Lors d’une réunion consacrée à l’adoption du projet de budget 2022, sous la présidence du chef de l’État Michel Aoun, le Conseil des ministres a approuvé, en dehors de l’ordre du jour, des nominations notamment au sein du Conseil militaire. Une démarche qui a suscité la colère des ministres du tandem chiite Amal-Hezbollah, sans pour autant remettre en danger le cabinet Mikati qui vient de sortir d’une crise l’ayant bloqué pendant trois mois, entre octobre et décembre derniers.
Selon un communiqué publié par le bureau de presse de la présidence, le général Pierre Saab succédera à son collègue à la retraite Élias Chamieh au siège grec-catholique du Conseil militaire, formé de six officiers répartis à égalité entre les grandes communautés du pays (un sunnite, un chiite, un druze, un maronite, un grec-orthodoxe et un grec-catholique). Le gouvernement a en outre nommé le nouveau secrétaire général du Conseil supérieur de la défense, membre sunnite du Conseil militaire. Il s’agit du général Mohammad Moustapha (sunnite) qui succédera au général Mahmoud Asmar qui devrait prendre sa retraite prochainement. Le cabinet a également nommé Ziad Nasr commissaire du gouvernement près le Conseil du développement et de la reconstruction.Ces nominations sont intervenues à la fin de la dernière séance consacrée à l’examen du projet de budget de l’année en cours, et en dehors de l’ordre du jour, ce qui a suscité la colère des ministres chiites affiliés au tandem Amal-Hezbollah. Une source ministérielle proche du duo chiite a décrit à L’Orient-Le Jour la scène : « C’est le président de la République qui, en dehors de l’ordre du jour de la séance, a demandé au ministre de la Défense, Maurice Slim, de mettre sur la table les noms des candidats aux deux sièges vacants au sein du Conseil militaire en vue de leur nomination. Le Premier ministre, Nagib Mikati, a alors demandé que la question soit reportée à une séance ultérieure. Une proposition que le chef de l’État a refusée », raconte la source ministérielle, affirmant que « ces nominations ont été approuvées dans un climat de chaos et sans le moindre vote ». Du côté de Baabda, on présente une autre version des faits. « Les nominations au Conseil militaire sont passées dans un cadre normal. Seuls les ministres chiites y ont formulé des réserves », déclare une source proche de la présidence à L’OLJ.
Pas de boycottage...
« Nous n’avons pas été informés de ces candidatures avant la séance gouvernementale », déplore un ministre chiite qui a requis l’anonymat. « Nous avons accepté de prendre part au Conseil des ministres pour étudier le projet de budget 2022 et le plan de redressement économique exclusivement », souligne-t-il. Le ministre rappelait le communiqué conjoint publié le 15 janvier dernier par le tandem Amal-Hezbollah. Les deux partis y avaient alors annoncé leur décision de revenir en Conseil des ministres après trois mois de blocage sur fond de divergences autour de l’enquête sur la double explosion au port de Beyrouth. Dans leur communiqué, les deux alliés avaient clairement indiqué que leurs ministres ne participeront qu’aux séances consacrées au budget et aux questions sociales et économiques urgentes.
De source informée, on apprend que le ministre des Finances, Youssef Khalil (proche du président de la Chambre Nabih Berry), ne signera pas le décret relatif à ces nominations. Une démarche qui risque de bloquer le processus, le contreseing de M. Khalil étant requis pour toute décision qui engendrerait des dépenses. Cette décision, prise à l’issue d’une réunion que les ministres chiites ont tenue à la suite de la réunion du gouvernement, intervient dans le cadre du bras de fer opposant Michel Aoun à son principal adversaire politique Nabih Berry, dont le camp s’était opposé à toute nomination avant les législatives. « Nous ne voulons pas plonger dans ces explications. Nous ne boycotterons pas le Conseil des ministres dans la prochaine phase, à condition que ce qui s’est passé aujourd’hui (hier) ne se répète pas à l’avenir », se contente de prévenir le ministre chiite précité.
commentaires (9)
Il est bel et bien l'homme de Berri.
Esber
14 h 58, le 11 février 2022