Le député et ancien ministre de l’Intérieur, Nouhad Machnouk, a annoncé mardi qu'il ne sera pas en candidat aux législatives du 15 mai, emboîtant le pas à d'autres figures sunnites, notamment le chef du Courant du Futur, Saad Hariri, qui avait annoncé son retrait de la vie politique en janvier dernier. Dans l'annonce de sa décision, M. Machnouk s'en est pris au Hezbollah, estimant qu'un "pays ne peut se redresser en présence d'armes illégales et au vu de l'occupation iranienne de la décision politique et militaire".
"Compromis injustes"
"J'annonce aujourd'hui que je ne serai pas candidat aux prochaines législatives", a affirmé l'ancien ministre dans un communiqué, assurant que "les jeunes ont le droit de saisir une chance". "Nous avions toujours à choisir entre des compromis injustes ou le blocage, qui a des conséquences encore plus injustes sur les gens. Nous avions choisi des compromis de toutes formes", a déploré M. Machnouk. "Nous avions parié sur une certaine libanité dans le projet de l'autre, celui des attentats aux voitures piégées et des drones", a-t-il poursuivi, dans une critique implicite au Hezbollah.
Ces propos font écho à ceux prononcés par l'ancien Premier ministre Saad Hariri, qui avait également regretté avoir "fait des compromis pour éviter une guerre civile", "notamment l’accord de Doha, la visite à Damas, et l’élection de Michel Aoun à la présidence, entre autres", déplorant le fait qu'ils aient été faits "à ses dépens".
L’Arabie saoudite était autrefois le principal allié régional de M. Hariri, avant que leurs relations ne se détériorent au cours des dernières années, Riyad estimant qu’il était trop complaisant envers le Hezbollah pro-iranien. La crispation de ses relations avec le royaume wahhabite a constitué un tournant dans sa carrière politique. Le 4 novembre 2017, Saad Hariri avait annoncé sa démission depuis Riyad, dénonçant l’impact négatif du Hezbollah sur le Liban. Son annonce avait suscité l’indignation au Liban, même chez ses adversaires qui avaient dénoncé une décision dictée par l’Arabie saoudite et accusé Riyad de le retenir en "otage".
La décision de retrait de M. Hariri a eu l'effet d'un séisme sur la scène politique et mis dans l’embarras différents partis et alliés potentiels. Si l'ancien Premier ministre Tammam Salam, connu pour sa proximité avec M. Hariri, avait, lui, annoncé qu'il renonçait à briguer un siège au Parlement, le Premier ministre Nagib Mikati et l'ancien Premier ministre Fouad Siniora avaient affirmé qu'ils n'appelleront pas à un boycott sunnite des législatives. Le frère de Saad Hariri, Baha’, avait pour sa part annoncé que son mouvement Sawa li Lubnan présentera une trentaine de candidats aux législatives, sans toutefois confirmer sa propre candidature.
Machnouk s'en prend au Hezbollah
"Si nous avions osé dire ensemble, à travers un projet politique hautement représentatif, que la démocratie libanaise est confisquée, que les élections sont une opération fictive, depuis le 7 mai 2008 (invasion de Beyrouth et de la Montagne par des éléments armés du Hezbollah, ndlr), en arrivant enfin à la loi électorale contre laquelle j'ai voté au Parlement ... si nous avions osé, nous aurions peut-être été plus honnêtes envers nous-mêmes et les gens", a regretté M. Machnouk.
Le député a estimé, par ailleurs, qu'"un pays ne peut se redresser en présence d'armes illégales et au vu de l'occupation iranienne de la décision politique et militaire". "Le temps de la paix, de la prospérité et des relations libano-arabes saines ne viendra pas à l'époque du 'Hassane'", a-t-il critiqué, dans une référence au drone lancé vendredi dernier par le Hezbollah contre Israël. "C'est là que résidait et que réside toujours le problème, jusqu'à ce qu'on arrive à une entente nationale réelle autour du Liban qu'on veut", a enfin déploré le responsable sunnite.
Le Liban tente de rétablir ses relations diplomatiques avec les pays arabes Golfe suite aux déclarations hostiles de l'ancien ministre de l'Information Georges Cordahi sur le rôle de Riyad dans la guerre au Yémen. Une feuille de route arabe qui s'oppose à l'arsenal du Hezbollah avait été remise par le chef de la diplomatie du Koweït aux autorités libanaises, afin de s'orienter vers un dégel diplomatique. L'étude de la réponse libanaise à ce document est toujours en cours.
commentaires (6)
La décision de machnouk m'a bouleversée . Un parlement sans le pendu, le barbu ou le tondu etc...ne sera jamais un parlement
Hitti arlette
21 h 56, le 23 février 2022