Avant que la Russie n’envahisse l’Ukraine le 24 février, le président Joe Biden et son secrétaire d’État Antony Blinken avaient fait savoir clairement au Kremlin que leur pays et l’OTAN n’interviendraient pas militairement en cas d’attaque. Quant aux menaces de sanctions économiques, le président russe Vladimir Poutine a sans doute estimé dans un premier temps qu’elles seraient aussi dures que celles infligées après l’annexion de la Crimée et l’occupation de la région du Donbass, à savoir pas tellement, alors qu’elles s’apparentent aujourd’hui selon lui à une « déclaration de guerre ».
En somme, il faut se demander si les États-Unis et les pays de l’OTAN n’ont pas tendu un piège à Poutine. Peut-être avaient-ils tous intérêt à ce que la Russie attaque l’Ukraine. Car quelle splendide occasion d’affaiblir et d’appauvrir ce pays autoritaire (qui possède l’arsenal nucléaire le plus imposant de la planète), par soldats et civils ukrainiens interposés, qui mourront, non seulement pour leur pays, mais aussi pour l’Occident. En outre, les dons d’armes à l’Ukraine profiteront aux fabricants occidentaux, qui avaient besoin d’une bonne boucherie pour relancer les affaires. Quant aux centaines de milliers de réfugiés ukrainiens, ils seront utiles à bien des pays occidentaux pour maintenir les salaires bas.
Cet affrontement fera aussi souffrir le peuple russe, qui apprendra tôt ou tard et d’une manière ou d’une autre, les chiffres réels sur les coûts économiques et humains de la guerre. L’opposition au régime « poutinien » ira alors crescendo, jusqu’à ce que l’équipe dictatoriale sur la place Rouge soit remplacée. Espérons seulement que le putsch ne profitera pas à une force encore plus réactionnaire, comme cela a failli être le cas en août 1991.
Si les États-Unis et les autres pays de l’OTAN n’avaient pas voulu de cette nouvelle et terrible guerre, ils auraient permis à l’Ukraine d’adhérer à l’Alliance atlantique (ce qu’elle réclame avec insistance depuis des années), ce qui aurait découragé définitivement l’ours russe, au lieu de quoi ils ont ôté le cadenas de la barrière de son enclos.
Montréal-Québec
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