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L’olivier au secours des villages libanais

L’olivier au secours des villages libanais

Joseph Eid/AFP

Elle a toujours cru dans le potentiel de l’agriculture libanaise, y voyant le ferment capable d’enraciner l’individu dans son village et d’améliorer ses conditions de vie. Il a été très tôt arraché à son pays natal et travaille, depuis plusieurs années, à faire pousser l’olivier du Liban dans son lointain Texas. En plus de leur amour pour le Liban, Nayla Moawad et Farid Rebeiz ont cette même détermination lorsqu’il s’agit de faire aboutir un projet pour le bien-être collectif. Au cours d’une de leurs rencontres, elle lui avait dit que son vœu le plus cher était que les villageois puissent vivre dignement du produit de la terre. Nous étions alors en 2005, les communautés rurales peinaient à générer des revenus décents, et quand un petit producteur réussissait à amasser deux sous, il rêvait de les réinvestir dans le béton plutôt que dans le sol.

Aujourd’hui, alors que le secteur agricole est tout à la fois vital pour la sécurité alimentaire du Liban et porteur de promesses d’avenir, l’engagement de l’ex-ministre et députée aux côtés des cultivateurs prend davantage encore son sens, et Farid Rebeiz compte bien poursuivre sur la voie qu’elle a tracée.

Ce 15 août, alors que Beyrouth et ses environs sont désertés de leurs habitants – jour de congé oblige, – Farid Rebeiz prend rendez-vous avec Nayla Moawad pour lui faire part du projet qu’elle lui a inspiré. Et lui d’expliquer : « Il existe au Liban des oliveraies qui ne sont pas entretenues et dont les fruits ne sont pas récoltés. Ces vergers sont une manne inexploitée qui pourrait devenir une source de bénéfice pour tous ses acteurs : les propriétaires terriens, les pressoirs, et une main-d’œuvre qui serait recrutée parmi les villageois ou les soldats de l’armée libanaise originaires des coins du Liban où l’on cultive l’olivier et dont le salaire est devenu dérisoire. » Pour celle qui a toujours été « obsédée », pour reprendre son terme, par le fait de faire connaître les produits libanais à l’étranger et particulièrement à la diaspora libanaise, l’initiative de Farid Rebeiz est aussi belle qu’inespérée.

La tâche de ces « nouveaux » ouvriers agricoles consisterait à tailler et irriguer les arbres, cueillir les olives et les emmener au pressoir. Une fois pressée, l’huile d’olive serait conditionnée dans les emballages « Bag-in-Box » dont Farid fait la démonstration. Il s’agit d’une boîte en carton contenant une poche conçue pour accueillir 3 litres d’huile et munie d’un robinet qui permet un dosage facile. Un procédé innovant qui assure la parfaite conservation des propriétés de l’huile et la protège de la lumière et de l’oxydation. Ensuite, les boîtes seraient placées sur des palettes, à raison de 250 boîtes par palette, et chaque 8 palettes formerait un conteneur destiné à l’export : du fermier libanais au fermier américain ou européen, sans intermédiaire aucun. La main-d’œuvre, à raison de 125 jours non consécutifs de travail par an, toucherait la moitié du prix de vente de chaque boîte livrée, les propriétaires des vergers et du pressoir se partageant l’autre moitié.

Trop beau pour être vrai ? Sous les dehors d’un idéaliste invétéré, Farid Rebeiz a en réalité bien ficelé son projet. La réussite de celui-ci repose sur deux facteurs : la qualité de l’huile obtenue et une filière d’écoulement de la marchandise sur les marchés étrangers. Or, sur ces deux points, celui qui se présente comme un Forrest Gump en puissance a assuré ses arrières. Depuis dix-huit ans qu’il s’intéresse à l’olivier libanais, il s’est entouré d’un réseau de professionnels de la culture de l’olivier et bénéficie du soutien d’organismes internationaux tels que USAid et Oregon State University. La formation de la main-d’œuvre serait assurée par Corine Henuset, une productrice d’huile d’olive dans les Pyrénées-Orientales dont les produits ont été plusieurs fois primés. Elle supervisera la cueillette et la transformation, et s’assurera de leur conformité aux standards internationaux. Quant à la vente du produit fini, elle est déjà quasi assurée par la présence d’oléiculteurs en France et aux États-Unis intéressés de commercialiser une huile haut de gamme à un prix inférieur à leur propre coût de production. Leur marge bénéficiaire serait donc très intéressante.

Le Liban a visiblement un avantage compétitif en matière de production d’huile d’olive. Avec le réchauffement climatique et son corollaire, la raréfaction des ressources hydriques, la culture de l’arbre le moins gourmand en eau a de beaux jours devant elle. Tout le pari consiste à être capable de produire la qualité requise par les marchés de producteurs fermiers à l’étranger. Il ne reste donc plus qu’à mettre en marche ce projet des plus séduisants. Sur ce point, Nayla Moawad et Farid Rebeiz sont d’accord : il faut foncer sans se poser trop de questions, c’est le seul moyen d’arriver.

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Elle a toujours cru dans le potentiel de l’agriculture libanaise, y voyant le ferment capable d’enraciner l’individu dans son village et d’améliorer ses conditions de vie. Il a été très tôt arraché à son pays natal et travaille, depuis plusieurs années, à faire pousser l’olivier du Liban dans son lointain Texas. En plus de leur amour pour le Liban, Nayla Moawad et Farid Rebeiz...

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