Le chef de l’État Michel Aoun effectuera une visite officielle au Vatican et en Italie du 20 au 23 mars, a annoncé mercredi une dépêche de l’Agence nationale d’information. « Les détails d’une visite très attendue du pape au Liban, en septembre prochain », y seront étudiés, croit-on savoir de source proche de la présidence. « Le président Aoun se rend au Vatican pour réinviter le pape et discuter de la situation au Liban », affirme cette source, « comme pour le remercier pour ses prières et pour tout ce que le Saint-Siège fait pour assurer une ombrelle diplomatique au Liban ».
Michel Aoun, précise-t-on, sera reçu en audience par le pape le lundi 21 mars. Il tiendra par la suite une réunion de travail avec le cardinal Pietro Parolin, numéro deux du Vatican, et le secrétaire aux relations avec les États, l’archevêque Paul Richard Gallagher.
Mardi, le chef de l’État sera reçu par le président italien Sergio Mattarella, qu’il félicitera à l’occasion de sa réélection, le 29 janvier dernier, pour un nouveau mandat de sept ans. Il sera de retour au Liban ce même jour en soirée.
Annonce surprise
L’annonce de la prochaine visite du chef de l’État en Italie a créé la surprise. Sa date a été annoncée simultanément à Beyrouth, en Conseil des ministres, et à Rome, par Farid Élias el-Khazen, ambassadeur du Liban auprès du Saint-Siège, cité par l’agence Fidès. Le diplomate a rappelé que le voyage du président Aoun fait suite au voyage au Liban, début février, de l’archevêque Paul Richard Gallagher. L’attention du Saint-Siège, comme celle du monde entier, a souligné M. Khazen, est actuellement focalisée sur la guerre en Ukraine, mais la sollicitude du pape et du Saint-Siège pour la situation au Liban restera constante, « à tous les niveaux », quels que soient les développements.
Selon des observateurs, la visite au Vatican du chef de l’État constitue un signe positif adressé à la communauté internationale et confirme indirectement l’intention déclarée des autorités de mener à bien les élections législatives prévues le 15 mai, ainsi que la formation d’un nouveau gouvernement, deux conditions garantissant la stabilité politique interne du pays considérée comme indispensable par le Saint-Siège à une éventuelle visite du Saint-Père au Liban.
Déformation de la position du Vatican
Dans le climat préélectoral caractérisé par une accentuation des polémiques et des affrontements entre les factions politiques libanaises, l’ambassadeur du Liban a stigmatisé, depuis la capitale italienne, les tentatives de ceux qui cherchent à manipuler la position du Vatican dans les médias en créditant des positions imaginaires du Saint-Siège en faveur ou contre l’un des partis ou alignements politiques opposés.
Selon des sources diplomatiques occidentales, il s’agissait d’informations de presse selon lesquelles l’archevêque Gallagher avait recommandé lors de son passage au Liban la radiation du Hezbollah de la liste des organisations terroristes établie par les États-Unis et entérinée par leurs alliés européens.
En réalité, rappelle l’ambassadeur du Liban contacté hier par L’Orient-Le Jour, Mgr Gallagher avait simplement affirmé que le Saint-Siège est « prêt à jouer le rôle de facilitateur d’un dialogue entre les partis politiques, si une demande officielle en est faite par toutes les formations concernées ».
L’avenir du Liban
Du reste, Mgr Gallagher s’était inquiété à son passage qu’au vu de la situation dans le pays et la région, « l’avenir du Liban n’est pas assuré », invitant certains pays à « arrêter d’utiliser le Liban et le Moyen-Orient pour servir des intérêts extérieurs ». « Tout affaiblissement de la présence chrétienne détruira l’équilibre interne et l’identité du Liban », avait déploré Mgr Gallagher. Une opinion partagée par le nonce apostolique, Mgr Josef Spiteri, contacté par L’Orient-Le Jour, qui a souhaité qu’au vu de ces menaces, il y ait « un peu plus de collaboration entre les candidats chrétiens ». « Avec le drame de l’Ukraine, tout devient plus difficile, a ajouté le nonce, les aides, l’attention de la communauté internationale, la crise au Moyen-Orient, le dialogue entre les États-Unis et l’Iran, le sort des déplacés syriens... Le président Aoun va certainement aborder toutes ces questions au cours de son tête-à-tête avec le Saint-Père, puis avec le cardinal Parolin et Mgr Gallagher. »
commentaires (8)
Si le Pape, durant la visite et avant que le prez annonce sa "harb el elgha" contre lui, il l'excommunie!! Ne sera plus maronite donc plus président....
Wlek Sanferlou
21 h 20, le 18 mars 2022