plaider la cause de leurs étudiants préférés. Il suffit de consulter le film Scent of a Woman – avec Al Pacino comme acteur principal –- pour comprendre l’ampleur de l’influence que ces établissements huppés peuvent avoir sur l’avenir de leurs élèves.

Force est de reconnaître que le palmarès de ces « superétablissements scolaires » en matière de placement dans les universités est glorieux. D’ailleurs, que ce soit sur leurs sites web ou sur leurs réseaux sociaux, ils affichent fièrement et ostensiblement les noms de leurs anciens élèves qui ont été admis dans les meilleures universités américaines. Cependant, il n’est pas donné à tout le monde la possibilité d’intégrer ce genre d’établissements, car leurs coûts sont généralement prohibitifs. Leurs étudiants sont généralement issus de familles opulentes et affluentes. Entre parenthèses, les agents d’admission des universités raffolent de ce genre de candidats, car ils représentent de potentiels et généreux donateurs pour leur « alma mater ».

Incontestablement, les jeunes esprits qui ambitionnent d’intégrer coûte que coûte les universités d’élite devraient consentir à faire de longs et douloureux sacrifices, aussi bien physiques que psychologiques. Qu’ils soient Américains, Français, Anglais, Libanais, ou autres, ils doivent bosser continuellement et assidûment comme des bêtes de somme du matin jusqu’au soir sans connaître un temps de répit. L’objectif est d’obtenir des notes exceptionnelles à l’école, ainsi que de se classer parmi les meilleurs des meilleurs dans les tests standardisés (notamment le SAT ou l’ACT).

De surcroît, les agents d’admission des grandes universités ne s’intéressent pas uniquement aux premiers de classe. Ils favorisent aussi les « supercandidats » au profil intrigant et intéressant, en l’occurrence ceux qui possèdent le potentiel d’acquérir un solide arsenal de compétences qu’ils utiliseront plus tard à bon escient. Les jeunes esprits ambitieux s’activent donc comme des forcenés pour valider les rigoureuses exigences des normes d’admission. Ils sont engloutis dans un tel engrenage infernal d’activités parascolaires qu’ils ne trouvent plus le temps de profiter des simples plaisirs de la vie comme, par exemple, avoir de belles et inoubliables vacances d’été avec leur famille et leurs amis. Certains sombrent même dans la profonde dépression en raison du travail assidu et du stress accumulé avec le passage du temps.

Cette exubérance de convoiter coûte que coûte les institutions d’élite est souvent obsessionnelle, voire irrationnelle. Elle est aussi souvent contre-productive, car elle ne contribue pas nécessairement au développement sain des jeunes esprits, tant sur le plan pédagogique que psychologique. À titre d’exemple, les jeunes ne lisent pas des bouquins pour découvrir leurs passions, mais surtout pour impressionner les agents d’admission des universités. En d’autres termes, ils apprennent à « citer des livres » plutôt qu’à connaître réellement « la valeur des livres ». De plus, ils se débattent comme des diables à perfectionner certains talents ciblés (qu’ils soient artistiques, athlétiques, ou autres) non « par passion », mais « par obligation ». Au final, cette exubérance démesurée pour les universités d’élite comporte un péril irréversible : elle risque d’amputer ses sujets d’une enfance heureuse et insouciante.

Mon humble mais précieux conseil pour les parents est le suivant : la clef du succès et du bonheur de votre enfant ne se trouve pas nécessairement dans les universités les plus prestigieuses. Évidemment qu’il est souhaitable que votre enfant soit ambitieux et qu’il travaille méthodiquement et systématiquement en vue d’améliorer ses performances, car cela lui permettra d’accomplir des choses merveilleuses dans la vie. Cependant, donnez-lui le temps de grandir naturellement et authentiquement dans un environnement sain et serein. Alors il possédera tous les ingrédients nécessaires pour éventuellement s’envoler magistralement de ses propres ailes vers des cieux cléments. Tout au moins, vous aurez à votre actif un adulte heureux et épanoui. N’est-ce pas ça l’essentiel finalement ?

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique Courrier n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, L’Orient-Le Jour offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires ni injurieux ni racistes.

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