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Nos Lecteurs ont la Parole

Élucubrations financières d’un profane

Mon métier n’est pas la finance, mais, même ayant dirigé des entreprises de taille très limitée, j’ai dû manipuler des dépôts, des lettres de crédit, des garanties bancaires, bref tout le jargon utilisé dans la banque. Et j’ai pu apprécier l’intérêt que l’on me montrait en m’invitant à la table du président ou en me gratifiant de beaux cadeaux à la fin de l’année, quand je multipliais les lettres de crédit acceptées sans réserve malgré les divergences et que la banque s’empressait d’encaisser sa grasse commission sans se fouler la rate. Et je goûte actuellement au désintérêt qui m’accable quand j’y vais pour retirer ce que la banque veut bien me donner !

Depuis que les banques ont resserré l’étau sur nos dépôts restés chez elles au Liban, car, comme beaucoup d’autres, nous voulions investir dans le pays et nous avions confiance bêtement dans le système bancaire, j’entends les médias parler en permanence d’une même voix de « la répartition des pertes ». Et qui plus est, le vice-président du Conseil des ministres m’a donné l’impression, dans sa présentation récente au Conseil économique et social, qu’il reviendrait aux déposants de combler ces pertes et en annonçant que ni l’État ni la banque centrale, qui ont dépensé cet argent, n’avait les moyens de le rendre! J’ai toujours pensé qu’une perte est assurée par celui qui la provoque : une société, quelle que soit sa forme, accuse des pertes, et ce sont les actionnaires qui les couvrent, sauf si, bien entendu, elle cesse d’exister.

Les déposants ont fait confiance à la banque. Contrairement au principe qu’elle applique à ses clients quand il s’agit de leur accorder un crédit en les obligeant à couvrir au moins quatre fois son montant, la banque a crédité la banque centrale de nos dépôts pour couvrir les dettes de l’État sans aucune garantie. Mais en se faisant grassement payer avec des taux d’intérêt, paraît-il, très élevés, ce qui, en ce qui me concerne, ne s’est pas ressenti, puisque le taux qui m’était accordé n’a atteint 7 % qu’en 2018 seulement. Mieux, les actionnaires se seraient empressés de transférer à l’étranger les intérêts perçus.

Pourquoi la banque centrale a couvert les dettes de l’État sans se soucier des déposants et en sachant qu’une partie de cet argent était dilapidé par certains politiciens ? Il est probable que le gouverneur avait une idée dans la tête et qu’il s’estimait être capable, à chaque échéance présidentielle, d’être élu président. Il fallait donc bien graisser la patte des dirigeants et plus encore de certains médias. Mieux, il fallait mentir aux Libanais pour les attirer à déposer le fruit de leur labeur dans les banques! Il pensait peut-être que les Libanais avaient la mémoire courte en voulant se comparer à Élias Sarkis qui avait occupé ce poste (et à qui on doit, en principe, de détenir 10 millions d’onces d’or) avant d’être élu président. Élias Sarkis était un grand homme d’État, un serviteur honnête de la République nommé par un autre grand homme, Fouad Chehab.

En fin de compte, l’État a dilapidé l’argent, les politiciens en ont profité et viré l’argent à l’étranger, la banque centrale les a aidés et les banquiers ont joué avec l’argent des déposants.

Simple question : pourquoi les déposants seraient-ils responsables de la perte, eux qui ont confié leur argent à la banque ? Cela fait deux ans que les honnêtes gens sont malmenés dans ce pays et qu’ils sont obligés de disposer avec parcimonie de leur argent dévalorisé des deux tiers de sa valeur. Pendant ce temps, les voyous et les corrompus ont volé leur argent et se promènent impunément un peu partout dans le monde.

Comprenez, Messieurs les dirigeants, que l’économie ne pourra pas se relever et que les banques non seulement ne prospéreront plus mais seront anéanties si la confiance des Libanais ne leur est plus accordée. Et cette confiance ne reviendra que si les déposants récupèrent leurs dépôts. Les pertes, débrouillez-vous, vous les banquiers, la banque centrale et l’État, pour les couvrir, les déposants n’ont rien à y faire. Ceux qui ont dilapidé, ceux qui ont volé, ceux qui ont profité des intérêts sauvages, ce sont eux qui doivent couvrir les pertes, et non pas les honnêtes gens qui ont gagné leur argent à la sueur de leur front et ont fait confiance au système bancaire.Et méfiez-vous de leurs réactions, car, même si je suis profane, je crois connaître un peu les Écrits. Il est, paraît-il, écrit dans le Coran : « Couper les vivres, c’est décapiter. » La défense dans ce cas est légitime. À bon entendeur.

Ingénieur civil ENPC

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Mon métier n’est pas la finance, mais, même ayant dirigé des entreprises de taille très limitée, j’ai dû manipuler des dépôts, des lettres de crédit, des garanties bancaires, bref tout le jargon utilisé dans la banque. Et j’ai pu apprécier l’intérêt que l’on me montrait en m’invitant à la table du président ou en me gratifiant de beaux cadeaux à la fin de l’année,...

commentaires (1)

j'ajouterais a ces verites qu'un client debiteur se voit oblige de regler ses creances par tous les moyens possibles- pourquoi t'es en difficulte, qu'un de tes clients t'aurait escroque... PAS NOS ONIONS MEC. tu me dois tu casques mec. tu ne casques pas je me fais proprietaire de toutes garanties par toi souscrites .

Gaby SIOUFI

11 h 45, le 29 avril 2022

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Commentaires (1)

  • j'ajouterais a ces verites qu'un client debiteur se voit oblige de regler ses creances par tous les moyens possibles- pourquoi t'es en difficulte, qu'un de tes clients t'aurait escroque... PAS NOS ONIONS MEC. tu me dois tu casques mec. tu ne casques pas je me fais proprietaire de toutes garanties par toi souscrites .

    Gaby SIOUFI

    11 h 45, le 29 avril 2022

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