Il n’est un secret pour personne que la réforme du secteur de l’électricité est en tête de liste des démarches prioritaires que les dirigeants doivent se résoudre à lancer. Encore faut-il que les responsables s’affranchissent d’un obstacle pour le moins inattendu, mais qui s’est néanmoins avéré décisif hier pour justifier le report par le Conseil des ministres de l’examen du plan de réforme du secteur présenté par le ministre de l’Énergie et de l’Eau, Walid Fayad : la barrière de la langue. S’étant vus remettre une version du plan uniquement rédigée en anglais, les ministres, réunis hier à Baabda ont en effet décidé de reporter le sujet à une séance ultérieure, « le temps qu’une version soit disponible, selon les normes, en version arabe », selon une source ministérielle contactée par L’Orient-Le Jour. Toutefois, les grandes lignes du plan ont tout de même été évoquées durant la réunion d’hier, selon plusieurs ministres. Condition sine qua non pour pouvoir éventuellement obtenir plusieurs financements-clés dans ce secteur auprès de la Banque mondiale, l’adoption de ce plan est supposée prévoir une révision à la hausse des tarifs d’Électricité du Liban. Ces derniers sont figés depuis les années 1990 à un niveau bien inférieur à leur coût réel, contraignant l’établissement public à compter sur les avances du Trésor afin de pouvoir financer son fonctionnement et ses achats de carburant, ce qui contribue à creuser encore plus un endettement public déjà abyssal.
Dans un entretien accordé le 13 février à la chaîne al-Manar, le ministre Fayad avait indiqué que « si tout le monde s’engageait à appliquer ce plan », en s’éloignant des problèmes politiques, il permettrait au Liban de se doter de « 24 heures d’électricité par jour d’ici à 2025-2026 ». À ce niveau, il a précisé qu’en fonction de ce plan, EDL devrait assurer 8 à 10 heures par jour de courant à partir du printemps et entre 16 à 18 heures par jour d’électricité en 2023.
Prêt de la Banque mondiale
N’étant plus capable de payer le carburant de ses centrales sans ponctionner sèchement ses réserves de devises, le Liban a recours depuis l’été 2021 a des accords bilatéraux et multipartites pour en sécuriser une partie. Si l’accord avec l’Irak lui permet depuis août 2021 d’en acquérir via un système de « swap » en échange de services, l’initiative américaine annoncée courant août et consistant en deux volets – acheminement de courant électrique depuis la Jordanie et importation de gaz depuis l’Égypte – tarde encore à porter ses fruits, le financement de ces importations demeurant encore à l’heure actuelle l’un des plus grands obstacles à sa mise en œuvre.
Il y a près de trois semaines, le directeur régional de la BM, Saroj Kumar Jha, avait précisé à notre publication jumelle L’Orient Today que l’organisation étudiait les demandes soumises par le gouvernement libanais pour financer à la fois le contrat d’électricité jordanien et le contrat de gaz égyptien, à condition que le gouvernement adopte d’abord un plan de réforme du secteur de l’électricité. Le montant exact de l’enveloppe sollicitée n’avait pas encore été déterminé, alors que la demande initiale du gouvernement était de 250 millions de dollars, avait indiqué M. Jha à l’époque.
Outre les contacts menés entre les autorités libanaises, syriennes, jordaniennes et égyptiennes, l’aboutissement de ces négociations dépendent aussi du fait que les États-Unis acceptent de faire exception aux sanctions imposées à la Syrie dans le cadre de la loi César, visant les personnes et entités collaborant avec le régime de Bachar el-Assad. Une dérogation indispensable et qui dépend du feu vert de la BM.
Concernant l’électricité jordanienne, le Liban, la Jordanie et la Syrie ont signé le contrat d’importation du courant le 26 janvier. Au cours de la conférence de presse tenue suite à cet événement, le ministre Walid Fayad avait annoncé pouvoir « assurer 250 MW de courant en coopération avec la Jordanie et avec le soutien de la Syrie », une capacité qui devrait être disponible d’ici à fin mars. « Il reste encore à finaliser la question du financement de la part de la Banque mondiale et nous allons œuvrer pour cela rapidement afin que l’accord entre en exécution », avait-il promis.
Le volet égyptien
De son côté, le volet égyptien, toujours pas conclu, semble bien avancer. En marge de la conférence « Egyps » qui se déroule au Caire, le ministre égyptien du Pétrole, Tarek el-Molla, a précisé lundi que les négociations avec la BM, les États-Unis et le Liban « se déroulent bien ». « Nous nous sommes mis d’accord sur les questions techniques et financières, et les travaux d’entretien (du gazoduc) sont censés s’achever fin février », a-t-il encore ajouté. En plus de cela, il a indiqué qu’il ne reste que certaines « procédures » sur lesquelles les parties devront se mettre d’accord.
Fin décembre 2021, Walid Fayad avait donné le coup d’envoi des travaux de réparation du gazoduc reliant l’Égypte au Liban pour le rendre opérationnel. Présent sur les lieux, Hicham Radwane, PDG de la société égyptienne TGS (Technical Company for Gas Pipeline Operation Services) choisie par les autorités concernées pour s’occuper de ce projet, avait précisé que cette opération devrait être finalisée dans un délai qui ne devrait pas dépasser « mars prochain ». Un délai qui semble pour l’instant respecté.
Une fois tous les détails finalisés, cet accord organisera l’importation de 650 millions de mètres cube par an de gaz égyptien par le Liban, soit de quoi fournir les 450 mégawatts (MW) à la centrale de Deir Ammar (Nord), qui pourrait donc fonctionner à plein régime toute l’année. Bien que le Liban dispose aussi d’une seconde centrale fonctionnant au gaz à Zahrani (Sud), celle-ci ne pourra pas toutefois être approvisionnée à court terme en gaz égyptien, vu le manque d’infrastructures nécessaires.
Gaz israélien
Si l’aboutissement de l’accord pour l’importation de gaz égyptien est impatiemment attendu par les Libanais, compte tenu de l’augmentation des heures d’approvisionnement en courant qu’il permettrait, il est déjà sujet à controverse. Depuis plusieurs semaines il faisait déjà polémique, au vu des rumeurs qui circulaient concernant la possibilité que le Liban importe du gaz israélien à travers son accord avec l’Égypte. Celles-ci avaient ensuite été reprises par la chaîne d’information israélienne Channel 12, qui avait rapporté le 15 janvier qu’un accord pour la fourniture de gaz israélien au Liban avait été négocié par Amos Hochstein, l’envoyé spécial de Washington et coordinateur des affaires énergétiques internationales, et signé en secret. Ces informations avaient été démenties dans la foulée par le ministre Walid Fayad et le département d’État américain.
Toutefois, ce sujet est de nouveau revenu sur le devant de la scène suite aux déclarations de la ministre israélienne des Infrastructures nationales, de l’Énergie et de l’Eau, Karine Elharrar, présente elle aussi à la conférence Egyps. Selon l’agence Reuters, cette dernière a ainsi déclaré il y a deux jours qu’il n’y aurait pas de problème si le gaz naturel israélien, déjà exporté vers l’Égypte, parvenait finalement au Liban.
Selon des propos rapportés par cette agence, elle a aussi indiqué que « personne ne peut aller inspecter les molécules et vérifier si elles proviennent d’Israël ou d’Égypte », en ajoutant que si les exportations israéliennes de gaz atteignent le Liban et qu’elles « apportent le calme dans la région, je ne peux pas m’y opposer ».
Inno ye3neh on savait pas qu'une version non en langue arabe était illégale. C'est tellement médiocre que çane peut pas être un accident. Et puis, Mr Hoshtein, wein 3ayish pour proposer du gaz israélien? Bil maarikh? La' bi Ameirka. eh c'est pareil.
19 h 32, le 16 février 2022