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Société - Crise au Liban

Ereintés par la crise, des soignants en grève manifestent devant la BDL

"Libérez les salaires des médecins et des soignants pour qu'ils restent au Liban et s'occupent des patients", lance une manifestante en s'adressant aux banques.

Ereintés par la crise, des soignants en grève manifestent devant la BDL

Des soignants manifestant devant le siège de la Banque du Liban, le 26 mai 2022 à Beyrouth. Photo Philippe Hage Boutros

Alors que la livre atteignait ce matin son plus bas historique sur le marché parallèle et que les prix des carburants poursuivaient leur flambée, des dizaines de soignants libanais, éreintés par trois ans de crise économique inédite au Liban, ont laissé éclater leur colère dans la rue, manifestant devant le siège de la Banque centrale à Beyrouth. Entre temps, les hôpitaux restent en grève jeudi et vendredi, seules les urgences et les dialyses étant fonctionnelles.

A l'appel de l'Ordre des médecins de Beyrouth et du Nord, ainsi que du syndicat des propriétaires des hôpitaux privés, de nombreuses blouses blanches se sont rassemblées devant le siège de la Banque du Liban, l'institution étant tenue par une grande partie de Libanais et de politiques comme l'une des responsables de la crise financière, alors que des restrictions bancaires sévères et illégales frappent la population depuis 2019.

Les protestataires ont bloqué la rue devant la BDL, à Hamra.

"Nous ne voulons pas quitter ce pays"

"Libérez les salaires des médecins et des soignants pour qu'ils restent au Liban et s'occupent des patients", "Non à l'exode des médecins" "La mainmise sur l'argent des déposant se poursuit" figurent parmi les slogans brandis par les manifestants.

Photo Philippe Hage Boutros

"Personne ne se soucie de nous. Nous émigrons, nous laissons derrière nous nos familles pour tenter d'obtenir nos droits", déplore Germaine Kfoury, une soignante âgée d'une trentaine d'années qui travaille à l'hôpital Mont-Liban. "Nous ne voulons pas quitter ce pays", lance-t-elle, dans des propos accordés à notre journaliste sur place, Philippe Hage Boutros. "Nos salaires sont encore en livres libanaises, même si nous avons obtenu un petit coup de pouce financier, mais nous n'avons pas obtenu tous nos droits", explique-t-elle.

"Un minimum de dignité"

"Assez de mépris envers nous et envers nos droits !", s'est emporté le président de l'Ordre des médecins de Beyrouth, Charaf Abou Charaf. "Nous croyons au Liban et voulons y rester, mais nous voulons vivre avec un minimum de dignité", a-t-il lancé, alors qu'il se tenait parmi les manifestants. "La relation avec les banques ne peut pas rester de la sorte", a prévenu le médecin. "Tout ce que nous réclamons, c'est une coopération pour pouvoir traverser cette période difficile", a conclu le Dr Abou Charaf.

Contacté lundi par L’Orient-Le Jour, le président de l'ordre expliquait que la grève des médecins est motivée par les restrictions bancaires imposées aux établissements et aux patients.

"Les hôpitaux sont incapables d'assurer l'argent en liquide nécessaire pour la poursuite de leurs opérations", a prévenu pour sa part Sleiman Haroun, président du syndicat des propriétaires des hôpitaux privés. "Honte à un Etat où les soignants doivent manifester dans la rue pour réclamer leurs droits", a-t-il fustigé.

Se disant "désolé" de l'absence de solution à cette crise, le ministère de la Santé a affirmé dans un communiqué "comprendre les raisons de cette contestation (...)", mais a souligné que cela "ne doit pas impacter les services de santé". Le ministère a ensuite appelé les "responsables des secteurs financier et bancaire à trouver les solutions possibles, sans délai, car le secteur ne peut pas attendre les compromis (...)".

Alors que la livre atteignait ce matin son plus bas historique sur le marché parallèle et que les prix des carburants poursuivaient leur flambée, des dizaines de soignants libanais, éreintés par trois ans de crise économique inédite au Liban, ont laissé éclater leur colère dans la rue, manifestant devant le siège de la Banque centrale à Beyrouth. Entre temps, les hôpitaux...

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