
L'élection de l'Ordre des médecins a eu lieu à la Maison du médecin, le 29 mai 2022. Photo L.A.
Dans la Maison du médecin à Beyrouth, les yeux sont rivés sur le grand écran installé à l’occasion des élections de l’ordre. Les gilets du Syndicat se révolte (contestation) sont partout dans les locaux. « Les autres sont sous couverture », se moque un des volontaires de la liste. Le silence règne, alors que les résultats des urnes sont présentés au fur et à mesure. Les policiers sont présents dans les locaux. Au bout de quelques minutes, les applaudissements retentissent. Les résultats du premier tour, qui déterminent les seize membres élus du conseil de l’ordre, viennent d’être affichés. Les médecins ont eu à choisir seize noms parmi les candidats. Vers 18h, le second tour débute pour élire le président de l’ordre.
Celui-ci se jouait entre les trois membres élus du bureau qui ont reçu le plus de voix parmi leur propre liste : Ghenoua Dakdouki arrivait en première position avec 1 190 voix, et détrône Bernard Gerbaka, qui était tête de sa liste (soutenue par les Kataëb, les Forces libanaises et des indépendants). Elle était suivie de Joseph Bakhache, tête de la liste soutenue par le Courant patriotique libre, le Hezbollah et le mouvement Amal, qui a obtenu la majorité des représentants au sein du conseil, récoltant lui-même 1 046 voix. Georges Habre, de la liste le Syndicat se révolte, a réussi à atteindre la seizième et dernière place, et affrontait les deux autres candidats au second tour pour la désignation du président.
Dimanche en fin de soirée, c'est le Dr Joseph Bakhache qui a été élu président de l'ordre des médecins de Beyrouth. Il était appuyé par le Courant patriotique libre, le Hezbollah et Amal. A Tripoli, c'est Mohammad Safi, appuyé par le courant du Futur de Saad Hariri et le parti Azm du Premier ministre sortant Nagib Mikati, qui est le nouveau président de l'ordre.
En tout et pour tout, seuls 2 417 électeurs sur les 9 300 inscrits ont fait le déplacement pour participer aux élections de l’ordre à Beyrouth. Le taux de participation s’est élèvé à 27 %.
Cherté de vie et fuite des cerveaux
« Il n’y pas de grande différence avec le taux de participation aux élections précédentes », commente Joseph Bakhache. Il cite néanmoins la cherté de la vie qui a dramatiquement augmenté avec la crise économique, plus particulièrement le coût du transport, qui expliquerait cette légère baisse de participation, sans oublier la fuite des cerveaux dans le secteur médical. « Et ça se poursuit », commente-t-il. Il ajoute que « les résultats sont sans appel. Nos collègues ont choisi un programme clair et transparent qui permettra de rendre service aux médecins. Nous remercions les partis qui nous ont soutenus et les collègues qui ont voté pour nous. »
Pour son adversaire à la présidence, l’orthopédiste Georges Habre, le taux de participation montre « que tous les médecins sont dégoûtés, et n’ont plus confiance dans ce syndicat ». Le médecin se réjouit du résultat obtenu. « Nous avons réussi une percée face aux partis qui s’entraident », affirme-t-il, en critiquant principalement le CPL et le tandem chiite. Le plus important, poursuit-il, est d’assurer un meilleur niveau de vie aux médecins. « C’est à cause de la détérioration du niveau de vie qu’une grande partie de nos confrères ont quitté le pays. Nous devons assurer aux praticiens une meilleure qualité de vie afin de mettre un terme à cette fuite des cerveaux. » Dany Hammoud, qui s’est retiré de la liste de Joseph Bakhache à la dernière minute après avoir appris que celle-ci était soutenue par des politiques, a également été élu membre du bureau. « C’est un grand succès, surtout que je me suis porté candidat en tant qu’indépendant. Nous entrerons au conseil de l’ordre pour aider comme nous le pouvons. »
La semaine dernière les hôpitaux ont fait grève, et des médecins ont manifesté devant la Banque du Liban à Hamra. Le président sortant de l’ordre, Charaf Aboucharaf, affirme avoir tenté tant bien que mal d’aider les médecins « mais le pays est en faillite, nous avons 80 millions de dollars bloqués dans les banques ».
Ces deux dernières années, les élections n’avaient pas pu se tenir en raison de la pandémie de coronavirus. Des soucis d’organisation ont été signalés dimanche pendant ces élections à Beyrouth et à Tripoli. La chaîne locale MTV rapporte que « des objections et des problèmes » ont éclaté « en raison du manque d’organisation » du scrutin.
Un médecin ne devrait pas avoir une saveur politique tel un épicier .il est la pour soulager la souffrance Beaucoup de médecins libanais sont des vétérinaires à la solde de la racaille politique qui est au pouvoir
06 h 28, le 31 mai 2022