
Une agence bancaire fermée mercredi dans la matinée à Sin el-Fil (Beyrouth). Photo P. H. B.
Les banques libanaises ne mettront pas un terme demain à leur mobilisation initiée en réaction aux braquages entrepris la semaine dernière par des déposants s’estimant lésés par les restrictions dans un Liban en crise depuis 2019. Elles maintiendront au contraire leurs agences fermées jusqu’à nouvel ordre, comme l’a confirmé l’Association des banques du Liban (ABL).
Dans un bref communiqué publié après sa réunion, l’ABL a mis en avant les « risques » qui continuent de peser sur les employés du secteur et les clients. Elle a aussi pointé du doigt un climat ambiant « d’incitation à la violence » et l’absence de toute mesure concrète visant à renforcer la sécurité aux abords des agences bancaires de la part des autorités. Selon une source bancaire, les établissements de crédit ne prévoient pas d’ouvrir leurs portes cette semaine et attendent de voir comment la situation va évoluer pour décider de la marche à suivre la semaine prochaine. « Il n’y a rien de nouveau concernant le plan annoncé vendredi dernier par le ministère de l’Intérieur et des Municipalités », avait de son côté exposé, avant la réunion, le président de la Fédération des employés de banque Georges el-Hajj qui pressentait cette démarche depuis lundi. Il a ajouté que les services maintenus jusqu’ici continueraient de l’être en cas de fermeture prolongée.
Ces services comprennent les opérations de retraits auprès des distributeurs automatiques de billets (ATM), qui continuent d’être alimentés, ainsi que celles réalisables via les applications bancaires.Certains indices semblent indiquer que les banques assureraient même une palette plus large d’opérations en se passant de leurs agences. Ainsi, avant l’annonce de la fermeture des établissements par l’ABL la semaine dernière, au moins une des enseignes du pays avait envoyé des messages à ses clients pour les enjoindre à prendre rendez-vous en amont avant de se rendre dans leur agence. Dans plusieurs établissements, les employés des sièges sociaux – où sont généralement centralisés les logiciels qui gèrent les services fournis à leurs clients – étaient bien à leur poste depuis lundi. Enfin, si la fermeture des banques n’a pas eu d’impact sur les versements de salaires dans le privés ou le public, c’est parce que ceux-ci sont généralement traités aux envions du 15 du mois ou de la période allant du 27 du mois au 2 du mois suivant.
Zone grise
Pas moins de sept agences bancaires ont été attaquées par des déposants la semaine dernière. Les banques ont condamné ces actions, tandis qu’une partie de l’opinion ainsi que des associations de déposants les ont soutenus en mettant en avant les restrictions arbitraires limitant l’accès aux comptes en devises que le secteur a mises en place depuis le début de la crise. Les hypothèses assimilant les braquages à une action coordonnée, soit pour donner un prétexte aux banques de fermer, soit pour faire pression sur elles, ont fait irruption dans les commentaires des citoyens.
Au Liban, les restrictions bancaires peuvent être comparées sur le fond à celles imposées à Chypre ou en Grèce pendant les crises financières que ces pays ont récemment traversées. Le problème au Liban, c’est qu’elles ne sont avalisées par aucune loi, mais que la Banque du Liban les a indirectement validées en les aménageant via plusieurs dispositifs, qui ont pour effet d’imposer une décote de la valeur réelle de ces dépôts lorsqu’ils sont retirés ou transférés.
Cette zone grise sur le plan juridique a compromis les chances des déposants d’obtenir gain de cause devant les tribunaux, alors que la loi libanaise oblige les banques à restituer les dépôts dans leurs devises d’origine. S’ajoute à cela le fait que des personnalités politiques et des dirigeants de banques sont soupçonnés d’avoir fait sortir leur argent du pays pendant que les agences bancaires refusaient aux communs des déposants d’accéder à leurs fonds.
Enfin, le projet de loi imposant un contrôle des capitaux qui est actuellement entre les mains des députés est considéré par les experts comme, au mieux, perfectible, au pire, comme une amnistie déguisée des banques. Le Fonds monétaire international, qui a clôturé hier une visite éclair au Liban, a pour sa part érigé la restructuration du secteur bancaire au rang de prérequis pour le déblocage de toute aide financière qui pourrait être octroyée au pays.
Dans un...
Les crapules bancaires sont a l'image des politiciens et des hauts fonctionnaires Libanais : Corrompus, menteurs, incompetents, paresseux et laches.
23 h 22, le 21 septembre 2022