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Culture - Performance théâtrale culinaire

Hiba Najem ou l’art d’accommoder les lentilles... à la mémoire collective

C’est une jeune artiste qui aime explorer « la dimension théâtrale du quotidien » qui vous convie ce dimanche 14 août à 21h* à partager avec elle un plat de « Adass b Shoumar » (lentilles au fenouil). Un mets traditionnel du Liban-Sud accompagné de petites « histoires de la vie réelle » glanés autour...

Hiba Najem ou l’art d’accommoder les lentilles... à la mémoire collective

Hiba Najem : « Le théâtre comme voie de rencontre des autres. » Photo Jalal Aldin Jabri

Ressusciter une recette traditionnelle tombée en désuétude, tout en créant autour un lien social, ainsi qu’une réflexion sur ce qu’elle porte en elle de mémoire culturelle et identitaire : tel est le menu de la soirée « Adass b Shoumar » concoctée par Hiba Najem, une jeune artiste performeuse, diplômée en art dramatique de l’Université libanaise. Et qui, après un premier master à l’USJ en recherche théâtrale, dont le mémoire portait sur « La dimension théâtrale de la nourriture et la présence de cette dernière sur la scène contemporaine », boucle actuellement un second master à l’université d’Avignon.

Présenté dans le cadre du festival Rooftops Connect (organisé par la troupe de théâtre Studio Laban et qui se déroule en ce mois d’août sur la terrasse de Zicco House), son Adass b Shoumar (lentilles au fenouil) est donc une performance théâtrale culinaire qui, par bien des aspects, pourrait se rapprocher du dîner parfait. Ou presque. Car on y retrouve aussi bien les ingrédients d’une cuisine qui flatte les papilles gustatives que ceux qui nourrissent l’âme.

Trois questions pour en savoir plus sur les recettes artistiques de cette jeune femme qui a « choisi le théâtre comme voie pour aller à la rencontre des autres ».

Dans les performances de Hiba Najem, c’est la rencontre avec l’autre à travers un goût et une mémoire collective qui prime. Photo DR

L’association des termes « art » et « cuisine » évoque généralement des pièces montées ou des plats hypersophistiqués qui parlent surtout aux sens visuels et gustatifs. Il semblerait que l’art culinaire que vous proposez soit plus proche du conceptuel. Comment définiriez-vous la performance que vous présentez le 14 août chez Zicco House ?

« La cuisine a toujours été présente dans l’histoire de l’art, que ce soit en tant qu’élément accompagnateur ou comme centre de l’événement. Il est vrai que les pièces montées et les dîners extravagants ont durant une période créé une tendance spectaculaire comme ce fut le cas avec les festins romains, les dîners royaux ou plus tard les dîners surréels de Dali par exemple.

Pour ma part, étant une artiste sensible à mon entourage, aux personnes que je rencontre et à leurs histoires, je recherche quelque chose de beaucoup moins spectaculaire et de plus proche de la vie quotidienne, que je trouve déjà assez chargée d’éléments esthétiques et théâtraux.

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Dans mes performances culinaires, c’est la rencontre avec l’autre à travers un goût et une mémoire collective qui prime. La nourriture est au centre de ma performance, elle est le principal protagoniste, mais elle est aussi un outil très puissant qui me permet d’aller vers le public et c’est le principal objet de ma recherche. »

Qu’est-ce qui vous a inspiré la création de cette œuvre ?

« C’est la famille de ma grand-mère paternelle originaire du Sud qui m’a introduite à ce plat adass bi shoumar qui est de moins de moins cuisiné. Ma grand-mère vient du village de Khiam. C’est vraiment elle, mon grand-oncle paternel et ce village lointain qui ont été ma source d’inspiration. La forme du fenouil que je ne connaissais pas vraiment avant cette année m’est apparue belle et intrigante aussi. Ma curiosité pour le fenouil m’a ouvert la voie vers la rencontre avec mon grand-oncle et, à travers lui, vers ma grand-mère. Je voulais partager leurs histoires et celles de leur village, mais je voulais aussi rechercher l’origine des ingrédients et de tout l’héritage culturel qui gravitait autour. Il y a plein de proverbes et de chansons sur la lentille. Et pouvoir mêler les histoires familiales avec celles de la communauté locale était un défi et une inspiration. Après la découverte de ce plat-là, j’ai poursuivi mes découvertes de plats issus d’autres traditions culinaires régionales qui sont de moins en moins pratiquées, le but étant de sauvegarder ces traditions-là en les partageant avec le public. D’ailleurs, je suis en pleine création de la prochaine performance autour des Ftayer bi Banadoura (fatayer aux tomates), une recette qui provient de Beit Chabeb, le village d’origine de ma mère. »

L’affiche de la performance. Photo DR

C’est donc une performance interactive que vous réalisez avec le public. Quel est son message ?

« Inviter le public à cuisiner et manger ensemble, dans une ambiance qui tend à être conviviale et familiale, est une action qui nécessite une interaction entre lui et moi, entre lui et le plat préparé. Il s’agit pour les gens du public de faire des choses simples, comme servir le mets ou bien distribuer les ingrédients. Sans leur participation, la performance, même accompagnée d’enregistrements audio d’histoires de vies racontées par mon grand-oncle, reste inaboutie. Car au-delà de leur participation directe, c’est aux cinq sens des personnes présentes que je fais appel. Et en soi cette convocation est déjà un acte d’engagement. Choisir un plat rural cuisiné depuis des décennies et le partager aujourd’hui sur scène est ma façon de conserver la circulation entre les racines villageoises et les pratiques urbanisées. Un flux que je trouve très important à maintenir pour nous, habitants des villes surtout. »

« Adass b Shoumar » de Hiba Najem, dimanche 14 août à 21h, chez Zicco House, rue Spears, Beyrouth. Billets en vente sur place à 200 000 LL, et 150 000 LL prix étudiants.

Ressusciter une recette traditionnelle tombée en désuétude, tout en créant autour un lien social, ainsi qu’une réflexion sur ce qu’elle porte en elle de mémoire culturelle et identitaire : tel est le menu de la soirée « Adass b Shoumar » concoctée par Hiba Najem, une jeune artiste performeuse, diplômée en art dramatique de l’Université libanaise. Et qui, après...

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Bravo, mon plat favori c'est les lentilles et j'aimerais bien participer a cette performance de theatre ! Mais en tous cas, decouvrir ou essayer les lentilles avec fenouil, combinaison que je n'ai pas encore essaye (et je n'ai pas encore vu ce plat dans un restaurant libanais).

Stes David

08 h 12, le 12 août 2022

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Commentaires (2)

  • Bravo, mon plat favori c'est les lentilles et j'aimerais bien participer a cette performance de theatre ! Mais en tous cas, decouvrir ou essayer les lentilles avec fenouil, combinaison que je n'ai pas encore essaye (et je n'ai pas encore vu ce plat dans un restaurant libanais).

    Stes David

    08 h 12, le 12 août 2022

  • Bravo, mon plat favori c'est les lentilles et j'aimerais bien participer a cette performance de theatre ! Mais en tous cas, decouvrir ou essayer les lentilles avec fenouil, combinaison que je n'ai pas encore essaye (et je n'ai pas encore vu ce plat dans un restaurant libanais).

    Stes David

    08 h 12, le 12 août 2022

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