Mgr Paul Richard Gallagher, secrétaire pour les relations avec les États, à sa sortie du palais présidentiel. Photo Vatican news
Le Saint-Siège étudie la possibilité d’une visite du pape François au Liban d’ici à la fin de l’année, rapporte l’agence Vatican News citant Paul Richard Gallagher, secrétaire pour les relations avec les États.
S’exprimant au cours d’une réunion de diplomates auxquels il a rendu compte de son voyage au Liban (31 janvier-4 février), Mgr Gallagher a affirmé que le pape envisage de se rendre au Liban « entre les élections législatives et la fin de l’année ».
L’archevêque a toutefois indiqué qu’un voyage du souverain pontife aurait lieu si certaines « conditions » étaient remplies, fait savoir le journal français La Croix. Interrogé par certains diplomates sur ce point précis, il a notamment évoqué la nécessité du « succès des élections », c’est-à-dire de la formation effective d’un gouvernement, dans les semaines suivant le scrutin. Les élections législatives sont prévues le 15 mai, rappelle-t-on.
Interrogé par L’Orient-Le Jour, le nonce apostolique au Liban, Mgr Josef Spiteri, a déclaré qu’il « ne pouvait ni confirmer ni infirmer l’annonce » faite à Rome. « Je ne peux rien dire, parce que je n’ai rien d’officiel encore », a-t-il précisé, avant de rappeler que Mgr Gallagher l’avait « laissé entendre à demi-mot » lors de son récent séjour.
L’ambassadeur du Liban auprès du Saint-Siège, Farid el-Khazen, qui se trouve au Liban n’était pas joignable hier.
« La convocation de tous les ambassadeurs accrédités près le Saint-Siège est une pratique relativement rare, réservée aux sujets dont la diplomatie vaticane estime qu’ils recouvrent une importance particulière », a commenté le journal La Croix. Autre signe de l’importance accordée au sujet libanais : le soin pris par le Vatican pour communiquer sur ce voyage. Sur son compte Twitter, la secrétairerie d’État avait, dès le premier jour du voyage, publié le programme de Mgr Gallagher. Une pratique exceptionnelle, ajoute le quotidien.
Une « excellente visite »
La visite au Liban, a affirmé l’archevêque devant un aréopage de quelque 80 diplomates, a été une expérience très « intéressante en raison de l’intensité des rencontres », et « excellente du point de vue politico-diplomatique ». Et de préciser qu’il a pu « toucher les réalités » du pays, et voir comment « tout le monde voulait avoir des contacts avec le Saint-Siège et la secrétairerie d’État ».
Mgr Gallagher, rapporte la presse, a également constaté à quel point « un vrai consensus sur les problèmes et les solutions » est nécessaire, là où chacun défend sa propre perspective. Le chef de la diplomatie vaticane a insisté sur l’importance d’inclure tous les acteurs politiques dans les discussions pour reconstruire le pays, « y compris le Hezbollah ».
À l’issue de l’audience que lui avait accordée le chef de l’État, le 2 février, l’archevêque avait affirmé que le Saint-Siège est prêt à participer activement, et probablement même à accueillir, un dialogue national entre les parties libanaises, « si toutes les parties en font la demande ».
« C’est exactement ce qu’avait affirmé à son passage récent au Liban le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres », a rappelé de son côté le nonce apostolique.
« Le point-clé de la politique libanaise reste l’application des accords de Taëf (1989) et la question du “confessionnalisme” , un des piliers de ces accords », a précisé Vatican News, sous la plume de Francesca Sabatinelli. Paul Richard Gallagher s’attarde également sur les propositions avancées par certaines personnalités libanaises, parmi lesquelles le cardinal Béchara Raï, pour arriver à une « neutralité » du Liban. « Il semble que ce soit un élément essentiel pour l’avenir du pays » , souligne Mgr Gallagher, pour lequel cependant il sera « difficile de parler de neutralité dans la région. »
Les critiques des jeunes
De la part des jeunes, a fait remarquer Mgr Gallagher, les critiques n’ont pas manqué, notamment à l’égard de l’Église au Liban, considérée comme « riche au milieu de tant de jeunes pauvres » . Ce point a été abordé lors de sa réunion avec les évêques maronites. « Il nous a dit qu’elle devait être plus active dans la réduction du fossé entre les riches et les pauvres », témoigne un diplomate présent hier dans la salle, cité par La Croix. Les témoignages recueillis lors de sa visite, a-t-il expliqué, s’accordent en outre à dire que de très nombreux jeunes quittent le pays pour des raisons économiques, y compris « les jeunes chrétiens maronites ».
Enfin, les problèmes budgétaires pourraient affecter le vote de la diaspora libanaise, a averti le prélat, estimant qu’elle doit être considérée comme une partie active du pays, constituant un soutien économique important pour les familles restées au Liban.
Pourquoi j’ai le sentiment que c’est un Pape laïc ?
19 h 41, le 11 février 2022