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Politique - Liban-Israël

Tracé de la frontière maritime : un pas en avant, un pas en arrière

L’ambassadrice des États-Unis, Dorothy Shea, a remis au président Aoun un document écrit, traduisant en quelque sorte une proposition de l’émissaire Amos Hochstein.

Tracé de la frontière maritime : un pas en avant, un pas en arrière

Au palais de Baabda, le président Michel Aoun et l’ambassadrice américaine, Dorothy Shea, évoquaient mercredi l’épineux dossier de la frontière maritime. Photo Dalati et Nohra

Le dossier du tracé de la frontière maritime commune entre le Liban et Israël est revenu sur le devant de la scène avec l’entretien, mercredi à Baabda, entre l’ambassadrice des États-Unis, Dorothy Shea, et le chef de l’État, Michel Aoun. Sans aucun doute, la réunion qui s’est concrétisée par la remise d’un document écrit au chef de l’État est la preuve que les négociations suivent leur cours, après la visite à Beyrouth, les 9 et 10 février dernier, de l’émissaire américain Amos Hochstein. Le conseiller principal américain à la sécurité énergétique mondiale avait alors remis les pendules à l’heure sur le dossier préalable à l’exploitation des hydrocarbures offshore. Il avait annoncé sans détour que la zone disputée entre le Liban et son voisin israélien portait sur les 860 km2 situés entre la ligne 1 officiellement revendiquée par Tel-Aviv et la ligne 23 revendiquée par Beyrouth auprès des Nations unies en 2011, consacrée par le décret 6433/2011. Il douchait ainsi les espoirs maximalistes du Liban mais aussi d’Israël, qui s’étaient traduits par une série de surenchères et de revendications sans cesse plus ambitieuses, de part et d’autre, jamais officialisées. La réunion entre Mme Shea et le président libanais intervient toutefois dans un contexte local tendu, marqué par une hausse de ton du Hezbollah sur le dossier de la frontière maritime, et international explosif, après l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe et le piétinement des pourparlers de Vienne sur le nucléaire iranien, après des espoirs d’éclaircie.

Après la proposition orale, un document écrit

« Amos Hochstein ayant fait une proposition orale aux autorités libanaises en février dernier, il est donc normal que Washington retourne aujourd’hui avec une documentation », confirme une source proche du dossier. Et ce d’autant que Baabda avait réclamé un texte écrit de la proposition de l’émissaire américain. « Il ne s’agit pas d’une proposition finale. Mais de négociations toujours en cours, documentées cette fois-ci », insiste la source. Sur le contenu du document remis par la diplomate américaine au président Aoun, aucune information n’a filtré pour l’instant, à part le fait qu’il était accompagné d’une carte géographique. « C’est dans la confidentialité la plus absolue que se traite le dossier de la frontière maritime qui suscite beaucoup de réticences et nécessite un consensus national, souligne la source précitée. C’est dans ce cadre que les experts des différentes parties sont déjà penchés sur le document. » Car le document a été également distribué au Premier ministre Nagib Mikati et au président du Parlement Nabih Berry. Ce dernier avait d’ailleurs établi l’accord-cadre sur base duquel ont repris les négociations indirectes entre le Liban et Israël, en octobre 2020, sous l’égide onusienne et un parrainage américain, avant d’être suspendues en mai 2021. « Le silence absolu est de mise sur le dossier. Une avancée serait toutefois palpable. Et le Liban devrait y trouver son compte et ses droits », commente-t-on dans les milieux du président de la Chambre. « Tout dépendra du dénouement », ajoute-t-on, dans une volonté claire de tempérer ces propos.

La hausse de ton du Hezbollah

C’est au lendemain d’un discours particulièrement violent du chef du groupe parlementaire du Hezbollah, le député Mohammad Raad, que s’est tenue la réunion entre le président Aoun et l’ambassadrice Shea. M. Raad a annoncé sans ambages que le Liban ne renoncera pas à une seule goutte d’eau à laquelle il a droit. Et qu’à défaut, le gaz restera enfoui là où il se trouve. Ces propos rappellent que le Hezbollah reste en définitive maître du jeu, contredisant ainsi la position adoptée par le parti chiite tout au long des pourparlers dans laquelle il affirmait respecter les décisions étatiques sur le dossier.

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Le Hezbollah rappelle Aoun à l’ordre

Le rappel à l’ordre est clairement adressé au président de la République qui supervise les négociations internationales sur base de l’article 52 de la Constitution. Car le 20 février dernier, après avoir longtemps alimenté la surenchère et encouragé les revendications maximalistes, Michel Aoun avait fait volte-face, annonçant sa revendication de la ligne 23 enregistrée auprès de l’ONU. Selon un analyste proche du Hezbollah, sous couvert d’anonymat, « ce revirement a été ressenti comme une provocation par le parti » dirigé par Hassan Nasrallah. Une provocation, parce que les propos du chef de l’État ont été vus comme « une concession faite au détriment des droits du Liban », comme « une acceptation des conditions israéliennes ». Est également montré du doigt le négociateur américain (Amos Hochstein), accusé d’avoir « encouragé le Liban dans ce sens ». « L’affaire est d’abord interne, liée à l’attachement du Hezbollah aux droits du Liban à exploiter ses hydrocarbures », estime Fayçal Abdel Sater, journaliste proche du parti chiite. Il y a aussi cette volonté évidente de « ne pas permettre au voisin israélien d’exploiter ses hydrocarbures, alors que le Liban, lui, n’a toujours pas commencé à forer ». En même temps, le journaliste estime que « les menaces sont claires à l’égard de l’ennemi israélien, liées au drone Hassane et aux nombreuses interrogations qu’il a suscitées ». Ce drone appartenant aux forces spéciales du Hezbollah avait survolé le territoire israélien en février avant de retourner à sa base libanaise sans être inquiété.

Les cartes sont rebattues

Derrière la hausse de ton du Hezbollah se cacheraient immanquablement d’autres facteurs, extérieurs cette fois, liés au « conflit entre la Russie et l’Ukraine », comme le décrit l’analyste proche du parti chiite. « L’État libanais n’a pas été capable de publier un communiqué cohérent sur un conflit qui ne concerne aucunement le Liban. Il a pris position aux côtés des USA contre la Russie. Comment pouvons-nous envisager de faire confiance à cet État qui veut négocier dans le dossier des frontières ? » demande l’analyste. Mais sans aucun doute, pour le parti de Dieu, avec l’agression militaire russe contre l’Ukraine, les cartes sont aujourd’hui rebattues. Dans ce cadre, il est hors de question pour le parti chiite de céder ne serait-ce qu’un mille maritime face au médiateur américain et à « l’ennemi » israélien. « Il serait illogique de brader notre frontière maritime, alors qu’un changement se prépare dans la cartographie internationale », assène-t-il. Une analyse qui expliquerait aussi pourquoi les négociations de Vienne sur le nucléaire iranien piétinent de nouveau, après des espoirs de dénouement.

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C’est dans ce cadre qu’est attendue la réponse de Baabda à Washington. « Une réponse qui ne se fera pas attendre, car des choses doivent être dites, après des concertations nationales », assure-t-on de sources proches du dossier.

Aoun reçoit Grillo à Baabda

Le chef de l’État Michel Aoun s’est entretenu hier avec l’ambassadrice de France au Liban Anne Grillo au sujet du financement de projets humanitaires franco-saoudiens dans le pays. Ces discussions interviennent quelques jours après que Riyad et Paris ont convenu de venir en aide au peuple libanais dans le cadre d’une initiative lancée il y a près de trois mois pour soutenir le pays en plein effondrement et l’aider à rétablir ses relations avec les pays du Golfe.Selon l’Agence nationale d’information, Mme Grillo a informé M. Aoun des détails de l’accord conclu entre le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian et son homologue saoudien Fayçal ben Farhane, lors de leur rencontre à Paris fin février. Lundi, l’Arabie saoudite avait affirmé vouloir financer avec la France des projets dans les domaines médical, éducatif, social et humanitaire au Liban. Une coopération confirmée le lendemain par Paris.

L’ambassadrice s’est par ailleurs concertée avec M. Aoun au sujet du tracé de la frontière maritime avec Israël, un dossier qui avait également été la veille au menu des discussions du président avec l’ambassadrice des États-Unis Dorothy Shea. Les deux responsables ont enfin discuté de la position officielle du Liban concernant l’invasion russe de l’Ukraine et des préparatifs en cours pour les législatives du 15 mai, une échéance dont la communauté internationale exige la tenue dans les délais.

Le dossier du tracé de la frontière maritime commune entre le Liban et Israël est revenu sur le devant de la scène avec l’entretien, mercredi à Baabda, entre l’ambassadrice des États-Unis, Dorothy Shea, et le chef de l’État, Michel Aoun. Sans aucun doute, la réunion qui s’est concrétisée par la remise d’un document écrit au chef de l’État est la preuve que les...

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IL N,Y A QUE DES PAS EN ARRIERE. ET ISRAEL VIDERA LES NAPPES. PEUT-ETRE Y LAISSERA-I-IL QUELQUES CRABES... A NOS CRABES CORROMPUS ET VOLEURS.

LA LIBRE EXPRESSION

11 h 52, le 04 mars 2022

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Commentaires (4)

  • IL N,Y A QUE DES PAS EN ARRIERE. ET ISRAEL VIDERA LES NAPPES. PEUT-ETRE Y LAISSERA-I-IL QUELQUES CRABES... A NOS CRABES CORROMPUS ET VOLEURS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 52, le 04 mars 2022

  • Peut etre la nouvelle reaction du Hezbollah aux negotiations avec Israel n'est que de la poudre au yeux faite en coordination avec Aoun pour affermir la position du Liban vis a vis les Americains. Les negotiations ne se passent pas seulement pendant les sessions de negotiation. C'est ce qui se passe en dehors qui importe le plus. On ne peux pas juste en penser du mal...

    Tina Zaidan

    09 h 56, le 04 mars 2022

  • La delimitation des frontieres maritimes est simplement une carte entre les mains du hezbollah, qui veut l’exploiter au profit de l’Iran, et Aoun qui veut lever les sanctions de corruption sur son gendre. Aucun souci des interets superieurs du Liban ni chez l’un ni chez l’autre.

    Goraieb Nada

    07 h 13, le 04 mars 2022

  • "Le Liban ne renoncera pas à une seule goutte d’eau à laquelle il a droit". Bien sûr, mais à quoi a-t-il droit? Toute la question est là. Quant au Hezbollah, personne ne lui demande son avis.

    Yves Prevost

    07 h 11, le 04 mars 2022

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