Le président libanais, Michel Aoun, le président du Parlement, Nabih Berry, et le chef du gouvernement, Nagib Mikati, ont formulé vendredi une réponse officielle commune à une proposition écrite remise par l’émissaire américain Amos Hochstein sur le tracé de la frontière maritime entre le Liban et Israël. Les trois présidents ont ainsi appelé Washington à "poursuivre ses efforts" pour la reprise des négociations suspendues depuis décembre 2020.
M. Hochstein, conseiller principal américain à la sécurité énergétique mondiale, était venu à Beyrouth les 9 et 10 février, pour tenter de débloquer les négociations sur le tracé de la frontière maritime, et avait alors remis les pendules à l’heure sur le dossier préalable à l’exploitation des hydrocarbures offshore. Il avait annoncé sans détour que la zone disputée entre le Liban et son voisin israélien portait sur les 860 km2 situés entre la ligne 1 officiellement revendiquée par l’Etat hébreu et la ligne 23 revendiquée par Beyrouth auprès des Nations unies en 2011, consacrée par le décret 6433/2011. Il douchait ainsi les espoirs maximalistes au Liban mais aussi en Israël, qui s’étaient traduits par une série de surenchères et de revendications sans cesse plus ambitieuses, de part et d’autre, jamais officialisées.
Le président Aoun avait formé une commission chargée d’élaborer la réponse libanaise à la proposition de M. Hochstein. Cette commission s'est réunie à plusieurs reprises au palais de Baabda, loin des médias.
Dans un communiqué publié vendredi après-midi par la présidence de la République, le palais de Baabda explique d'abord que les trois présidents ont examiné les remarques et les questions formulées par la commission en question, qui est composée de représentants du chef de l'Etat, du Premier ministre, du commandement de l'armée et de la direction du Pétrole, "en vue d'aboutir à une position unifiée qui garantisse les droits du Liban et sa souveraineté intégrale sur sa frontière maritime".
"Après les débats, il a été décidé d'appeler les Etats-Unis à poursuivre leurs efforts pour la reprise des négociations sur le tracé de la frontière maritime, en vertu d'un accord-cadre qui garantisse l'intérêt supérieur du Liban et la stabilité de la région". "Ce dossier est national par excellence et doit rester à l'écart des tensions et de la surenchère stérile", ont insisté les trois présidents, indique le communiqué.
Selon les informations de la chaîne LBCI, les trois présidents ont affirmé que les pourparlers sur le tracé de la frontière maritime se feront lors des négociations indirectes (Liban-Finul-Israël) à Naqoura et estimé que la proposition de M. Hochstein "pouvait être considérée comme l'une des options sur la table, même si cette proposition n'est pas dans l'intérêt du Liban".
Le Hezbollah, allié chiite du chef de l’État, avait dernièrement haussé le ton, traçant ses lignes rouges concernant cette question, dans une tentative interprétée par certains comme une volonté de montrer qu'il garde la main sur ce dossier sensible. Il s'était finalement rangé derrière l’Etat, affirmant que les négociations sont une affaire qui concerne ce dernier et non le parti. Mais le Hezbollah ne s'empêche pas de critiquer publiquement Amos Hochstein.
Les négociations entre le Liban et Israël sur le tracé de la frontière maritime sont interrompues depuis décembre 2020. Plusieurs groupes d'opposition, et certains hauts gradés de l'armée libanaise, accusent les autorités de renoncer aux droits du Liban en la matière, en acceptant de revoir leurs ambitions à la baisse.
Les USA ne sont pas une grand-mère qui pardonne et qui court pour secourir les naufragés en faisant fi de leur politique générale!
15 h 19, le 19 mars 2022