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Politique - Décryptage

Le dialogue saoudo-iranien et les prémices d’un apaisement au Liban

Le dialogue saoudo-iranien et les prémices d’un apaisement au Liban

Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères Saïd Khatibzadeh lors d’une conférence de presse le 25 avril 2022. Atta Kenare/AFP

Pour la première fois depuis le lancement du dialogue entre l’Arabie saoudite et l’Iran, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères Saïd Khatibzadeh a annoncé récemment la tenue de la cinquième séance entre les représentants des deux États. Une photo a même été publiée dans ce cadre montrant le représentant saoudien Khalil al-Hmaydane (chef des services de renseignements saoudiens) et le représentant de Téhéran Saïd Irouani (responsable adjoint des questions internationales au Conseil national de sécurité iranien) entourant le Premier ministre irakien Moustafa al-Kazimi. Il est clair que la médiatisation de cette nouvelle séance des discussions discrètes entre les Saoudiens et les Iraniens est en soi un message politique. Cette séance qui s’est tenue le 21 avril à l’aéroport de Bagdad marque donc un tournant dans le dialogue entamé il y a plus d’un an entre les deux pays. Selon des sources diplomatiques irakiennes, les deux parties auraient convenu de l’importance de poursuivre ce dialogue et de passer à un niveau supérieur dans les discussions. Pour la sixième séance (dont la date n’a pas été annoncée), celles-ci ne devraient donc plus se faire au niveau des responsables sécuritaires mais à celui des diplomates venus des deux pays. Ce qui serait le signe d’une percée sérieuse dans les pourparlers.

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Le Liban, dont le sort est lié aux développements régionaux, suit de près l’évolution du dialogue irano-saoudien et désormais, dans les milieux politiques et diplomatiques, on mise sur ce dialogue pour apaiser la situation interne. Selon des sources diplomatiques libanaises, certains indices prouvent que les discussions saoudo-iraniennes ont progressé. Il y a eu ainsi la trêve, même branlante, conclue pour deux mois au Yémen, pour la première fois après le déclenchement de la guerre dans ce pays en 2014. De plus, cette trêve a été suivie par une décision saoudienne de lâcher le président du Yémen Abd Rabbo Mansour Hadi qui s’était réfugié sur son territoire et qui fournissait en quelque sorte une couverture légale à l’intervention saoudienne dans ce pays. M. Hadi avait en effet annoncé le 7 avril le transfert de ses pouvoirs présidentiels à un collège exécutif de huit membres, après avoir limogé son vice-président. Autre indice, l’ambassadeur saoudien à Beyrouth Walid Boukhari est revenu au Liban après plusieurs mois d’absence, donnant le signal aux autres ambassadeurs des États du Golfe d’en faire de même. Certes, le retour de M. Boukhari a été interprété comme une volonté pour l’Arabie d’être présente sur la scène libanaise pendant la période des élections législatives. Mais selon les sources diplomatiques précitées, cette démarche s’inscrirait essentiellement dans un cadre plus global, qui serait lié à un nouvel équilibre des rapports dans la région. Pour ces mêmes sources, le dialogue saoudo-iranien devrait progresser et le Liban en serait un des bénéficiaires. D’ailleurs, lors de sa dernière visite au Liban, en mars, et dans le cadre d’une rencontre privée, le ministre iranien des Affaires étrangères Hussein Amir Abdel Lahyane aurait raconté son dernier entretien en mai 2015 avec le ministre saoudien de l’époque l’émir Saoud al-Fayçal, deux mois avant sa mort. Abdel Lahyane était alors ministre adjoint des Affaires étrangères de son pays et il se souvient que l’émir Saoud al-Fayçal lui avait dit : « Nous sommes en conflit sur la plupart des dossiers. Essayons d’en trouver un sur lequel nous pourrions nous entendre. » Après un survol rapide des dossiers régionaux, il est apparu que le Liban était le terrain d’entente le plus probable entre eux. Certes, cela se passait en 2015, la guerre au Yémen en était encore à ses débuts et la coalition dirigée par Riyad pensait pouvoir la remporter rapidement. Depuis, la situation s’est compliquée et les Saoudiens font assumer une partie de la responsabilité de la prolongation de cette guerre au Hezbollah qui, selon eux, aide les rebelles houthis.

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Aujourd’hui, certains indices annoncent une possibilité de détente sur le volet libanais. Pour les sources précitées, la principale raison du conflit entre Riyad et Beyrouth porte sur la position du Hezbollah dans la guerre qui se déroule au Yémen. Or, ce dossier aurait été longuement évoqué au cours des deux dernières séances de dialogue saoudo-iranien, et même si l’Iran continue à dire qu’elle ne peut pas faire pression sur les houthis, elle a appuyé la conclusion d’une trêve de deux mois, après le départ de Abd Rabbo Mansour Hadi. Certes, la guerre qui dure depuis plus de 7 ans au Yémen est loin d’être terminée et chaque partie pose des conditions, mais un pas a été accompli dans le sens de l’apaisement. Parallèlement, les responsables du Hezbollah, le chef du parti Hassan Nasrallah et son adjoint Naïm Kassem en tête, ont mis un bémol à leur position au sujet du conflit yéménite et ils n’ont cessé de répéter ces derniers jours que leur formation ne brigue nullement la majorité parlementaire au Liban. Naïm Kassem a même déclaré lundi que le Hezbollah cherche tout simplement à obtenir une présence de poids au sein du nouveau Parlement, pour avoir son mot à dire dans certaines décisions. De telles déclarations sont destinées à rassurer ceux qui craignent une mainmise du Hezbollah et, à travers lui, de l’Iran sur le Liban à la suite des élections législatives du 15 mai. D’un autre côté, l’ambassadeur saoudien Walid Boukhari a compté, parmi les responsables politiques conviés au premier iftar qu’il avait organisé en sa résidence, le ministre de l’Agriculture, Abbas Hajj Hassan, considéré comme proche du mouvement Amal, allié du Hezbollah.

Pour la première fois depuis le lancement du dialogue entre l’Arabie saoudite et l’Iran, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères Saïd Khatibzadeh a annoncé récemment la tenue de la cinquième séance entre les représentants des deux États. Une photo a même été publiée dans ce cadre montrant le représentant saoudien Khalil al-Hmaydane (chef des services de...

commentaires (7)

Illusion quand tu nous tiens!!

Bery tus

14 h 55, le 27 avril 2022

Tous les commentaires

Commentaires (7)

  • Illusion quand tu nous tiens!!

    Bery tus

    14 h 55, le 27 avril 2022

  • Donc, desormais le Liban est bien une Republique Bananiere, sujette a des elements exterieurs. Les Libanais n'ont donc plus voix u chapitre. C'est TAIS TOI ET MARCHE..... Merci

    IMB a SPO

    14 h 29, le 27 avril 2022

  • Scarlett: ne vous faites plus rare svp!!

    Nabil Bejjani

    14 h 23, le 27 avril 2022

  • DES PREMICES D'APAISEMENT AU LIBAN ! ca voudrait se materialiser commenten l'occurence ? je me le demande . Hezb se ferait il gentil tout doux en acceptant un plan qui donnerait a l'ETAT libanais le choix de toute decision de guerre ou de paix en lui remettant ses armes par exemple? hezb accepterait il de retirer ses hommes-LIBANAIS- du yemen ? de la Syrie ? hezb deciderait il de taire ses attaques contre l'Arabie Saoudite? hezb lacherait il des allies locaux honnis par les citoyens libanais, ie. le cpl ?

    Gaby SIOUFI

    11 h 10, le 27 avril 2022

  • L'humiliation. Etre dependant d'un royaume gouverné par un criminel et d'une dictature islamique venant droit du moyen age. Nous les Libanais qui ont produit Gebran et des milliers de cervaux de part le monde, qui avont inventé l'alphabet d etre reduits a ceci. Il fallait faire partition en 88. Il faut reconsiderer la partition.

    Mon compte a ete piraté.

    11 h 06, le 27 avril 2022

  • La porte parole de la République Islamique s’est exprimée. Lisez religieusement ses écrits en ce mois sacré du Ramadan

    Lecteur excédé par la censure

    10 h 03, le 27 avril 2022

  • "… Le Liban, dont le sort est lié aux développements régionaux …’’ - Non mâme Scarlett, le sort du Liban dépend uniquement de l’ambition personnelle des "barons" locaux, qui sont eux entièrement soumis et à la botte des barbus régionaux. Nuance…

    Gros Gnon

    09 h 22, le 27 avril 2022

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